はじめによんでください

ジャン=ジャック・ルソー

Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778

Pastel de Quentin de La Tour (1753).

池田光穂

☆ ジャン=ジャック・ルソーは、1712年6月28日にジュネーヴで生まれ、1778年7月2日にエルメノンヴィルで没したジュネーヴ出身の作家、哲学者、 音楽家である。幼い頃に母を亡くし、放浪の生涯を送った。1749年以降、彼の著書や書簡は大きな成功を収めたが、同時にカトリック教会やジュネーヴ共和 国との対立を招き、度重なる転居を余儀なくされ、迫害への思いを募らせた。 文学の分野では、ジャン=ジャック・ルソーは、18世紀最大の版本のひとつである書簡小説『ジュリー、あるいは新しいエロイーズ』(1761年)で大成功 を収めた。この作品は、ロマン主義以前の愛と自然の描写で当時の読者を魅了した。告白』(1765年から1770年にかけて書かれ、1782年と1789 年に遺作が出版された)と『孤独な約束』(1776年から1778年に書かれ、1782年に出版された)では、ルソーは自分の親密な感情を徹底的に観察し ている。ルソーの文章の優美さは、フランスの詩と散文に大きな変革をもたらし、グラン・セーユ期の厳格な基準から解放された。 哲学の分野では、1749年にディジョンアカデミーが出した「科学と芸術の再興は道徳の浄化に寄与したか、それとも堕落に寄与したか」という問いを読み、 「ヴァンセンヌの光明」として知られるものを引き起こした。これが、ルソーが思想界に永続的な足跡を残すことになる著作、『科学と芸術についての論考』 (1750年)、『人間相互の不平等の起源と基礎についての論考』(1755年)、『社会契約論』(1762年)へとつながっていく。 ルソーの政治哲学は、人間は生まれながらにして善であり、社会が彼を堕落させると いう考え方を中心に組み立てられている。ルソーが言う「自然的善」とは、自然状態の人間には欲望がほとんどないため、悪というよりむしろ獰猛であるという 意味である。人間を「悪」にし、不平等を増大させるのは、他の個人との相互作用である。自然の善良さを取り戻すためには、人間は社会契約という作為に頼り、民衆によって表明された一般意志に由来する法律によって統治されなければならないル ソーにとって、例えばディドロの考えとは逆に、一般意志は普遍的なものではなく、国家、特定の政治団体に固有のものである。ルソーは主権を国民に与えた最 初の人物である。この点で、ルソーは民主主義(特に直接民主制)についての思想家の一人と言えるが、たとえ彼が選挙による貴族制と呼ぶものや、行政権の分 野では緩和された政府を支持していたとしてもである。 ルソーは、ホッブズやロックが展開した政治思想や哲学思想に批判的であった。彼にとって、経済的相互依存と利権に基づく政治体制は、不平等、利己主義、そ して究極的にはブルジョア社会(彼はこの言葉を最初に使った一人である)をもたらした。しかし、彼が啓蒙思想に批判的であるとすれば、それは内面的な批判 である。彼はアリストテレスや古代の共和主義、キリスト教道徳に戻ろうとはしなかった。 ルソーの政治哲学は、彼の著書『社会契約論』が「再発見」された革命期に大きな影響を及ぼした。より長期的には、ルソーはフランスの共和主義運動やドイツの哲学にその足跡を残した。例えば、イマヌエル・カント定言命法はルソーの一般意志の思想に浸透していた。20 世紀の一部には、ルソーがある意味で全体主義の父であると考える人々と、彼を免責する人々との間で論争があった。 クロード・レヴィ=ストロースによれば、ルソーは人類学の最初の真の創始者であり、特に彼の普遍主義が「自然から文化への移行」という問題を「ほとんど近 代的な言葉で」提起したからである。歴史家のレオン・ポリアコフは、ルソーが同時代の研究者たちに「石や植物ばかりでなく、かつては人間や風習を研究す る」ために遠い国々を旅するよう勧めたと付け加えている1。 生涯最後の著作(『ジャン=ジャックのルソー』2、『孤独の預言者』3)の中で、ルソーは数十年にわたって受けたと主張する密かな迫害について述べてい る。パラノイアについて語る論者もいる。また、ミュッセ=パタイやG.H.モランのように、権力者たちによって煽られた広範な陰謀という仮説を擁護する者 もいる4,5。 彼の遺体は1794年10月11日にパリのパンテオンに移された(20 Vendémiaire an III)。(→ルソーの推測による人類史については「ルソーにおける人間の本性と推測の歴史」を参照)

Jean-Jacques Rousseau, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 à Ermenonville, est un écrivain, philosophe et musicien genevois. Orphelin de mère très jeune, sa vie est marquée par l'errance. Si ses livres et lettres connaissent à partir de 1749 un fort succès, ils lui valent aussi des conflits avec l'Église catholique et la République de Genève qui l'obligent à changer souvent de résidence et alimentent son sentiment de persécution.

Dans le domaine littéraire, Jean-Jacques Rousseau connaît un grand succès avec le roman épistolaire Julie ou la nouvelle Héloïse (1761), un des plus gros tirages du xviiie siècle. Cet ouvrage séduit ses lecteurs d'alors par sa peinture préromantique du sentiment amoureux et de la nature. Dans Les Confessions (rédigées entre 1765 et 1770, avec publication posthume en 1782 et 1789) et dans Les Rêveries du promeneur solitaire (écrites en 1776-1778, publiées en 1782), Rousseau se livre à une observation approfondie de ses sentiments intimes. L'élégance de l'écriture de Rousseau provoque une transformation significative de la poésie et de la prose françaises en les libérant des normes rigides venues du Grand Siècle.

Dans le domaine philosophique, la lecture en 1749 de la question mise au concours par l'Académie de Dijon : « le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer ou à corrompre les mœurs ? » provoque ce qu'on appelle « l'illumination de Vincennes ». De là naissent les ouvrages qui inscrivent durablement Rousseau dans le monde de la pensée : le Discours sur les sciences et les arts (1750), le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755) et Du contrat social (1762).

La philosophie politique de Rousseau est bâtie autour de l'idée que l'Homme est naturellement bon et que la société le corrompt. Par « naturellement bon », Rousseau entend que l'être humain à l'état de nature a peu de désirs, de sorte qu'il est plus farouche que méchant. Ce sont les interactions avec les autres individus qui rendent les êtres humains « méchants » et conduisent à l'accroissement des inégalités. Pour retrouver une bonté naturelle, l'homme doit avoir recours à l'artifice du contrat social et être gouverné par des lois découlant de la volonté générale exprimée par le peuple. Pour Rousseau, contrairement à ce que pense par exemple Diderot, la volonté générale n'est pas universelle, elle est propre à un État, à un corps politique particulier. Rousseau est le premier à conférer la souveraineté au peuple. En cela, on peut dire que c'est un des penseurs de la démocratie (et notamment de la démocratie directe), même s'il est favorable à ce qu'il nomme l'aristocratie élective ou le gouvernement tempéré dans le domaine du pouvoir exécutif.

Rousseau est critique par rapport à la pensée politique et philosophique développée par Hobbes et Locke. Pour lui, les systèmes politiques fondés sur l'interdépendance économique et sur l'intérêt conduisent à l'inégalité, à l'égoïsme et finalement à la société bourgeoise (un terme qu'il est un des premiers à employer). Toutefois, s'il est critique de la philosophie des Lumières, il s'agit d'une critique interne. En effet, il ne veut revenir ni à Aristote, ni à l'ancien républicanisme ou à la moralité chrétienne.

La philosophie politique de Rousseau exerce une influence considérable lors de la période révolutionnaire durant laquelle son livre le Contrat social est « redécouvert ». À plus long terme, Rousseau marque le mouvement républicain français ainsi que la philosophie allemande. Par exemple, l'impératif catégorique de Kant est imprégné par l'idée rousseauiste de volonté générale. Durant une partie du xxe siècle, une controverse opposera ceux qui estiment que Rousseau est en quelque sorte le père des totalitarismes et ceux qui l'en exonèrent.

Selon Claude Lévi-Strauss, Rousseau est le premier véritable fondateur de l'anthropologie, notamment car ce dernier aurait par son universalisme posé « en termes presque modernes » le problème du passage de la nature à la culture. L'historien Léon Poliakov ajoute que Rousseau invitait ses contemporains à faire des voyages dans les pays lointains, afin d'y « étudier, non toujours des pierres et des plantes, mais une fois les hommes et les mœurs »1.

