はじめによんでください

ニコライ・フョードロフ

Nikolaï Fiodorov, 1829-1903


池田光穂

☆ニ コライ・フョードロヴィチ・フョードロフ(ロシア語: Николай Фёдорович Фёдоров, ISO 9: 1829年5月26日(グレゴリオ暦6月7日)にクリウチ(ロシア帝国タンボフ州)に生まれ、1903年12月15日(グレゴリオ暦12月28日)にモス クワで死去したロシア正教の哲学者で、ロシア宇宙論運動の先駆者である。彼は、科学的手段による延命、肉体的不死、死者の復活の可能性を信じていた。

Nikolaï Fiodorovitch Fiodorov (en russe : Николай Фёдорович Фёдоров, ISO 9 : Nikolaj Fëdorovič Fёdorov), né le 26 mai 1829 (7 juin dans le calendrier grégorien) à Klioutchi (Gouvernement de Tambov, Empire russe) et mort le 15 décembre 1903 (28 décembre dans le calendrier grégorien) à Moscou, est un philosophe russe orthodoxe, précurseur du mouvement cosmiste russe, ayant exercé comme géographe et bibliothécaire. Il croyait en la possibilité du prolongement de la vie, en celle de l'immortalité physique et de la résurrection des morts par des moyens scientifiques.
ニ コライ・フョードロヴィチ・フョードロフ(ロシア語: Николай Фёдорович Фёдоров, ISO 9: 1829年5月26日(グレゴリオ暦6月7日)にクリウチ(ロシア帝国タンボフ州)に生まれ、1903年12月15日(グレゴリオ暦12月28日)にモス クワで死去したロシア正教の哲学者で、ロシア宇宙論運動の先駆者である。彼は、科学的手段による延命、肉体的不死、死者の復活の可能性を信じていた。
Biographie
Nikolaï Fiodorov est le fils illégitime de Pavel Ivanovich Gagarine, un prince (knèze) de la dynastie riourikide et d'Elisaveta Ivanova, qui appartenait à la petite noblesse. Son véritable nom patronymique est donc Gagarine (ce qui est parfois vu comme un clin d'œil de l'histoire), Fiodorov étant le nom de son parrain.

C'est au lycée Richelieu d'Odessa qu'il fait ses études. À partir de 1854, il enseigne l'histoire et la géographie dans des établissements scolaires de différents villages ou petites villes de Russie. En novembre 1874, il intègre la bibliothèque du musée Roumiantsev de Moscou dont il devient responsable. Il bénéficie durant cette période d'une grande audience au sein de l'intelligentsia scientifique, philosophique, artistique et littéraire de Moscou, et est admiré de Soloviev, Dostoïevski et Tolstoï.

Fiodorov était opposé à l'idée de propriété intellectuelle et n'a jamais publié à son nom de son vivant, laissant sa pensée se diffuser de façon fragmentaire, principalement au travers de manuscrits, ou oralement. Bien qu'il ait été en relation avec Tolstoï, Soloviev, Dostoïevski et Tsiolkovski (son héritier sur le plan philosophique), son nom et ses idées sont restés inconnus d'une large frange de l'intelligentsia, et il est demeuré jusqu'à la fin de sa vie dans une solitude spirituelle quasi compète. Ce n'est qu'à partir de l'année 1901 que sa pensée a commencé à faire l'objet de discussions approfondies en Russie.

Ayant volontairement renoncé à toute carrière universitaire ou journalistique, ainsi qu'à toute augmentation de salaire, Fiodorov a toujours vécu pauvrement et d'une façon ascétique. À la fin de sa vie, sa pension étant trop faible pour lui assurer sa subsistance, on lui trouva un emploi aux Archives du ministère des Affaires étrangères de Moscou. Il meurt en décembre 1903, pendant les dures gelées de l'hiver moscovite, dans un hôpital pour indigents, probablement d'une pneumonie.


略歴
ニコライ・フョードロフは、ルリキド王朝の王子(クネーズ)であったパーヴェル・イヴァノヴィチ・ガーガーリンと、下級貴族であったエリザヴェータ・イ ヴァノヴァとの間に生まれた非嫡出子である。したがって、彼の本当の姓はガガーリンであり(これは歴史にちなんだものと見られることもある)、フョードロ フは彼の名付け親の名前である。

オデッサのリセ・リシュリューで学ぶ。1854年以降、ロシアのさまざまな村や小さな町の学校で歴史と地理を教えた。1874年11月、モスクワのルミャ ンツェフ博物館の図書館に入り、そこで責任者となる。この時期、フョードロフはモスクワの科学、哲学、芸術、文学の知識人に広く支持され、ソロヴィエフ、 ドストエフスキー、トルストイからも賞賛された。

フョードロフは知的財産の概念に反対し、生前は自分の名前で出版することはなく、主に写本や口頭で断片的に彼の思想が広まるのを許した。トルストイ、ソロ ヴィエフ、ドストエフスキー、ツィオルコフスキー(彼の哲学的後継者)らと交流はあったが、彼の名前と思想は知識人の大部分には知られないままであった。 彼の思想がロシアで深く論じられるようになったのは、1901年のことである。

フョードロフは、学問やジャーナリストとしてのキャリアを自ら放棄し、給料を上げることもせず、常に貧しく禁欲的な生活を送っていた。晩年、年金が低すぎ て生活が苦しくなったとき、モスクワの外務省文書館で働くことを勧められた。1903年12月、モスクワの冬の厳しい霜の中、おそらく肺炎のため、貧困者 のための病院で亡くなった。

Philosophie
La philosophie de Fiodorov occupe une place à part dans l’histoire de la philosophie russe. Bien qu’elle s’inscrive dans une certaine tradition philosophique et religieuse associée au christianisme orthodoxe, elle ne développe pas tant une conception du monde qu’un programme d’action à l’échelle cosmique, en vue d’une véritable délivrance de l’humanité. L’homme, selon Fiodorov, doit pouvoir vaincre les forces de la nature et dépasser sa qualité de mortel, à laquelle il a été réduit par le péché et la discorde.