Dans les derniers ouvrages de sa vie (Rousseau juge de Jean-Jacques2, Les Rêveries du promeneur solitaire3), Rousseau décrit les persécutions secrètes qu'il prétend avoir subies pendant plusieurs décennies. Certains commentateurs ont parlé de paranoïa. D’autres à l’instar de Musset-Pathay ou de G. H. Morin, ont défendu l’hypothèse d’un complot généralisé, fomenté par le pouvoir en place4,5.

Son corps est transféré au Panthéon de Paris le 11 octobre 1794 (20 vendémiaire an III).
ジャン=ジャック・ルソーは、1712年6月28日にジュネーヴで生ま れ、1778年7月2日にエルメノンヴィルで没したジュネーヴ出身の作家、哲学者、音楽家である。幼い頃に母を亡くし、放浪の生涯を送った。1749年以 降、彼の著書や書簡は大きな成功を収めたが、同時にカトリック教会やジュネーヴ共和国との対立を招き、度重なる転居を余儀なくされ、迫害への思いを募らせ た。

文学の分野では、ジャン=ジャック・ルソーは、18世紀最大の版本のひとつである書簡小説『ジュリー、あるいは新しいエロイーズ』(1761年)で大成功 を収めた。この作品は、ロマン主義以前の愛と自然の描写で当時の読者を魅了した。告白』(1765年から1770年にかけて書かれ、1782年と1789 年に遺作が出版された)と『孤独な約束』(1776年から1778年に書かれ、1782年に出版された)では、ルソーは自分の親密な感情を徹底的に観察し ている。ルソーの文章の優美さは、フランスの詩と散文に大きな変革をもたらし、グラン・セーユ期の厳格な基準から解放された。

哲学の分野では、1749年にディジョンアカデミーが出した「科学と芸術の再興は道徳の浄化に寄与したか、それとも堕落に寄与したか」という問いを読み、 「ヴァンセンヌの光明」として知られるものを引き起こした。これが、ルソーが思想界に永続的な足跡を残すことになる著作、『科学と芸術についての論考』 (1750年)、『人間相互の不平等の起源と基礎についての論考』(1755年)、『社会契約論』(1762年)へとつながっていく。

ルソーの政治哲学は、人間は生まれながらにして善であり、社会が彼を堕落させるという考え方を中心に組み立てられている。ルソーが言う「自然的善」とは、 自然状態の人間には欲望がほとんどないため、悪というよりむしろ獰猛であるという意味である。人間を「悪」にし、不平等を増大させるのは、他の個人との相 互作用である。自然の善良さを取り戻すためには、人間は社会契約という作為に頼り、民衆によって表明された一般意志に由来する法律によって統治されなけれ ばならない。ルソーにとって、例えばディドロの考えとは逆に、一般意志は普遍的なものではなく、国家、特定の政治団体に固有のものである。ルソーは主権を 国民に与えた最初の人物である。この点で、ルソーは民主主義(特に直接民主制)についての思想家の一人と言えるが、たとえ彼が選挙による貴族制と呼ぶもの や、行政権の分野では緩和された政府を支持していたとしてもである。

ルソーは、ホッブズやロックが展開した政治思想や哲学思想に批判的であった。彼にとって、経済的相互依存と利権に基づく政治体制は、不平等、利己主義、そ して究極的にはブルジョア社会(彼はこの言葉を最初に使った一人である)をもたらした。しかし、彼が啓蒙思想に批判的であるとすれば、それは内面的な批判 である。彼はアリストテレスや古代の共和主義、キリスト教道徳に戻ろうとはしなかった。

ルソーの政治哲学は、彼の著書『社会契約論』が「再発見」された革命期に大きな影響を及ぼした。より長期的には、ルソーはフランスの共和主義運動やドイツ の哲学にその足跡を残した。例えば、カントの定言命法はルソーの一般意志の思想に浸透していた。20世紀の一部には、ルソーがある意味で全体主義の父であ ると考える人々と、彼を免責する人々との間で論争があった。

クロード・レヴィ=ストロースによれば、ルソーは人類学の最初の真の創始者であり、特に彼の普遍主義が「自然から文化への移行」という問題を「ほとんど近 代的な言葉で」提起したからである。歴史家のレオン・ポリアコフは、ルソーが同時代の研究者たちに「石や植物ばかりでなく、かつては人間や風習を研究す る」ために遠い国々を旅するよう勧めたと付け加えている1。

生涯最後の著作(『ジャン=ジャックのルソー』2、『孤独の預言者』3)の中で、ルソーは数十年にわたって受けたと主張する密かな迫害について述べてい る。パラノイアについて語る論者もいる。また、ミュッセ=パタイやG.H.モランのように、権力者たちによって煽られた広範な陰謀という仮説を擁護する者 もいる4,5。

彼の遺体は1794年10月11日にパリのパンテオンに移された(20 Vendémiaire an III)。
Biographie
Famille et enfance

Page de registre manuscrit.
Baptême de Jean-Jacques Rousseau le 4 juillet 1712 à la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Le prénom de son grand-père, David, est inscrit par erreur au lieu de celui de son père, Isaac.
Raymond Trousson, dans la biographie qu'il consacre à Jean-Jacques Rousseau, indique que la famille est originaire de Montlhéry, près d'Étampes, au sud de Parisn 1. Le quadrisaïeul (arrière-arrière-arrière-grand-père) de Jean-Jacques, Didier Rousseau, quitte cette ville pour fuir la persécution religieuse contre les protestants6. Il s'installe à Genève en 1549 où il ouvre une auberge7. Le petit-fils de ce dernier, Jean Rousseau, tout comme son fils David Rousseau (1641-1738), le grand-père de Rousseau, exercent le métier d'horloger, profession alors respectée et lucrative.

Jean-Jacques Rousseau faisant la lecture à son père, dessin de Maurice Leloir, 1889.


Jean-Jacques chez le pasteur Lambercier. Carte postale, 1912.
Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin 1712 au domicile de ses parents situé Grand-Rue dans la ville haute de Genève. Il est le fils d'Isaac Rousseau (Genève, 1672 - Nyon, 1747), horloger comme son père et son grand-père, et de Suzanne Bernard (Genève, 1673 - Genève, 1712), elle-même fille d'un horloger nommé Jacques Bernard8. Ses deux parents ont le statut de citoyens[réf. nécessaire]. Ils se marient en 1704, après qu'une première union a réuni les deux familles, le frère de Suzanne, Gabriel Bernard, ayant épousé la sœur d'Isaac, Théodora Rousseau, en 1699. Un premier garçon, François, naît le 15 mars 1705, puis Isaac laisse femme et nouveau-né à Genève pour aller exercer son métier d'horloger à Constantinople. Il y reste six ans et revient au foyer en 17119, le temps d'avoir un deuxième enfant avec sa femme, qui meurt de fièvre puerpérale le 7 juillet 1712, neuf jours après la naissance de Jean-Jacques Rousseau10.

Celui-ci passe son enfance élevé par son père et une sœur de celui-ci dans la maison de la Grand-Rue où il est né. Cette enfance est marquée par des lectures précoces de romans en compagnie de son père et le deuil continuel de sa mère. À la suite d'une altercation avec un compatriote, Isaac Rousseau se réfugie à Nyon dans le pays de Vaud, le 11 octobre 1722, pour échapper à la justice11. Il ne revient jamais à Genève, mais conserve quelques contacts avec ses fils, notamment Jean-Jacques qui fait régulièrement le voyage à Nyon et à qui il communique sa passion pour les livres. Il confie sa progéniture à son double beau-frère Gabriel Bernard12, employé aux fortifications qui vit dans le quartier genevois de Saint-Gervais13. Celui-ci le confie en pension au pasteur Lambercier à Bossey au pied du Salève, au sud de Genève, où il passe deux ans (1722-1724) en compagnie de son cousin Abraham Bernard. Son frère, François, quitte le domicile très tôt et l'on perd sa trace en Allemagne, dans la région de Fribourg-en-Brisgau.

Son oncle le place en apprentissage chez un greffier, puis, devant le manque de motivation de l'enfant, chez un maître graveur, Abel Ducommun. Le contrat d'apprentissage est signé le 26 avril 1725 pour une durée de cinq ans14. Jean-Jacques, qui avait connu jusque-là une enfance heureuse, ou tout au moins paisible, est alors confronté à une rude disciplinen 2. Trois ans plus tard, le 14 mars 1728, rentrant tardivement d'une promenade à l'extérieur de la ville et trouvant les portes de Genève fermées, il décide de fuir, par crainte d'être à nouveau battu par son maître15, non sans avoir fait ses adieux à son cousin Abraham.

Madame de Warens et la conversion au catholicisme

Première rencontre avec Madame de Warens par Steuben (1830) à Annecy.
Après quelques journées d'errance, il se réfugie par nécessité alimentaire auprès du curé de Confignon, Benoît de Pontverre. Celui-ci l'envoie chez une Vaudoise de Vevey, la baronne Françoise-Louise de Warens, récemment convertie au catholicisme16, et qui s'occupe des candidats à la conversion. Rousseau s'éprend de celle qui sera plus tard sa tutrice et sa maîtresse. La baronne l'envoie à Turin à l'hospice des catéchumènes de Spirito Santo où il arrive le 12 avril 1728. Même s'il prétend dans ses Confessions avoir longuement résisté à sa conversion au catholicisme (il est baptisé le 23 avril17), il semble s'en accommoder assez vite. Il réside quelques mois à Turin en semi-oisif, vivotant grâce à quelques emplois de laquais-secrétaire et recevant conseils et subsides de la part d'aristocrates et d'abbés auxquels il inspire quelque compassion. C’est lors de son emploi auprès de la comtesse de Vercellis que survient l’épisode du larcin (vol du ruban rose appartenant à la nièce de Mme de Vercellis) dont il fait lâchement retomber la faute sur une jeune cuisinière, Marion, qui est, de ce fait, renvoyée18.

Désespérant de pouvoir s'élever de sa condition, Rousseau décourage ses protecteurs et reprend, le cœur léger, le chemin d'Annecy19 pour retrouver la baronne de Warens en juin 1729. Adolescent timide et sensible, il est à la recherche d'une affection féminine qu'il trouve auprès de la baronne20. Il est son « petit », il la nomme « Maman », et devient son factotum. Comme il s'intéresse à la musique, elle l'encourage à se placer auprès d'un maître de chapelle, M. Le Maître, en octobre 1729. Mais lors d'un voyage à Lyon, Rousseau, affolé, abandonne en pleine rue Le Maître frappé d'une crise d'épilepsie21. Il erre ensuite une année en Suisse, puis il donne ses premières leçons de musique à Neuchâtel en novembre 1730. En avril 1731, il rencontre à Boudry un faux archimandrite dont il devient l'interprète jusqu'à ce que l'escroc soit assez rapidement démasqué15.

En promenade à la campagne, elle le regarde, le bras passé autour de son coude ; lui a les yeux baissés.

Rousseau et Madame de Larnage, lithographie de Paul Gavarni.
En septembre 1731, il retourne auprès de Mme de Warens, qui vit désormais à Chambéry. Il rencontre chez elle Claude Anet, sorte de valet-secrétaire, mais qui est aussi amant de la maîtresse de maison. Mme de Warens est à l'origine d'une grande partie de son éducation sentimentale et amoureuse. Le ménage à trois fonctionne tant bien que mal jusqu'au décès de Claude Anet d'une pneumonie le 13 mars 173422. « Maman » et Jean-Jacques s'installent pendant l'été et l'automne aux Charmettesn 3. Pendant ces quelques années, idylliques et insouciantes selon ses Confessions, Rousseau s'adonne à la lecture en puisant dans l'importante bibliothèque de M. Joseph-François de Conzié avec laquelle il va se fabriquer « un magasin d'idées ». Grand marcheur, il décrit le bonheur d'être dans la nature, le plaisir lié à la flânerie et la rêverie, au point d'être qualifié de dromomane23. Il travaille aux services administratifs du cadastre du duché de Savoie, puis comme maître de musique auprès des jeunes filles de la bourgeoisie et de la noblesse chambériennes. Mais sa santé est fragile. « Maman » l'envoie en septembre 1737 consulter un professeur de Montpellier, le docteur Fizes, sur son polype au cœur. C'est au cours de ce voyage qu'il fait la connaissance de Madame de Larnage, âgée de vingt ans de plus que lui, mère de dix enfants, sa vraie initiatrice à l'amour physiquen 4.

De retour à Chambéry, il a la surprise de trouver auprès de Madame de Warens un nouveau converti et amant, Jean Samuel Rodolphe Wintzenried24, et le ménage à trois reprend. En 1739, il écrit son premier recueil de poèmes, Le Verger de Madame la baronne de Warens, poésie grandiloquente éditée en 1739 à Lyon ou Grenoble25.

Premiers contacts avec le monde des Lumières françaises
Portrait de face d'une femme « éveillée, coquette [...] l'air franc, amical, fripon et bon enfant » (Flaubert).
« Je me trouble. Je m'égare. Et bref, me voilà épris de Madame Dupin. »26 Tableau de Jean-Marc Nattier.
Rousseau entre dans l'orbite de deux figures importantes des Lumières, Condillac et D'Alembert, lorsqu'en 1740, il trouve un emploi de précepteur auprès des deux fils du prévôt général de Lyon, M. de Mably. Ce dernier est le frère aîné de Gabriel Bonnot de Mably et d'Étienne Bonnot de Condillac qui feront tous deux une carrière littéraire10. Rousseau compose pour le plus jeune des deux fils un Mémoire présenté à M. de Mably sur l'éducation de Monsieur son fils27. Ayant ainsi l'occasion de fréquenter la bonne société lyonnaise, il s'y gagne quelques amitiés, notamment celle de Charles Borde qui l'introduira dans la capitale. Chambéry est proche et il peut rendre quelques visites à « Maman », mais les liens sont distendus. Après une année difficile auprès de ses jeunes élèves, Rousseau s'accorde avec M. de Mably pour mettre fin au contrat27. Après quelque temps de réflexion, il décide alors de tenter sa chance à Paris28.

À Paris, grâce à une lettre d'introduction auprès de M. de Boze, il est présenté à Réaumur, qui lui permet de soumettre à l'Académie des sciences un mémoire présentant son système de notation musicale. Celui-ci prévoit la suppression de la portée et de la remplacer par un système chiffré. Les académiciens ne sont pas convaincus par le projet qui, selon eux, ne serait pas nouveau, l'inventeur étant le père Souhaitty29. Rousseau s'obstine, améliore son projet et le fait publier à ses frais, sans rencontrer le succès espéré, sous le titre de Dissertation sur la musique moderne30. À cette époque, il se lie d'amitié avec Denis Diderot, tout aussi méconnu que lui, et reçoit les conseils du père Castel. Il fréquente le salon de Madame de Beserval, et de Madame Dupin qu'il tente vainement de séduire. Elle lui confie durant quelque temps l'éducation de son fils15 Jacques-Armand Dupin de Chenonceaux, en 1743.

En juillet 1743, Rousseau est engagé comme secrétaire de Pierre-François, comte de Montaigu, qui vient d'être nommé ambassadeur à Venise. Sa connaissance de l'italien et son zèle le rendent indispensable auprès d'un ambassadeur incompétent. Il apprécie la vie animée de Venise : spectacles, prostituées31 et par-dessus tout la musique italienne. Mais l'importance qu'il se donne le rend arrogant et Montaigu le congédie au bout d'un an. Il est de retour à Paris le 10 octobre 1744. Cette courte expérience lui a néanmoins permis d'observer le fonctionnement du régime vénitien et c'est à ce moment, alors qu'il a 31 ans, que s'éveille son intérêt pour la politique. Il conçoit alors le projet d'un grand ouvrage qui s'intitulerait Les Institutions politiques mais qui deviendra le fameux Du contrat social. Il y travaille de temps à autre pendant plusieurs années32.

Il s'installe alors à l'hôtel Saint-Quentin, rue des Cordiers, où il se met en ménage avec une jeune lingère, Marie-Thérèse Le Vasseur, en 1745. Cette dernière lui apporte l'affection qui lui manque. Il l'épouse civilement à Bourgoin-Jallieu le 30 août 1768. Jean-Jacques doit alors soutenir non seulement une femme mais aussi sa famille33. Entre 1747 et 1751 naîtront cinq enfants que Jean-Jacques Rousseau, peut-être sur l'insistance de la mère de Marie-Thérèse34, fait placer aux Enfants-Trouvés, l'assistance publique de l'époque. Il explique d'abord qu'il n'a pas les moyens d'entretenir une famille35, puis au livre 8 des Confessions, il écrit qu'il a livré ses enfants à l'éducation publique en considérant cela comme un acte de citoyen, de père, et d'admirateur de la République idéale de Platon36. Au livre suivant des Confessions, il écrit également qu'il fit ce choix principalement pour soustraire ses enfants à l'emprise de sa belle-famille, qu'il jugeait néfaste. Cette décision lui sera reprochée plus tard par Voltaire, alors qu'il se pose en pédagogue dans son livre Émile, et aussi par ceux qu'il appelle la « coterie holbachique » (l'entourage de D'Holbach, Grimm, Diderot, etc.). Cependant, certains de ses amis, dont Madame d'Épinay avant qu'elle se brouille avec lui, avaient proposé d'adopter ces enfants37.