哲学
フョードロフの哲学は、ロシア哲学史上、特別な位置を占めている。フョードロフの哲学は、正統派キリスト教に関連する哲学的・宗教的伝統の一部ではある が、世界観というよりも、人類の真の救済を視野に入れた宇宙規模の行動計画を展開している。フョードロフによれば、人間は自然の力に打ち勝ち、罪と不和に よって堕落した死すべき本性から立ち上がることができなければならない。

L’« œuvre commune »

Toute la philosophie de Fiodorov s’appuie sur la notion de l’« œuvre commune », ou du « grand œuvre », qui n’est rien moins que la lutte collective des hommes contre la mort, le plus grand des maux selon lui1. La réussite d’une telle entreprise passe nécessairement par la domination de la nature. Après avoir appris à gouverner la nature, l’humanité pourra alors dominer la mort. C’est par la connaissance et l’action que l’homme peut transformer les forces encore aveugles de la nature, qui lui sont le plus souvent hostiles, en pouvoirs au service de l’œuvre commune. Celle-ci ne peut se limiter à la simple prolongation de longévité des personnes vivantes : elle doit avoir pour ambition ultime l’immortalité et la résurrection de tous les géniteurs de l’humanité par le développement technologique2. Les vivants ont en effet une dette à l’égard de leurs ancêtres et les générations successives doivent être solidaires des précédentes.

À travers l’impératif de l’œuvre commune, Fiodorov prône une solidarité humaine véritablement universelle, à l’opposé de l’individualisme existant dans les sociétés modernes. Il qualifie de « zoomorphe » l’ordre social naturel qui résulte de l’individualisme2, car il est assujetti à l’ordre conflictuel de la nature, fondé sur l’égoïsme. C’est par suite de cet individualisme que les forces des hommes, étant fractionnées, deviennent impuissantes à résoudre le problème de la mort. L’anti-individualisme de Fiodorov repose sur cette conviction anthropologique et eschatologique, et non sur une théorie sociale. Il rattache d’ailleurs sa conception de l’œuvre commune non pas à une quelconque forme de socialisme utopique, mais à la religion chrétienne et, plus spécifiquement, à l’orthodoxie chrétienne. D’après lui, le christianisme orthodoxe accorde une importance toute particulière aux idées de résurrection (la fête de Pâques) et de vie éternelle2.

Le programme technologique de l’œuvre commune consiste en une série de projets toujours plus ambitieux au fur et à mesure de l’avancée technique2. Fiodorov parle de diriger les processus météorologiques en vue d’assurer de bonnes récoltes, d’utiliser l’énergie solaire au lieu de l’énergie du carbone, de capter l’énergie électromagnétique du globe terrestre, ce qui rendrait possible le contrôle des mouvements de la Terre dans l’espace pour en faire une sorte de grand vaisseau voyageant à travers l’univers. Il entrevoit également la possibilité de coloniser d’autres planètes et corps célestes. Mais le but suprême vers lequel doit être dirigée la technologie humaine est la résurrection de nos ancêtres par le rassemblement de tous leurs atomes : « assemblez une machine – déclare Fiodorov en ce sens – et la conscience lui reviendra. »

Le projet de résurrection universelle de l’humanité s’inscrit dans une perspective à très long terme (plusieurs milliers d’années au moins) et s’appuie lui-même sur un projet technoscientifique extrêmement ambitieux consistant à restaurer la vie dans son unité originelle (apocatastase) 3, ce qui doit revenir à rétablir, par l’action collective, l’unité individuelle des corps humains en état de dispersion. Pour Fiodorov, la décomposition du corps et la dispersion complète de ses parcelles ne peuvent présenter d’obstacle insurmontable à sa reconstitution, car les parcelles du corps ne peuvent sortir des limites de l’espace. Même d’un point de vue strictement matérialiste, il est selon Fiodorov impossible de prouver que la tâche de résurrection des ancêtres soit impossible, et l’on ne peut par conséquent la décliner2.


共通の仕事

フョードロフの哲学全体は、「共通の仕事」あるいは「偉大な仕事」という概念に基づいている。それは、彼の考えでは、最大の悪である死に対する人類の集団 的闘争にほかならない1。このような事業の成功は、必然的に自然の支配にかかっている。人類が自然を支配することを学べば、死を支配することができるよう になる。人間は知識と行動によって、自分に敵対することのほうが多い、まだ盲目的な自然の力を、共通の努力に奉仕する力に変えることができる。究極の目的 は、不死であり、技術開発によって人類のすべての祖先が復活することでなければならない2。生きている者は先祖に借りがあり、後継世代は先祖と連帯しなけ ればならない。

フョードロフは、共に働くという命令を通じて、現代社会に存在する個人主義とは正反対の、真に普遍的な人間の連帯を提唱している。フョードロフは、個人主 義2がもたらす自然な社会秩序を「ズーモルフィック」(zoomorphic)と表現している。この個人主義の結果、人間の力は分断され、死の問題を解決 する力を失ってしまうのである。フョードロフの反個人主義は、この人間学的、終末論的確信に基づいており、社会理論に基づいているわけではない。さらに彼 は、共通の仕事という概念を、ユートピア的な社会主義ではなく、キリスト教に、より具体的にはキリスト教の正統主義に結びつけた。彼によれば、正教は復活 (イースター)と永遠の命という考え方を特に重要視している2。