En mai 1743, il commence la composition d'un ballet héroïque, Les Muses galantes, dont des extraits sont présentés à Venise en 174438. En 1745, Rameau qui écoute des morceaux des Muses galantes chez un fermier général juge que « certains sont d'un apprenti, d'autres d'un plagiaire »39. Pour la victoire de Fontenoy, il contribue à la création de la comédie-ballet du duo Voltaire-Rameau, les Fêtes de Ramire, basée sur La Princesse de Navarre de Voltaire accompagnée de la musique de Rameau40. Il gagne sa vie en exerçant les fonctions de secrétaire, puis de précepteur chez les Dupin de 1745 à 1751. Le cercle de ses fréquentations compte dès lors Dupin de Francueil, sa maîtresse Louise d'Épinay, Condillac, D'Alembert, Grimm et surtout Denis Diderot. En 1749, Diderot l'invite à participer au grand projet de l'Encyclopédie en lui confiant les articles sur la musique41
略歴
家族と子供時代

手書きの戸籍のページ。
1712年7月4日、ジュネーブのサン=ピエール大聖堂でジャン=ジャック・ルソーが洗礼を受ける。祖父の名であるダヴィッドが父の名であるアイザックの代わりに誤って記入されている。
レイモン・トルーソンはジャン=ジャック・ルソーの伝記の中で、一族の起源はパリの南、エタンの近くにあるモンレリであると述べている1。彼は1549年 にジュネーヴに定住し、宿屋を開いた7。ルソーの孫のジャン・ルソーとその息子のダヴィド・ルソー(1641-1738)は、ルソーの祖父にあたる。ル ソーは時計職人として働いていたが、当時は尊敬を集め、儲かる職業であった。

父に本を読んで聞かせるジャン=ジャック・ルソー、モーリス・ルロワール作、1889年。


ランベルシエル牧師の家でのジャン=ジャック。1912年の絵葉書。
ジャン=ジャック・ルソーは1712年6月28日、ジュネーヴの上町、グラン・リュの実家で生まれた。父や祖父と同じく時計職人であったアイザック・ル ソー(ジュネーヴ、1672年 - ニヨン、1747年)と、時計職人ジャック・ベルナール8 の娘であったシュザンヌ・ベルナール(ジュネーヴ、1673年 - ジュネーヴ、1712年)の息子である。両親はともに市民であった。シュザンヌの兄ガブリエル・ベルナールは、1699年にアイザックの妹テオドラ・ル ソーと結婚していた。1705年3月15日に長男フランソワが誕生し、アイザックは妻と生まれたばかりの息子をジュネーヴに残し、コンスタンチノープルで 時計職人として働いた。彼は6年間そこに滞在し、17119年に帰国して妻との間に第二子をもうけたが、妻は1712年7月7日、ジャン=ジャック・ル ソーの誕生の9日後に産褥熱で亡くなった10。

ルソーは、生まれたグラン・リュの家で、父と父の姉妹の一人に育てられ、幼少期を過ごした。幼少期は父と小説を読み、母を偲び続けた。1722年10月 11日、同郷の男と口論になったアイザック・ルソーは、裁きを逃れるためにヴォー州のニヨンに逃れた11。ルソーはジュネーヴには戻らなかったが、息子た ちとは連絡を取り合い、特にジャン=ジャックとは定期的にニヨンに通い、ルソーの書物への情熱を受け継がせた。彼は、ジュネーブのサン・ジェルヴェ地区 13に住む要塞職員であった義理の二重兄弟ガブリエル・ベルナール12に自分の子孫を託した。彼は、ジュネーヴの南、サレーヴの麓にあるボッシーのランベ ルシエル牧師のもとに預けられ、従兄弟のアブラハム・ベルナールのもとで2年間(1722年~1724年)を過ごした。兄のフランソワは幼い頃に家を出て おり、その痕跡はドイツのフライブルク・イム・ブライスガウ地方で失われている。

叔父は、彼を事務員のもとで見習いとして働かせ、その後、子供のやる気のなさを考慮して、名彫刻師アベル・デュコムのもとで修行させた。徒弟契約は 1725年4月26日に結ばれ、期間は5年間であった14。それまで幸せな、あるいは少なくとも平穏な子供時代を過ごしていたジャン=ジャックは、今度は 厳しい規律に直面することになった2。3年後の1728年3月14日、郊外を散歩して遅く帰ってきた彼は、ジュネーヴの門が閉まっているのを見つけ、再び 主人に殴られるのを恐れて逃げることにした15。

ワレンス夫人とカトリックへの改宗

スチューベンはアヌシーでド・ワレンス夫人と初めて出会う(1830年)。
数日間放浪した後、コンフィニョンの教区司祭ブノワ・ド・ポンヴェールの家に身を寄せたが、ポンヴェールはスチューベンをヴェネツィア人女性の家に住まわ せた。ポンヴェールはルソーをヴヴェイ出身のヴォーワーズ人、フランソワーズ=ルイーズ・ド・ワレンス男爵夫人の家に預けたが、彼女は最近カトリックに改 宗し16、改宗希望者の世話をしていた。ルソーは、後に後見人となり愛人となるこの女性と恋に落ちた。男爵夫人はルソーをトリノのスピリト・サント・ホス ピスへ送り、1728年4月12日、ルソーはスピリト・サント・ホスピスに到着した。彼は長い間カトリックへの改宗に抵抗していたと告白の中で述べている が(洗礼を受けたのは17年4月23日)、かなり早く改宗を受け入れたようである。数ヶ月の間、彼は半島民としてトリノに住み、下働きの秘書をしながら、 貴族や修道院長たちからアドバイスや補助金をもらって生活した。ヴェルセリス伯爵夫人のところで働いていたとき、窃盗事件(ヴェルセリス夫人の姪が持って いたピンクのリボンを盗んだ)が起こった。

自分の境遇から抜け出そうと必死だったルソーは、庇護者たちを思いとどまらせ、1729年6月にワレンス男爵夫人に会うために、軽い気持ちで再びアヌシー 19に向かった。内気で繊細な青年だったルソーは、女性的な愛情を求めていたが、それは男爵夫人20の中にあった。彼は男爵夫人の 「小さな一人 」となり、「ママン 」と呼ばれ、彼女のファクトータムとなった。彼が音楽に興味を持っていたため、彼女は1729年10月、合唱指揮者のル・メートルのもとで働くように勧め た。しかし、リヨンへの旅でルソーは取り乱し、てんかん発作に襲われ、ル・メートルを道の真ん中に捨てた21。1731年4月、ブードリーで偽の大司教に 出会い、通訳となったが、その詐欺師はすぐに暴かれた15。

田舎を散歩しているとき、彼女は彼の肘に腕を回して見つめ、彼の目はうつろだった。

ルソーとラルナージュ夫人、ポール・ガヴァルニによるリトグラフ。
1731年9月、ルソーはシャンベリーに住むワランス夫人のもとに戻った。彼女の家で、彼はこの家の愛人でもあった付き人秘書のようなクロード・アネと知 り合った。ワランス夫人は、彼の恋愛教育の大部分を担った。メナージュ・ア・トロワは、クロード・アネが1734年3月13日に肺炎で亡くなるまで、期待 通りにうまくいった22。「ママン」とジャン=ジャックは、夏と秋の間、レ・シャルメットスン3に移り住んだ。告白』によれば、のどかでのんびりとしたこ の数年間、ルソーは読書に没頭し、ジョゼフ=フランソワ・ド・コンジエの膨大な蔵書を利用し、「アイデアの貯蔵庫」を築いた。散歩が好きで、自然の中に身 を置くことの喜び、散歩や空想の楽しさを語り、「ドロマニア」と形容された23。彼は、サヴォワ公国の土地登記所の管理業務に携わった後、シャンベリーの ブルジョワや貴族の若い娘たちの音楽教師として働いた。しかし、彼の健康状態は芳しくなかった。1737年9月、「ママ 」は彼をモンペリエのフィズ教授に心臓ポリープの相談に行かせた。この旅行中に、20歳年上で10人の子供の母であり、肉体関係4への真のきっかけとなっ たラルナージュ夫人に出会った。