共同プロジェクトの技術プログラムは、技術の進歩とともにますます野心的になっていく一連のプロジェクトで構成されていた2。フョードロフは、豊作を保証 するために気象学的プロセスを制御すること、炭素エネルギーの代わりに太陽エネルギーを利用すること、地球の電磁エネルギーを利用すること、宇宙空間で地 球の動きを制御することを可能にし、地球を宇宙を旅する一種の大きな船に変えることなどを話した。彼はまた、他の惑星や天体を植民地化する可能性も想定し ていた。フィオドロフは「機械を組み立てれば、意識はそこに戻る」と宣言している。

人類の普遍的な復活のためのプロジェクトは、非常に長期的な展望(少なくとも数千年)の一部であり、それ自体、生命を元の統一体に戻す(アポカタスタシ ス)3という極めて野心的な技術科学的プロジェクトに基づいている。フョードロフにとって、肉体の分解とその部分の完全な分散は、肉体の再構成にとって乗 り越えがたい障害にはなりえない。フョードロフによれば、厳密な唯物論的見地からでさえ、祖先の復活が不可能であることを証明することは不可能であり、そ れゆえ断念することはできない2。

La doctrine « projectiviste »
Fiodorov défend une conception philosophique qu'il qualifie lui-même de « projectivisme » et qui s’appuie sur la notion de projet. Il condamne la pensée théorique pure telle qu'elle peut se présenter dans les traités de philosophie ou de théologie et proclame la nécessité de se mettre à la pratique, en agissant utilement. L'évaluation de l'utilité de l'action dépend de son niveau de contribution à la réalisation ultime de l'humanité que constitue sa victoire sur la mort.

Connaissance et action
La pensée de Fiodorov se présente comme une alternative à l'opposition traditionnelle entre idéalisme et matérialisme, ou encore entre « subjectivisme » et « objectivisme ». Elle part du principe que « l'idée n'est pas subjective, et n'est pas non plus objective, elle est projective »4. Alors que le philosophe (idéaliste) et le savant (matérialiste) sont tous deux absorbés par l'étude de l'être, qu'ils isolent du devoir être dans la notion de « représentation », Fiodorov établit leur identité dans la notion de « projection » (projet de réalisation)2. Il établit également l'identité de la pensée et de l'être dans le devoir-être. En effet, lorsque « la pensée et l'être ne sont pas identiques » dans la réalité, c'est que « la pensée n'est pas réalisée, mais qu'elle doit être réalisée »5. C'est donc qu'il faut y travailler en commun et ne pas se contenter de la pensée contemplative.

Fiodorov est ainsi convaincu que si nous possédons une connaissance, nous devons pouvoir réaliser en action le contenu de cette connaissance, qui est un « projet », autrement dit, une réalité en attente, un être à venir. C'est pourquoi il est persuadé qu'à la suite du développement des savoirs concernant les planètes, les étoiles et l'univers tout entier, l'homme devra « non seulement visiter mais peupler tous les mondes de l'univers »5. Par ailleurs, la connaissance par l’homme de la nature doit le conduire à en dompter les forces, et à faire de lui le maître de la nature. Mais les forces naturelles ainsi domptées doivent être dirigées vers le but moral suprême que constitue l’immortalité et la résurrection de tous nos ancêtres2.

Le projectivisme de Fiodorov ne semble pas avoir d'implications sur l'organisation pratique de la société, à part d'exclure les modes d'organisation sociale incompatibles avec l' « œuvre commune », qu'il envisage comme la tâche essentielle de l'humanité. C’est principalement pour cette raison d’incompatibilité que le capitalisme, mais aussi le socialisme et le nationalisme (y compris slavophile), y sont critiqués, même si Fiodorov prête un rôle important à l’État russe dans la réalisation de l’œuvre commune3.

Justification théologique

Dante et Béatrice au paradis, de Gustave Doré, où le paradis apparaît comme l'émanation d'une lumière divine par laquelle tous les corps sont transfigurés.

Fiodorov voit dans le péché originel le mauvais fruit de « l'arbre de la connaissance » – celui du savoir purement théorique ou spéculatif – mais il y voit aussi la cause principale de la division du monde1. Celle-ci opère aux différents niveaux de l’existence (théologique, cosmologique et social) avec :

1. la séparation entre Dieu et l’homme, source de perdition pour ce dernier

2. la séparation entre la nature et l’homme, cause de l’action agressive de la nature sur l’homme

3. la division entre tous les hommes, à l’origine des innombrables conflits au sein de l’humanité, mais aussi la raison de l’impuissance de l’homme à dominer la nature

Avant sa Chute, l'homme avait été créé immortel, mais son péché originel l'a séparé de Dieu et abaissé à sa condition actuelle d'être mortel et limité. Ce péché a été racheté par le Christ, dont toute la vie est action et qui est mort sur « l'arbre de la croix » (associé chez Fiodorov à l’arbre de la connaissance théorique), mais les conséquences de ce péché ne seront véritablement annulées que si l'humanité travaille ensemble à l’œuvre commune. Fiodorov considère l'Évangile dans cette perspective comme un véritable programme d'action, prescrivant à toute l'humanité de se réunir en vue de renverser le cours de la nature elle-même, et réussir le prodige de vaincre la mort, qui continue d'être la régulation fondamentale de la nature. Dieu a introduit à cette fin au sein même du monde physique une force transcendante que l'humanité seule peut mobiliser. La promesse évangélique de la résurrection devient ainsi une possibilité physique effective, à condition toutefois que l'humanité s'unisse dans cette tâche1.