シャンベリーに戻ると、ジャン・サミュエル・ロドルフ・ヴィンツェンリート24という新しい改宗者と恋人がワランス夫人と一緒にいることに驚き、三人婚が 再開された。1739年、彼は最初の詩集Le Verger de Madame la baronne de Warensを書き、この壮大な詩は1739年にリヨンかグルノーブルで出版された25。

フランス啓蒙主義の世界との最初の接触
警戒心が強く、コケティッシュで、......率直で、親しみやすく、いたずら好きで、気立てのいい」(フローベール)

「私は混乱している。道に迷う。要するに、私はデュパン夫人に恋をしているのだ。
1740年、ルソーはリヨンの総督ド・マヴリーの二人の息子の家庭教師の職を見つけ、啓蒙思想の二人の重要人物、コンディヤックとダランベールの軌道に乗 る。ド・マヴリーは、ガブリエル・ボノー・ド・マヴリーとエティエンヌ・ボノー・ド・コンディヤックの兄であり、二人とも後に文学者として活躍することに なる10。ルソーは、二人の息子のうち下の息子のために、M. de Mablyに提出したMémoire présenté à M. de Mably sur l'éducation de Monsieur son fils27を書いた。リヨンの上流社交界に出入りする機会を得たルソーは、そこで多くの友人を作り、特にシャルル・ボルドはルソーを首都に紹介した。 シャンベリーは近く、彼は「ママン」を何度か訪ねることができたが、そのつながりは弱まっていった。若い弟子たちとの困難な1年の後、ルソーはド・マブ リーと契約を解消することで合意した27。しばらく考えた後、ルソーはパリで運を試そうと決心した28。

パリでは、ドゥ・ボゼの紹介状により、ルソーはレオミュールに紹介され、レオミュールはルソーの記譜法を科学アカデミーに提出することを許可した。その内 容は、五線譜を廃止して数字のシステムに置き換えるというものだった。学者たちは、スハティ神父が考案したものであり、目新しいものではないと考え、この プロジェクトに納得しなかった29。ルソーは粘ってプロジェクトを改良し、自費で『現代音楽論』というタイトルで出版した30。この時期、自分と同じよう に無名だったドゥニ・ディドロと親しくなり、カステル神父から助言を受けた。ブゼルヴァル夫人やデュパン夫人のサロンに足繁く通い、彼女を誘惑しようとし たが無駄だった。1743年、デュパン夫人は息子15、ジャック=アルマン・デュパン・ド・シュノンソーの教育を一時的に託した。

1743年7月、ルソーはヴェネツィア大使に任命されたばかりのモンタイグ伯爵ピエール=フランソワの秘書として雇われた。彼のイタリア語の知識と熱意 は、無能な大使にとってなくてはならないものだった。彼は、ショー、娼婦31、そして何よりもイタリア音楽など、ヴェニスの賑やかな生活を楽しんだ。しか し、自己中心的な性格から傲慢になり、モンタイグは1年後に彼を解雇した。1744年10月10日、彼はパリに戻った。この短い経験にもかかわらず、彼は ヴェネツィア政権の動きを観察することができ、31歳のこの時、政治への関心が目覚めた。そして、有名な『社会契約論』となる『政治制度論』という大著の 構想を練った。彼は数年間、折に触れてこの著作に取り組んだ32。

その後、彼はコルディエ通りのオテル・サン・カンタンに移り住み、1745年に若いリネン・メイドのマリー=テレーズ・ル・ヴァスールと結婚した。彼女は 彼に欠けていた愛情を与えた。1768年8月30日にブルゴワン・ジャリューで民事結婚した。ジャン=ジャックは妻だけでなく家族も養わなければならなく なった33。1747年から1751年にかけて、ジャン=ジャック・ルソーのもとに5人の子供が生まれたが、おそらくマリー=テレーズの母親34の強い要 望で、当時の公的福祉団体であったアンファン=トゥルヴェに預けられた。彼はまず、自分には家族を養う手段がないことを説明し35、次に『告白』第8巻 で、市民としての行為として、父親として、またプラトンの理想的な『共和国』の崇拝者として、子供たちを公教育に委ねたと書いている36。また、次の『告 白』では、この選択をしたのは主に、有害だと考えていた義理の両親の支配から子供たちを引き離すためだったと書いている。この決断は後に、自著『エミー ル』の中で自らを教育者として描いたヴォルテールや、彼が「ホルバッハの同人」と呼んだ人々(ホルバッハの側近、グリム、ディドロなど)によって批判され ることになる。しかし、彼と不仲になる前のデピネ夫人を含む何人かの友人たちは、子供たちを養子にしたいと申し出ていた37。

1743年5月、ラモーはバレエ音楽「Les Muses galantes」の作曲に着手し、その抜粋は1744年にヴェネツィアで上演された38。1745年、ラモーはある農夫の家で『レ・ミュゼ・ギャラン ト』の小品を聴き、「あるものは弟子によるもの、あるものは盗作者によるもの」と判断した39。フォンテノワの勝利のために、彼はヴォルテールとラモーの コンビによる喜劇バレエ『ラミールの祭り』(ヴォルテールの『ナヴァラの王女』に基づいてラモーの音楽が付けられた)の創作に貢献した40。デュパン・ ド・フランキュイユ、その愛人ルイーズ・デピネ、コンディヤック、ダランベール、グリム、そしてとりわけドゥニ・ディドロらと交友を深めた。1749年、 ディドロは彼を百科全書プロジェクトに参加させ、音楽に関する記事を任せた41。
Célébrité et tourments

Pierre-Alexandre DuPeyrou, riche habitant de Neuchâtel et son ami, qui a publié une partie de son œuvre.
Premières grandes œuvres

En 1749, l'Académie de Dijon met au concours la question « Le progrès des sciences et des arts a-t-il contribué à corrompre ou à épurer les mœurs ? » Encouragé par Diderot, Rousseau participe au concours42. Son Discours sur les sciences et les arts (dit Premier Discours) qui soutient que le progrès est synonyme de corruption, obtient le premier prix, en juillet 1750. L'ouvrage est publié l'année suivante et son auteur acquiert immédiatement une célébrité internationale43. Ce discours suscite de nombreuses réactions ; pas moins de 49 observations ou réfutations paraissent en deux ans, parmi lesquelles celles de Charles Borde, l'abbé Raynal, jusqu'à Stanislas Leszczynski ou Frédéric II, ce qui permet à Rousseau d'affiner son argumentation dans ses réponses et lui apporte une notoriété grandissante44.

Il abandonne alors ses emplois de secrétaire et précepteur pour se rendre indépendant, et vit grâce à ses travaux de transcription de partitions musicales15 ; il adopte une attitude physique et vestimentaire plus en harmonie avec les idées développées dans le Discours. Mais ce sont ces idées qui vont l'éloigner progressivement de Diderot et des philosophes de l'Encyclopédie.

Le 18 octobre 1752, son intermède en un acte, Le Devin du village, est représenté devant le roi Louis XV et la Pompadour, à Fontainebleau. L'opéra est un succès, mais Rousseau se dérobe le lendemain à la présentation au roi, refusant de ce fait la pension qui aurait pu lui être accordée45. Il fait jouer immédiatement après sa pièce Narcisse, à laquelle Marivaux avait apporté quelques retouches46.

Cette année 1752 voit le début de la querelle des Bouffons. Rousseau y prend part auprès des encyclopédistes en rédigeant sa Lettre sur la musique française, dans laquelle il affirme la primauté de la musique italienne sur la musique française, celle de la mélodie sur l'harmonie, écorchant au passage Jean-Philippe Rameau47.


Fragment du manuscrit du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1754).
En 1754, l'Académie de Dijon lance un autre concours auquel il répond par son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (également appelé Second Discours), qui achève de le rendre célèbre. Rousseau y défend la thèse selon laquelle l'homme est naturellement bon et dénonce l'injustice de la société34. L'œuvre suscite, comme le Premier Discours, une vive polémique de la part notamment de Voltaire, Charles Bonnet, Castel et Fréron48. Sans attendre le résultat du concours, il décide de se ressourcer à Genève, non sans rendre au passage une visite à sa vieille amie, Mme de Warens. Célèbre et admiré, il est bien accueilli. Dans le domaine des idées, Rousseau s'éloigne des encyclopédistes athées qui croient au progrès, alors que lui prône la vertu et l'amour de la nature. Il reste fondamentalement croyant, mais abjure le catholicisme et réintègre le protestantisme, redevenant par là citoyen de Genève49. Toutefois, il ne reste que quelques mois dans la cité. Le 15 octobre, il est de nouveau à Paris.