La venue du Christ est interprétée en ce sens d'une façon originale par Fiodorov. Elle est pour lui l'incarnation de Dieu lui-même dans la forme humaine. D’après la doctrine chrétienne, Dieu peut, en vertu de sa perfection, changer toutes les lois naturelles, comme le prouvent ses miracles et plus encore sa propre mort et résurrection. Mais selon Fiodorov, l’action miraculeuse n'est pas toujours directe, et c'est alors par l'entremise de l'homme qu'elle se réalise. Dieu a en effet mis à disposition des hommes l'énergie fabuleuse de sa toute-puissance, présente dans la nature. Mais il a fallu la venue du Christ pour que les hommes puissent le comprendre et s'unir tous ensemble en vue de surmonter la fatalité apparente de la mort. En rachetant leur péché, le Christ a également suspendu l'effet du fatum divin – celui de l'Apocalypse, entendue comme la mort définitive ou la damnation éternelle des pécheurs après le Jugement dernier1. Il reste toutefois difficile de savoir si, chez Fiodorov, ce rachat consiste dans la révélation même de la possibilité de l’œuvre commune, ou dans un acte de transfiguration de la nature humaine.

Anti-fatalisme
Fiodorov critique vivement la résignation et la passivité des hommes devant le mal ou la mort6. Il considère tout amor fati (acceptation heureuse du sort) comme « le comble de l'immoralité » et il lui oppose l' odium fati, « haine ardente et totale du sort »7. Pour lui, de même que « la loi naturelle de la lutte ne peut prétendre à l'existence éternelle », l'attitude de l'homme devant l'état de nature et la mort ne doit pas être celle d'une résignation servile, mais celle d'une détermination continue à défendre ou rétablir la vie. Cette action au long cours au service de la vie implique de croire en la puissance illimitée de la connaissance scientifique, en son pouvoir de transfiguration du monde jusqu'à en exclure la mort. En ce sens, Fiodorov partage la foi du siècle des Lumières dans la connaissance et sa capacité à transformer le monde, mais cette conviction prend chez lui une forme extrême et utopique6.

C'est cette foi dans le pouvoir illimité de l'esprit humain qui conduit Fiodorov à proposer une interprétation inédite du thème de l'Apocalypse, résumée ainsi par Nicolas Berdiaev :

« L'Apocalypse doit s'entendre comme fatum divin, et la liberté humaine n'y joue aucun rôle. Cette compréhension de l'Apocalypse est singulièrement renouvelée chez Fedorov. Pour lui, la venue de l'Antéchrist, la fin du monde, le Jugement dernier, ne doivent être entendus que comme des menaces. Il n'y a là rien de fatal. Si les êtres s'unissent pour la ‘‘cause commune’’ de la résurrection, de la réalisation de la vérité chrétienne de l'existence, si, rassemblés fraternellement, ils combattent contre les courants troubles, irrationnels, morbides, des forces naturelles, alors il n'y aura ni Antéchrist, ni fin du monde, ni Jugement dernier et l'humanité parviendra immédiatement à la vie éternelle. »8.
Par cette possibilité donnée à l’humanité d’une vie éternelle, l’Apocalypse cesse d’être une fatalité pour devenir une simple menace, parfaitement compatible avec la doctrine projectiviste et son anti-fatalisme. D'après Alexandre Papadopoulo, l’anti-fatalisme eschatologique de Fiodorov doit néanmoins être nuancé : si l'humanité peut désormais échapper à l'Apocalypse et réaliser sa propre résurrection, ce n'est pas grâce à la force des hommes seuls, mais grâce au rachat par le Christ de leur péché originel qui les avait rendus jusque-là mortels et impuissants. Le Christ a en effet racheté l’homme en lui accordant « la possibilité et la capacité de devenir l'arme du plan divin »9


射影主義」の教義
フィヨドロフは、彼自身が「プロジェクト主義」と表現した、プロジェクトの概念に基づく哲学的概念を擁護した。哲学書や神学書に見られるような純粋に理論 的な思考を非難し、有益な行動を起こすことによって物事を実践する必要性を説いた。行動の有用性の評価は、死に対する勝利という人類の究極の成果に対する 貢献の度合いによって決まる。

知識と行動
フョードロフの思想は、観念論と唯物論、あるいは「主観主義」と「客観主義」という伝統的な対立に代わるものとして提示されている。それは、「イデアは主 観的でも客観的でもなく、射影的である」という原則から出発している4。哲学者(観念論者)と科学者(唯物論者)がともに存在の研究に没頭し、「表象」と いう概念において存在の必要性から切り離されているのに対し、フョードロフは「投影」(実現のプロジェクト)という概念において両者の同一性を確立してい る2。彼はまた、思考と存在の同一性をought-beingの中に確立している。実際、現実において「思考と存在が同一でない」とき、それは「思考が実 現されるのではなく、実現されなければならない」からである5。だから私たちは、観照的な思考に満足することなく、共に働かなければならないのだ。

フョードロフはこのように、私たちが知識を持っているならば、その知識の内容を行動で実現できなければならないと確信している。それは「プロジェクト」で あり、言い換えれば、起こるのを待っている現実、来るべき存在である。だからこそ彼は、惑星や星や宇宙全体に関する知識の発展に続いて、人間は「宇宙のす べての世界を訪れるだけでなく、そこに住まわなければならなくなる」と確信している5。さらに、人間は自然についての知識を得ることで、自然の力を手なず けることができるようになり、自然の支配者になるはずである。しかし、こうして手なずけられた自然の力は、不死とすべての祖先の復活という最高の道徳的目 標に向けられなければならない2。

フョードロフの投企主義は、彼が人類の本質的な仕事とみなす「共通の仕事」と相容れない社会組織様式を排除することを除けば、社会の実際的な組織には何の 意味も持たないように思われる。フョードロフが共通の仕事の実現においてロシア国家に重要な役割を与えたとしても、資本主義だけでなく、社会主義や民族主 義(スラブ主義を含む)が批判されるのは、主にこの相容れない理由からである3。