Grandes œuvres et intégration sociale

Louise d'Épinay qui a prêté à Rousseau l'Ermitage en Forêt de Montmorency. Pastel de Jean-Étienne Liotard.
Rousseau ne s’adresse plus seulement à la société bourgeoise comme les artistes de cour ou les érudits des siècles précédents. Il n'a de cesse de s’adresser à un autre public, différent de celui de la haute société qui hante les salons littéraires50. Progressivement, sa célébrité devient « funeste » selon ses propres termes, cette célébrité qu’il a cherchée comme une arme sociale se retourne contre lui, et il entre dans une paranoïa, confronté à la personnalité publique qu’est devenu « Jean-Jacques », celui que les gens veulent voir, rencontrer et dont des portraits circulent50,51. En avril 1756, Madame d'Épinay met à sa disposition l'Ermitage, une maisonnette située à l'orée de la forêt de Montmorency. Il s'y installe avec Thérèse Levasseur et la mère de celle-ci52 puis commence à rédiger son roman Julie ou la nouvelle Héloïse et son Dictionnaire de la musique. Il entreprend aussi, à la demande de Mme d'Épinay, la mise en forme des œuvres de l'abbé de Saint-Pierre53. Au début de 1757, Diderot envoie à Rousseau son drame Le Fils naturel, dans lequel se trouve la phrase « L'homme de bien est dans la société, il n'y a que le méchant qui soit seul ». Rousseau prend cette réplique pour un désaveu de ses choix et il s'ensuit une première dispute entre les amis54.

Au cours de l'été, Diderot éprouve des difficultés pour faire paraître l'Encyclopédie à Paris. Ses amis Grimm et Saint-Lambert sont enrôlés dans la guerre de Sept Ans. Ils confient au vertueux Rousseau leurs maîtresses respectives, Mme d'Épinay et Mme d'Houdetot. Jean-Jacques tombe amoureux de cette dernière, entraînant une idylle vraisemblablement platonique, mais, du fait de maladresses et d'indiscrétions, les rumeurs vont bon train jusqu'aux oreilles de l'amant. Rousseau en accuse successivement ses amis Diderot, Grimm et Mme d'Épinay qui vont définitivement lui tourner le dos55. Mme d'Épinay lui signifie son congé, et il doit quitter l'Ermitage en décembre. Il part s'installer à Montmorency où il loue la maison qui deviendra son musée en 189856.

Dans sa Lettre à M. d'Alembert (1758) il s'oppose à l'idée que défendait ce dernier selon laquelle Genève aurait intérêt à construire un théâtre, en arguant du fait que cela affaiblirait l'attachement des citoyens à la vie de la cité57.

Isolé à Montmorency et atteint de la maladie de la pierre, il devient bourru et misanthrope. Il gagne toutefois l'amitié et la protection du maréchal de Luxembourg et de sa deuxième épouse. Il reste cependant très jaloux de son indépendance, ce qui lui laisse le temps d'exercer une intense activité littéraire. Il achève son roman Julie ou la nouvelle Héloïse, qui obtient un immense succès58, et travaille à ses essais Émile ou De l'éducation et Du contrat social. Les trois ouvrages paraissent en 1761 et 1762, grâce à la complaisance de Malesherbes, alors directeur de la Librairie. Dans La Profession de foi du vicaire savoyard, placée au cœur de l'Émile, Rousseau réfute autant l'athéisme et le matérialisme des Encyclopédistes que l'intolérance dogmatique du parti dévot59. Dans Le Contrat Social, le fondement de la société politique repose sur la souveraineté du peuple et l'égalité civique devant la loi, expression de la volonté générale. Ce dernier ouvrage inspirera l'idéologie pré-révolutionnaire60. Si l'Émile et le Contrat social marquent le sommet de la pensée de Rousseau, ils isolent cependant leur auteur. En effet, le Parlement de Paris et les autorités de Genève estiment qu'ils sont religieusement hétérodoxes et les condamnent61. Menacé de prise de corps par la Grande Chambre du Parlement de Paris en juin 1762, il doit fuir seul la France, avec l'aide du maréchal de Luxembourg ; Thérèse le rejoindra plus tard. Il évite Genève et se réfugie à Yverdon chez son ami Daniël Roguin. Si sa condamnation à Paris est surtout due à des motifs religieux, c'est le contenu politique du Contrat Social qui lui vaut la haine de Genève. Berne suit Genève et prend un décret d'expulsion. Rousseau doit quitter Yverdon et se rend à Môtiers auprès de Madame Boy de la Tour. Môtiers est situé dans la principauté de Neuchâtel qui relève de l'autorité du roi de Prusse Frédéric II. Ce dernier accepte d'accorder l'hospitalité au proscrit62.


セレブと苦悩

ヌーシャテルの裕福な住人ピエール=アレクサンドル・デュペイローと彼の友人で、彼の作品の一部を出版した。
最初の主要作品

1749年、ディジョンのアカデミーは「科学と芸術の進歩は道徳を堕落させるか、それとも浄化させるか」という問いを立てた。ディドロに励まされたルソー は、この競争に参加した42。1750年7月、進歩は堕落と同義であると主張した『科学と芸術に関する論考』(通称『プルミエ論考』)が一等賞を受賞し た。この作品は翌年に出版され、著者はたちまち国際的な名声を得た43。この演説は多くの反響を呼び、シャルル・ボルド、アッベ・レイナル、スタニスラ ス・レシチンスキー、フレデリック2世など、2年間で49もの意見や反論が発表され、ルソーは反論の中で自分の主張に磨きをかけ、名声を高めていった 44。

ルソーは秘書や家庭教師の仕事をやめて独立し、楽譜の書き写しで生活した15。しかし、ディドロや『百科全書』の哲学者たちから次第に疎外されていったのは、こうした思想のせいだった。

1752年10月18日、一幕ものの間奏曲「村のドヴァン」が、フォンテーヌブローのルイ15世とポンパドゥール家の前で上演された。オペラは成功を収め たが、ルソーは翌日、国王に献上されることを拒否したため、もらえるはずだった年金を受け取ることができなかった45。その直後、ルソーはマリヴォーが少 し手を加えた戯曲『ナルシス』を上演した46。

1752年、ケレル・デ・ブフォンが始まった。ルソーは、百科全書学者たちとともにこれに参加し、『フランス音楽についての手紙』を執筆した。この中でル ソーは、フランス音楽よりもイタリア音楽、和声よりもメロディーの優位性を主張し、その過程でジャン=フィリップ・ラモーを非難した47。


Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1754)」の写本の断片。
1754年、ディジョン・アカデミーは再びコンクールを開催し、ルソーはこれに応え、『人間の不平等の起源と基礎に関する論考』(第二の論考とも呼ばれ る)を発表し、一躍有名になった。この中でルソーは、人間は生来善であるというテーゼを擁護し、社会の不公正を糾弾した34。第一講話と同様、この作品は 激しい論争を引き起こし、特にヴォルテール、シャルル・ボネ、カステル、フレロン48から非難を浴びた。コンクールの結果を待たずに、彼はジュネーヴに戻 ることを決めたが、その前に旧友のワレンス夫人を訪ねた。有名で称賛されていた彼は、好意的に迎えられた。思想面では、ルソーは進歩を信奉する無神論的な 百科全書主義者とは距離を置き、徳と自然を愛することを提唱した。ルソーは基本的に宗教的であり続けたが、カトリックを棄てプロテスタントに戻り、再び ジュネーヴ市民となった49。しかし、ジュネーヴに滞在したのは数ヶ月に過ぎなかった。10月15日、彼はパリに戻った。

主な作品と社会的統合

モンモランシーの森のエルミタージュをルソーに貸したルイーズ・デピネ。ジャン=エティエンヌ・リオタールのパステル画。
ルソーはもはや、前世紀の宮廷芸術家や学者のように、ブルジョワ社会だけを相手にしていたわけではない。彼は常に、文学サロンに出没する上流社会とは異な る聴衆に訴えようとしていた50。社会的な武器として求めていた名声が、逆に彼の逆鱗に触れ、彼は「ジャン=ジャック」が世間一般に知られる人物となり、 人々がその姿を見たいと思い、会いたいと願い、その肖像画が出回っていることに直面し、猜疑心を抱くようになったのである50,51。1756年4月、デ ピネイ夫人はモンモランシーの森のはずれにある小さな家、エルミタージュを彼に提供した。彼はテレーズ・ルヴァスールと彼女の母親52と同居し、小説 『ジュリー、あるいは新しいエロイーズ』と『音楽辞典』の執筆を始めた。また、デピネ夫人の依頼で、サン=ピエール修道院長の著作の編集も始めた53。 1757年初頭、ディドロはルソーに戯曲『自然の子』を送った。この戯曲には「善人は社会の中にいるが、悪人だけが孤独である」という一節があった。ル ソーはこの一節を、自分の選択を否定していると受け取り、友人たちは初めて口論になった54。