神学的正当化

ギュスターヴ・ドレによる『楽園』のダンテとベアトリーチェ。楽園は、すべての肉体が変容する神の光の発露として現れる。

フョードロフは、原罪を「知識の木」、つまり純粋に理論的、思弁的な知識の悪い果実と見ているが、同時に世界の分裂の主な原因とも見ている1。この分裂は、存在のさまざまなレベル(神学的、宇宙論的、社会的)で次のように作用する:

1.神と人間との分離は、後者にとっては滅びの源である。

2. 自然と人間との間の分離、それは自然が人間に対して攻撃的に作用する原因である。

3.全人類間の分裂、人類内の無数の対立の原因であるが、同時に人間が自然を支配する力を失った原因でもある。

堕落する前、人間は不滅の存在として創造されていたが、原罪によって神から引き離され、死すべき限られた存在である現在の状態にまで引き下げられた。この 罪は、キリストによって贖われた。キリストの全生涯は行動であり、キリストは「十字架の木」(フョードロフの見解では、理論的知識の木と関連している)の 上で死んだが、この罪の結果は、人類が共通の業において協力する場合にのみ、真に消滅する。この観点から、フョードロフは福音を真の行動プログラムとして とらえ、全人類が一丸となって自然そのものの流れを逆転させ、自然の根本的な規制であり続ける死を克服する奇跡を成し遂げるよう命じている。この目的のた めに、神は人間だけが動員できる超越的な力を物理的世界の中心に導入したのである。こうして、福音的な復活の約束は、人類がこの課題に一致団結することを 条件として、物理的な可能性を持つようになる1。

フョードロフは、キリストの到来を独自の方法で解釈している。彼にとって、それは人間の形をした神の受肉である。キリスト教の教義によれば、神はその完全 性によって、すべての自然法則を変えることができる。しかしフョードロフによれば、奇跡的な作用は必ずしも直接的なものではなく、人間を通して起こるのだ という。神は実際、自然の中に存在する全能の素晴らしいエネルギーを人間に利用できるようにした。しかし、人類がこのことを理解し、死の必然性を克服する ために一致団結するには、キリストの出現が必要だった。キリストはまた、彼らの罪を贖うことによって、神のファトゥム(最後の審判の後の罪人の決定的な死 または永遠の天罰と理解される黙示録のこと)の効果を一時停止させた1。しかし、フョードロフにとって、この贖罪が、共通の業の可能性の啓示そのものにあ るのか、それとも人間性の変容の行為にあるのかは、依然として不明である。

反致命主義
フョードロフは、悪や死に直面した人間の諦観や受動性を強く批判する6。彼は、すべてのアモール・ファティ(運命を幸福に受け入れること)を「不道徳の極 み」とみなし、オディウム・ファティ(運命に対する熱烈かつ完全な憎悪)と対立させる7。彼にとって、「闘争という自然法則が永遠の存在を主張するもので はない」のと同様に、自然の状態や死に対する人間の態度は、隷属的な諦めのものであってはならず、生を守り、回復するための継続的な決意のものでなければ ならない。生命に奉仕するこの長期的な行動は、科学的知識の無限の力、つまり死を排除するところまで世界を変容させる力を信じることを意味する。この意味 で、フョードロフは啓蒙思想の知識と世界を変革する力への信仰を共有しているが、彼にとってこの信仰は極端なユートピア的形態をとっている6。

フョードロフに黙示録のテーマの斬新な解釈を提案させたのは、人間の精神の無限の力に対するこのような信仰であった:

「黙示録は、人間の自由が関与しない神の運命として理解されなければならない。黙示録に対するフェドロフの理解は、特異なまでに刷新されている。彼にとっ て、反キリストの到来、世界の終末、最後の審判は、脅威としてのみ理解される。運命的なものは何もない。もし人類が復活、キリスト教的存在の真理の実現と いう 「共通の大義 」のもとに団結し、兄弟愛に結ばれて、自然力の持つ悩ましい、非合理的な、病的な流れと闘うならば、反キリストも、世の終わりも、最後の審判もなく、人類 は直ちに永遠の生命を獲得する」8。
人類に永遠の生命の可能性を与えることで、黙示録は宿命ではなく、単純な脅威となり、射幸主義的教義とその反宿命論に完全に適合する。アレクサンドル・パ パドプロによれば、フィオドロフの終末論的な反致命主義は、それでもなお限定されなければならない。人類が今、黙示録から逃れ、自らの復活を遂げることが できるとすれば、それは人間だけの力のおかげではなく、それまで人間を死すべき存在、無力な存在にしていた原罪をキリストが贖ってくださったおかげであ る。キリストは実際、人間に「神の計画の武器となる可能性と能力」を与えることによって、人間を救済したのである9。

Science de la résurrection

Résurrection de Lazare, d'après une peinture murale de style orthodoxe datée du début du xiiie siècle. Le thème de la résurrection, très présent dans le christianisme orthodoxe, devient fondamental chez Fiodorov.
La résurrection désigne chez Fiodorov le processus par lequel les générations futures ressusciteront physiquement leurs ancêtres morts. D'après lui, il existe une possibilité de ressusciter toute personne ayant existé, y compris les ancêtres morts depuis très longtemps, dont les particules se sont disséminées à travers l'espace10. Mais ce processus ne peut être mené à bien que s'il devient une « cause commune » pour l'humanité tout entière, qui devra alors avoir surmonté la discorde et les conflits qui affectent l'humanité actuelle. L'entreprise de résurrection est pour Fiodorov un processus d'enrichissement constant qui, par l'approfondissement continu des connaissances humaines, conduit à faire de la pensée ou de la conscience une qualité essentielle de l'homme.