夏の間、ディドロはパリで『百科全書』を出版するための問題を抱えていた。友人のグリムとサン=ランベールは七年戦争に参加していた。彼らはそれぞれの愛 人であるデピネー夫人とフーデト夫人を貞淑なルソーに託した。ジャン=ジャックはデユデト夫人と恋に落ち、おそらくはプラトニックな恋愛に発展したが、失 態や軽率な行動の結果、噂が恋人の耳に入った。ルソーは、友人のディドロ、グリム、デピネ夫人を次々に告発するが、彼らは55、ルソーを見限った。デピネ 夫人から退去を通告されたルソーは、12月にエルミタージュを去ることになった。彼はモンモランシーに移り、18985年に美術館となる家を借りた6。

ダランベールへの手紙』(1758年)では、劇場を建設することがジュネーヴのためになるというダランベールの考えに反対し、それは市民の都市生活への愛着を弱めることになると論じている57。

モンモランシーで孤立し、結石病を患った彼は、不機嫌で人間嫌いになった。しかし、リュクサンブール侯爵夫人とその2番目の妻の友情と庇護を得る。しか し、独立心に強い嫉妬心を持ち続けたため、文学活動に没頭する時間が残されていた。小説『ジュリー、あるいは新しいエロイーズ』は大成功を収め58、エッ セイ『エミール、あるいは教育』と『社会契約』にも取り組んだ。この3つの作品は、当時図書館長であったマレシェルブの厚意により、1761年と1762 年に出版された。エミール』の中核をなす『サヴォワヤール司祭の信仰告白』(La Professionation de foi du vicaire savoyard)では、ルソーは百科全書派の無神論と唯物論、敬虔な党派の教条的不寛容59の両方に反論している。社会契約』では、政治社会の基礎は、 人民の主権と法の下の市民的平等、すなわち一般意志の表明に基づいている。後者の作品は革命前のイデオロギー60を刺激した。エミール』と『社会契約論』 はルソーの思想の頂点を示すものであったが、同時に作者を孤立させるものでもあった。パリ議会とジュネーヴ当局は、これらを宗教的に異端なものとみなし、 非難した61。1762年6月、パリ議会大法会議によって投獄の危機にさらされたルソーは、ルクセンブルク元帥の助けを借りて単身フランスを脱出した。 ジュネーブを避け、友人のダニエル・ロギャンとともにイヴェルドンに避難した。パリでの非難は主に宗教的な理由によるものだったが、ジュネーヴの憎悪を 買ったのは社会契約書の政治的な内容だった。ベルンもジュネーヴにならって追放令を出した。ルソーはイヴェルドンを去らざるを得なくなり、ボワ・ド・ラ・ トゥール夫人のもとに滞在するためにモティエに向かった。モティエはヌーシャテル公国にあり、プロイセン王フリードリヒ2世の統治下にあった。プロイセン はこの無法者を歓待することに同意した62。

Face aux religions et à Voltaire

Photographie panoramique de paysage en couleur, prise du château d'Erlach.
La lande et l'île Saint-Pierre où vécut Rousseau, vues du nord.
Les malheurs de Rousseau n'ont pas attendri les philosophes et ceux-ci continuent à l'accabler, notamment Voltaire et D'Alembert. Physiquement, la maladie de la pierre le fait souffrir et il doit être régulièrement sondé. C'est alors qu'il adopte un long vêtement arménien, plus commode pour cacher son affection63. Il se remet à écrire un mélodrame, Pygmalion puis une suite à L'Émile, Émile et Sophie, ou les solitaires qui restera inachevée.

L'Émile est mis à l'Index en septembre 1762 et Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, lance l'anathème contre les idées professées par Le Vicaire savoyard. Rousseau y répond par une Lettre à Christophe de Beaumont qui paraîtra en mars 1763, libelle dirigé contre l'Église romaine64. Toutefois son ton volontairement « antipapiste » ne calme pas les ardeurs des pasteurs protestants de Genève qui mènent une lutte sourde contre les amis de Jean-Jacques, qui cherchent vainement à le réhabiliter. Fatigué, Rousseau va finir par renoncer le 12 mai 1763 à la citoyenneté genevoise65. Entretemps il se passionne pour la botanique et fait publier son Dictionnaire de la musique, fruit de seize années de travail.

Le conflit devient politique avec la publication des Lettres de la campagne de Jean Robert Tronchin, procureur général auprès du Petit Conseil de Genève, auquel Rousseau réplique par ses Lettres de la montagne, dans lesquelles il prend position en faveur du Conseil général, représentant le peuple souverain, contre le droit de veto du Petit Conseil66. Les lettres sont publiées en décembre 1764, mais sont brûlées à La Haye et Paris, interdites à Berne. C'est le moment que choisit Voltaire pour publier anonymement Le Sentiment des citoyens où il révèle publiquement l'abandon des enfants de Rousseau. Le pasteur de Môtiers, Montmollin, qui avait accueilli Jean-Jacques lors de son arrivée, cherche alors à l'excommunier avec le soutien de la « Vénérable Classe de ses confrères de Neuchâtel ». Mais Rousseau est protégé par un rescrit de Frédéric II67. Il passe toutefois pour un séditieux et la population rameutée par Montmollin devient si menaçante que, le 10 septembre 1765, Jean-Jacques se réfugie provisoirement dans l'île Saint-Pierre sur le lac de Bienne68, d'où le gouvernement bernois l'expulse le 24 octobre. Avant de partir, Jean-Jacques Rousseau confie à son ami Du Peyrou une malle contenant tous les papiers qu'il possédait (manuscrits, brouillons, lettres et copies de lettres)69.
宗教とヴォルテールと向き合う

エルラック城から撮影されたカラーのパノラマ風景写真。
北側から見たルソーが住んでいたサン・ピエール島と湿地帯。
ルソーの不幸は哲学者たちの心を和らげることはなく、特にヴォルテールとダランベールはルソーを批判し続けた。身体的には、結石の病気が彼を苦しめ、定期 的に検査を受けなければならなかった。この時、苦悩を隠すのに便利なアルメニア風の長衣を着た63。その後、メロドラマ『ピグマリオン』の執筆に戻り、 『エミール』の続編『エミールとソフィー、或いは孤独』の執筆に取り掛かったが、これは未完に終わった。

1762年9月、『レミレ』は禁書目録に掲載され、パリ大司教クリストフ・ド・ボーモンは『サヴォワイヤル・ヴィケール』の思想に異論を唱えた。ルソーは これに対し、1763年3月に出版された『クリストフ・ド・ボーモンへの手紙』(Lettre à Christophe de Beaumont)で、ローマ教会を中傷した64。しかし、彼の意図的な「反教皇主義」的論調は、ジュネーヴのプロテスタント牧師たちの熱狂を静めること はなかった。彼らは、ジャン=ジャックの友人たちと静かな戦いを繰り広げており、彼らは彼を更生させようと無駄な努力を続けていた。疲れ果てたルソーは、 176365年5月12日、ついにジュネーブの市民権を放棄した。その間、彼は植物学に熱中し、16年間の研究の成果である『音楽辞典』を出版した。

この対立は、ジュネーヴのプチ・コンセイユの法務長官であったジャン・ロベール・トロンシンによる『田園からの手紙』の出版によって政治的なものとなり、 ルソーは『山からの手紙』でこれに反論した。この書簡は1764年12月に出版されたが、ハーグとパリでは焼却され、ベルンでは発禁処分となった。この 時、ヴォルテールは匿名で『市民の感傷』を出版し、ルソーの子供たちが捨てられたことを公にした。モティエの牧師モンモランは、ジャン=ジャックの到着を 歓迎したが、「ヌーシャテルの崇高な信徒たち」の支持を得て、彼を破門しようとした。しかし、ルソーはフリードリヒ2世の勅書によって保護された67。し かし、ルソーは反乱分子とみなされ、モンモランによって結集された住民の脅威は高まり、1765年9月10日、ジャン=ジャックはビエンヌ湖のサン=ピ エール島に一時避難した68。ここを去る前に、ジャン=ジャック・ルソーは友人のデュペイローに、彼が所有していたすべての書類(原稿、草稿、書簡、書簡 の写し)が入ったトランクを託した69。
Années d'errance

Portrait de Rousseau dans la tenue « arménienne » (toque et col de fourrure) qu'il portait à Londres.
Portrait par Allan Ramsay de Rousseau à Londres en 1766, conçu pour former un diptyque avec celui de Hume. Rousseau y voyait une machination : « On lui fait mettre un bonnet bien noir, un vêtement bien brun, on le place dans un lieu bien sombre, et là, pour le peindre assis on le fait tenir debout, courbe, appuyé dʼune de ses mains sur une table bien basse, dans une attitude où ses muscles fortement tendus altèrent les traits de son visage. De toutes ces précautions devait résulter un portrait peu flatteur quand il eût été fidèle70. »

Rousseau, dès lors, vit dans la hantise d'un complot dirigé contre lui et décide de commencer son œuvre autobiographique en forme de justification. Il gagne Paris où il séjourne en novembre et décembre 1765 au Temple qui bénéficie de l'exterritorialité. Rousseau est également sous la protection du prince de Conti qui lui permet de recevoir des visiteurs de marque71. À l'invitation de David Hume, attaché à l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris, il gagne l'Angleterre le 4 janvier 1766. Thérèse le rejoint plus tard. Durant son séjour en Angleterre son instabilité mentale croît et il se persuade que David Hume est au centre d'un complot contre lui61.