Fiodorov n'imagine pas que la résurrection de toutes les générations antérieures puisse être accomplie par une seule génération en une seule fois. Elle ne peut qu'être le résultat final d'un long processus (d’au moins plusieurs milliers d'années) au cours duquel les connaissances humaines ne cesseront de s'approfondir, permettant à chaque génération ressuscitée de redonner vie à la précédente :

« Même si le premier à être ressuscité le sera vraisemblablement presque immédiatement après sa mort, ayant à peine eu le temps de mourir, et qu'après lui ce soit le tour de ceux qui auront été les moins atteints par la décomposition, pourtant, chaque nouvelle expérience, dans cette œuvre, facilitera les suivantes. À chaque résurrection nouvelle, les connaissances ne feront que grandir [...] »11
Fiodorov distingue trois étapes dans ce processus :

1. celle qui consiste à ressusciter les personnes décédées récemment

2. la période de la première génération d’humains (ou de post-humains) devenus immortels et travaillant à la résurrection des ancêtres les plus proches

3. l’époque où toutes les générations sont progressivement ressuscitées par leurs descendants, ayant eux-mêmes acquis le savoir et l'expérience de leurs propres descendants10.

Ce « grand œuvre » constitue une entreprise technologique de très grande ampleur, réalisée au niveau physique et gouvernée par la raison10. Fiodorov rejette l'attente mystique d'une résurrection qui serait le résultat de forces mystérieuses, qui « s'effectuerait non grâce au savoir naturel et à la maîtrise acquise sur la force aveugle, non par le moyen de l'expérience et du savoir qu'elle confère, mais par des voies mystérieuses, obscures, que l'on peut se représenter comme de la sorcellerie, par exemple comme la matérialisation chez les spirites »11. Il n’envisage pas non plus ce processus comme une façon de s'affranchir spirituellement de la matière, mais comme le moyen d'améliorer et sublimer le monde matériel, en lui insufflant la vie et en l’affranchissant du temps. Néanmoins, l'homme devient dans ce processus un être d'un genre particulier ; sans perdre son caractère physique, il acquiert des propriétés nouvelles extraordinaires, une capacité, par exemple, de se transporter librement dans l'espace à la manière de la lumière ou de l'éther10.

Chez Fiodorov, la résurrection est rendue possible sur le plan physique par le fait que chaque particule de la matière porte en elle la trace de son ancien état, lorsqu'elle entrait dans la composition d'un organisme humain. La mission des descendants consiste alors à retrouver ces particules, à mettre en évidence toutes les traces qu'elles conservent intégralement, et à reconstituer grâce à elles le corps des géniteurs décédés. L’homme ainsi reconstitué devient un organisme d’un genre particulier : en lui se concentre toute la pensée, tous les savoirs et toutes les capacités de l’homme :

« Ses organes, ce seront ses moyens aéronautiques et spationautiques, grâce auxquels il se déplacera et se procurera dans l’atmosphère les matériaux nécessaires à la construction de son organisme. L’homme portera alors en lui-même toute l’histoire des découvertes, toute la marche de ce progrès ; il intégrera et la physique et la chimie, en un mot toute la cosmologie, non sous la forme d’une image appartenant à l’ordre de la pensée, mais sous la forme d’un appareil cosmique lui donnant la possibilité d’être un véritable ‘‘cosmopolite’’, c’est-à-dire d’être, de façon cohérente et logique, partout […]. »11

L’idée de résurrection physique chez Fiodorov conjugue ainsi de manière originale une attitude très technophile, d’apparence rationaliste, confiante dans la puissance illimitée de la connaissance scientifique, avec la conviction religieuse que le sacrifice de Jésus Christ fait de la résurrection la mission véritable de toute l’humanité.
復活の科学

ラザロの復活、13世紀初頭に描かれた正教会の壁画より。フョードロフの作品の根底には、正統派キリスト教に強く存在する復活というテーマがある。
フョードロフにとって復活とは、未来の世代が死んだ先祖を物理的に復活させるプロセスを指す。フョードロフによれば、粒子が宇宙空間に散らばった長い間死 んでいた祖先も含めて、これまでに存在したすべての人を復活させることが可能である10。しかし、このプロセスが成功するのは、それが人類全体の「共通の 大義」となり、今日の人類に影響を及ぼしている不和や対立を克服しなければならない場合に限られる。フョードロフにとって、復活の事業とは、人間の知識を 絶えず深めることによって、思考や意識を人間の本質的な資質とすることにつながる、絶え間ない充実のプロセスである。

フョードロフは、過去のすべての世代の復活が一世代で成し遂げられるとは考えていない。それは、人類の知識が深まり続け、復活した各世代が前の世代に新たな生命を吹き込むことができるようになる、長いプロセス(少なくとも数千年続く)の最終的な結果でしかありえない:

「最初に復活する者は、おそらくほとんど死ぬ暇もなく、死後すぐに復活するだろう。新たな復活のたびに、知識は成長する[......]11」。
フョードロフは、このプロセスに3つの段階を設けている:

1. 最近亡くなった人の復活

2. 不死となり、最も近い先祖を復活させようとする第一世代の人間(またはポスト・ヒューマン)の時期。

3.自分たちの子孫の知識と経験を身につけた子孫たちによって、すべての世代が徐々に復活する時期10。

この「偉大な仕事」は、物理的なレベルで行われ、理性に支配された巨大な技術的事業である10。フィオドロフは、神秘的な力による復活という神秘主義的な 期待を否定している。それは、「自然な知識や、盲目的な力に対して獲得した支配力によってではなく、経験やそれが与える知識によってではなく、神秘的で不 明瞭な方法によってもたらされる。彼はこのプロセスを、物質から精神的自由を得る方法としてではなく、物質世界を改善し、昇華させ、生命を吹き込み、時間 から解放する手段としてとらえている。とはいえ、その過程で人間は特別な存在となる。肉体的な特徴を失うことなく、光やエーテルのように空間を自由に移動 する能力など、特別な新しい性質を獲得する10。

フョードロフにとって、復活は物理的なレベルで可能であり、それは、物質のすべての粒子が、人間の有機体の構成要素の一部であった以前の状態の痕跡をその 中に持っているという事実によってもたらされる。子孫の使命は、これらの粒子を見つけ、粒子が保持している痕跡をすべて明るみに出し、それを使って亡く なった祖先の肉体を再構成することである。こうして再構成された人間は、特別な種類の有機体となる。彼は人間のあらゆる思考、知識、能力の中心となるの だ:

「彼の臓器は航空資源と宇宙資源となり、そのおかげで彼は旅をすることができ、大気圏で生体を構築するのに必要な材料を得ることができる。物理学と化学、 一言で言えば宇宙論全体を統合し、思考の秩序に属するイメージの形ではなく、真の『コスモポリタン』、つまり首尾一貫した論理的な方法で、あらゆる場所に 存在する可能性を与える宇宙装置の形をとることになる[......]」11。

フィオドロフの肉体的復活の思想は、このように、一見合理主義的で科学的知識の無限の力を確信しているような非常に技術愛好的な態度と、イエス・キリストの犠牲が復活を全人類の真の使命としているという宗教的確信とを、独創的な方法で結びつけている。
Influence et postérité

Nikolaï Fiodorov publia très peu de son vivant et toujours de façon anonyme, mais il a beaucoup écrit6. Ses proches firent paraître une sélection de ses écrits en deux volumes qui fut publiée à titre posthume sous l'intitulé Philosophie de l'oeuvre commune (ou Philosophie de la cause commune, ou de la tâche commune, en russe : Философия общего дела), ouvrage parfois connu en français sous le titre de Philosophie de la résurrection physique. La première édition en russe date de 1906.

Fiodorov connaît au xxe siècle une célébrité posthume, car c'est le seul des penseurs chrétiens dont les œuvres et l'étude aient été autorisées durant la période soviétique. Ses idées influencent aussi bien des poètes et des artistes, comme les eurasiens et les futuristes, que les premiers planificateurs de l’économie soviétique12. Le philosophe russe Nicolas Berdiaev, alors exilé à Paris, remarque cette situation et déclare en 1937 dans Les sources et le Sens du communisme russe :

« Après la révolution, Fedorov [Fiodorov] est le seul des penseurs religieux qui soit resté populaire ; il existe en Russie soviétique une tendance fédorovienne, et l'on ne doit pas s'en étonner. Fedorov est compté comme un orthodoxe chrétien mais il possède un grand nombre de traits qui le rapprochent des communistes [dont] son activisme outrancier, sa croyance dans la toute-puissance de la technique, sa propagande en faveur de l'intérêt général collectif, son horreur du capitalisme... D'eux il se rapproche encore par son projectivisme, sa conception totale de la vie, enfin par sa négation de toute pensée théorique, de toute spéculation détachée de l'activité pratique, par sa définition du travail comme fondement de la vie. »13
Berdiaev estime même que « Fedorov a été une manière de communiste transporté sur le terrain religieux et qui gardait en lui un élément insurmontable de slavophilie […] Ses disciples actuels ont estompé le point de vue chrétien de sa doctrine et en ont renforcé le côté technique, très proche de celui des communistes. »

Dans un ouvrage publié en 1932 et intitulé De l'idéal final, l’économiste et philosophe soviétique Nikolaï Setnitski, disciple et continuateur de Fiodorov, déclare que l’union de la connaissance et de l’action est réalisée en Russie soviétique, conformément au souhait de son maître2. Il relève également dans un grand nombre de projets techniques du gouvernement soviétique « une influence indubitable des idées de Fedorov, bien que la plupart du temps son nom, si vivement teinté d’associations religieuses, ne soit pas mentionné et que le lien entre les réalisations de ses projets et les idées du penseur ne soit pas reconnu »14. Les exemples les plus frappants en seraient « la réception favorable réservée dans la vie soviétique aux suggestions de Fedorov concernant la lutte contre la sécheresse » (notamment le bombardement des nuages pour déclencher la pluie) et « les récents projets d’utilisation des voies fluviales de l’U.R.S.S. » (constructions des canaux de la « Grande Volga », irrigation du Turkestan, etc.)14.

Aujourd'hui, Fiodorov est considéré comme le précurseur d'un mouvement philosophique ou para-philosophique propre à la Russie : le cosmisme. C'est avec son projet de l' « œuvre commune » que sont en effet théorisés pour la première fois les principes du cosmisme russe, qui prendra une tournure plus scientifique dès le début du xxe siècle, avec des savants tels que Constantin Tsiolkovski, le père de l'astronautique, ou Vladimir Vernadski, qui forge la notion de biosphère. De nouveaux projets de recherche s'inspirant des idées de Fiodorov, qualifiés parfois de « pseudo-sciences » ou de « spéculations ésotériques », se développent désormais en Russie. Les mouvements « néo-eurasiens » et « hyperboréens », réapparus après la chute du régime soviétique, reprennent également certains thèmes de la philosophie de Fiodorov, et le courant « immortaliste » des transhumanistes russes s'y réfère explicitement15.


影響力と後世への影響

ニコライ・フョードロフは、生前はほとんど出版せず、常に匿名で発表していたが、多くの著作を残した6。彼に近しい人々が彼の著作の一部を2巻にまとめて 出版し、死後に『共同作業の哲学』(または『共同原因の哲学』、『共同作業の哲学』、ロシア語ではФилософия общего дела)というタイトルで出版された。ロシア語の初版は1906年である。

フョードロフは20世紀、キリスト教思想家の中で唯一、ソ連時代に著作と研究が許されたことで死後も名声を博した。彼の思想は、ユーラシア人や未来派など の詩人や芸術家、ソビエト経済の最初の計画者たちに影響を与えた12。当時パリに亡命していたロシアの哲学者ニコラ・ベルディアエフは、この状況に注目 し、1937年に『ロシア共産主義の源泉と意味』の中で次のように宣言している:

「革命後、フェドロフ(フョードロフ)は宗教思想家の中で唯一人気を保っている。フェドロフはキリスト教正教徒として数えられているが、とんでもない活動 家であること、テクノロジーの全能性を信じていること、一般的な集団利益を支持するプロパガンダを展開していること、資本主義を忌み嫌っていることなど、 共産主義者に近づける多くの特徴を持っている。彼はまた、事業主義、人生の全体的な概念、そして最終的には、あらゆる理論的思考、実践的活動から切り離さ れたあらゆる思索の否定、生活の基礎としての労働の定義においても、彼らに近い」13。
ベルディアエフは、「フェドロフは一種の共産主義者であり、宗教的領域に移送されたが、スラヴ人愛の克服しがたい要素を自分の中に保持してい た......彼の現在の弟子たちは、彼の教義のキリスト教的観点をぼかし、共産主義者のそれに非常に近い技術的側面を強めている」とさえ考えている。

フョードロフの弟子であり信奉者であったソ連の経済学者で哲学者のニコライ・セトニツキーは、1932年に出版した『最終理想について』という著作の中 で、師匠の意向に従って、ソビエト・ロシアでは知識と行動の結合が達成されたと宣言している2。彼はまた、ソ連政府の技術プロジェクトの多くに、「フェド ロフの思想の紛れもない影響が見られるが、宗教的な結びつきが強いフェドロフの名前はほとんどの場合言及されず、プロジェクトの成果と思想家の思想との関 連は認識されていない」と指摘している14。その最も顕著な例は、「干ばつとの戦いに関するフェドロフの提案(特に、雨を誘発するための雲の砲撃)がソビ エトの生活の中で好意的に受け入れられたこと」と「ソビエト連邦の水路を利用するための最近のプロジェクト」であろう。(大ヴォルガ運河の建設、トルキス タンの灌漑など)14。

今日、フョードロフはロシア特有の哲学運動、あるいはパラ哲学運動の先駆者とみなされている。ロシア宇宙論の原理を最初に理論化したのは彼の「共通の仕 事」プロジェクトであり、20世紀初頭には、宇宙飛行学の父であるコンスタンチン・ツィオルコフスキーや、生物圏の概念を打ち立てたウラジーミル・ヴェル ナドスキーのような科学者たちによって、より科学的な方向へと進んでいった。フィオドロフの考えに触発された新たな研究プロジェクトは、時に「疑似科学」 や「秘教的な思索」とも形容され、ロシアで発展していった。ソビエト政権崩壊後に再燃した「ネオ・ユーラシア」運動や「ハイパーボリアン」運動もまた、 フョードロフの哲学から特定のテーマを取り上げており、ロシアのトランスヒューマニストたちの「不死主義」潮流は、明確にフョードロフに言及している 15。

Œuvres
Nikolaï Fiodorov publia très peu de son vivant et toujours de façon anonyme, mais il a beaucoup écrit. Ses proches firent paraître une sélection de ses écrits en deux volumes qui fut publiée à titre posthume sous l'intitulé Philosophie de l'œuvre commune (ou Philosophie de la cause commune, en russe : Философия общего дела), ouvrage parfois connu en français sous le titre de Philosophie de la résurrection physique, dont la première édition date de 1906.
著作
ニコライ・フョードロフは、生前はほとんど出版せず、常に匿名で発表していたが、多くの著作を残している。フョードロフに近かった人々は、彼の著作の一部 を2巻にまとめ、死後に『共同作業の哲学』(または『共同原因の哲学』、ロシア語ではФилософия общего дела)というタイトルで出版した。この著作はフランス語で『物理的復活の哲学』(Philosophie de la résurrection physique)と呼ばれることもあり、初版は1906年である。
Œuvres disponibles en français
Philosophie de l'œuvre commune, traduit du russe sous la direction de Françoise Lesourd par Gérard Conio, Régis Gayraud, Luba Jurgenson et Françoise Lesourd ; postface de Svetlana Semionova, Genève, Éditions des Syrtes, 2021, 788 p. (ISBN 978-2-940701-02-5).
Correspondance : 1873-1903, traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard, Genève, Editions des Syrtes, 2021, 504 p. (ISBN 978-2-940701-03-2).
フランス語の作品
フランソワーズ・レスール監訳『共同体の哲学』(ジェラール・コニオ、レジス・ゲイロー、ルーバ・ユルゲンソン、フランソワーズ・レスール著、ロシア語 訳、スヴェトラーナ・セミオノワ後書き、ジュネーブ、エディシオン・デ・シュルテス、2021年、788頁。(ISBN 978-2-940701-02-5)。
Correspondence: 1873-1903, Anne Coldefy-Faucard著、ロシア語訳、Geneva, Editions des Syrtes, 2021, 504 p. (ISBN 978-2-940701-03-2).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nikola%C3%AF_Fiodorov

リ ンク

文 献

そ の他の情報

Copyleft, CC, Mitzub'ixi Quq Chi'j, 1996-2099