C'est à cette époque que circule dans les salons parisiens une fausse lettre du roi de Prusse adressée à Rousseau. Elle est bien tournée mais peu charitable à son égard. Rousseau semble y avoir cru dans un premier temps, puisqu'une lettre de réponse au roi a été retrouvée dans ses affaires. L'auteur est Horace Walpole, qui déteste le philosophe, mais Rousseau l'attribue dans un premier temps à D'Alembert, puis soupçonne Hume de tremper dans le complot. Par la suite, cette lettre rendra Walpole à la mode. Il expliqua son geste parce qu'un soir qu'il se trouvait chez madame Geoffrin, il plaisanta sur les affections et contradictions de Rousseau et dit quelque chose qui amusa la compagnie. De retour chez lui, il en fit la fameuse lettre qu'il publia. Il déclara aussi être « fort disposé à [s]e moquer de charlatans politiques et littéraires quelque talents qu'ils puissent avoir ». Par la suite, ce qu'il qualifia de simple plaisanterie se répandit comme le feu. L'histoire rendit furieuse les partisanes de Rousseau. Madame de Boufflers fit part de son indignation devant Walpole, qui feignit la contrition72,73.

Hume a fréquenté à Paris les Encyclopédistes qui ont pu le mettre en garde contre Rousseau. Ce dernier, hypersensible et soupçonneux, se sent persécuté. Après six mois de séjour en Angleterre, la rupture est complète entre les deux philosophes, chacun se justifiant par des écrits publics, ce qui génère un véritable scandale dans les Cours européennes. Les ennemis de Rousseau, au premier rang desquels Voltaire, jubilent, alors que ses amis, qui l'ont poussé à confier son destin à Hume, sont consternés par la tournure des évènements.


Première page du manuscrit dit « de Paris » des Confessions, offert à la Convention nationale en 1794, par la veuve de Rousseau, Thérèse Levasseur74.
Durant son séjour anglais, il réside du 22 mars 1766 au 1er mai 1767 chez Richard Davenport qui a mis à la disposition du citoyen de Genève sa propriété de Wootton Hall dans le Staffordshire. C'est là qu'il écrit les premiers chapitres des Confessions75. La façon dont il traite dans ses écrits Diderot, Friedrich Melchior Grimm, atteste sa paranoïa61.


Les Rêveries du promeneur solitaire, édition de 1782.
En mai 1767, toujours sous la menace d'une condamnation par le Parlement, Rousseau regagne la France sous le nom d'emprunt de Jean-Joseph Renou, nom de jeune fille de la mère de Thérèse76. Pendant un an, il est hébergé par le prince de Conti au château de Trye, près de Gisors dans l'Oise. Le séjour est particulièrement angoissant pour Rousseau qui en vient à soupçonner ses amis, y compris le fidèle DuPeyrou venu lui rendre visite77.

Le 14 juin 1768, il quitte Trye et va errer quelque temps en Dauphiné autour de Grenoble. Thérèse le rejoint à Bourgoin où le 29 août et, pour la première fois, il la présente au maire de la ville comme sa femme78. Il reprend son nom et s'installe à la ferme Monquin à Maubec79. Il décide de quitter le Dauphiné le 10 avril 1770, séjourne quelques semaines à Lyon, et arrive à Paris le 24 juin 1770 où il loge à l'hôtel Saint-Esprit, rue Plâtrière.

À Paris, il survit grâce à ses travaux de copiste de partitions de musique. Il organise des lectures de la première partie des Confessions dans des salons privés devant des auditoires silencieux et gênés face à cette âme mise à nu80. Ses anciens amis craignant des révélations, Mme d'Épinay fait interdire ces lectures par Antoine de Sartine, alors lieutenant général de police.

Dans les Considérations sur le gouvernement de Pologne qu'il rédige alors, il condamne la politique russe de démantèlement de la Pologne. Cette prise de position accroît sa marginalité, la plupart des philosophes des Lumières françaises admirant alors Catherine II. Il poursuit l'écriture des Confessions et entame la rédaction des Dialogues, Rousseau juge de Jean-Jacques81. Ne pouvant les publier sans susciter de nouvelles persécutions, il tente de déposer le manuscrit sur l'autel de Notre-Dame, mais la grille fermée l'empêche d'y accéder. En désespoir de cause, il va jusqu'à distribuer aux passants des billets justifiant sa position82.

C'est aussi l'époque où il herborise83, activité qu'il partage avec Malesherbes, ce qui rapproche les deux hommes. Il écrit à l'adresse de Mme Delessert, sous forme de lettres, un cours de botanique destiné à sa fille Madelon, les Lettres sur la botanique84. Les Rêveries du promeneur solitaire, ouvrage inachevé, sont rédigées au cours de ses deux dernières années, entre 1776 et 1778. Ces dernières œuvres ne seront publiées qu'après sa mort. À cette date, il entretient aussi une correspondance avec le compositeur d'opéra Gluck.
放浪の日々

ロンドンで着ていた「アルメニア人」の衣装(トークと毛皮の襟)を着たルソーの肖像。
アラン・ラムジーが1766年にロンドンで描いたルソーの肖像画。ヒュームの肖像画と2枚組になるように意図されている。ルソーは、この肖像画を策略だと 考えていた。「ヒュームは非常に黒い帽子をかぶらされ、非常に茶色い服を着せられ、非常に暗い場所に置かれ、座っている姿を描くために、湾曲させられ、片 手を非常に低いテーブルにもたせかけられ、強く緊張した筋肉が顔の特徴を変えるような姿勢で立たされる。こうしたすべての予防措置の結果、もし正確であっ たとしても、お世辞にも美しいとは言えない肖像画になったに違いない70"。

それ以来、ルソーは自分に対する陰謀に怯えて生活し、潔白を証明するために自伝的著作を始めることにした。ルソーはパリに渡り、1765年11月から12 月にかけて、治外法権を認められたテンプルに滞在した。ルソーはまた、コンティ公の庇護を受け、著名な訪問者を迎えることを許された71。1766年1月 4日、パリの英国大使館付のデイヴィッド・ヒュームの招きで、ルソーはイギリスに向かった。後にテレーズが合流した。イギリス滞在中、彼は精神的に不安定 になり、デイヴィッド・ヒュームが自分に対する陰謀の中心にいると確信するようになった61。(→1766年1月4日、パリの英国大使館付のデイヴィッ ド・ヒュームの招きで、ルソーはイギリスに向かった。肖像画はその時に描かれた。イギリス滞在中、彼は精神的に不安定になり、デイヴィッド・ヒュームが自 分に対する陰謀を企てているのではないかと疑心暗鬼したらしい。)

プロイセン国王からルソーに宛てた偽の手紙がパリのサロンに出回ったのもこの頃である。その手紙はよくできたものだったが、ルソーに対して無慈悲なもの だった。ルソーは当初それを信じていたようで、国王への返書が彼の遺品から発見された。その手紙の主は哲学者を嫌っていたホレス・ウォルポールであった が、ルソーは最初はダランベールのものとし、その後ヒュームが陰謀に関与していると疑った。この手紙は後にウォルポールを一躍有名にした。ウォルポール は、ある晩ジョフラン夫人の家に行ったとき、ルソーの愛情や矛盾について冗談を言い、仲間を楽しませるようなことを言ったのだと自分の行動を説明した。帰 宅後、彼は有名な手紙を書き、それを出版した。彼はまた、「どんなに才能があろうとも、政治家や文学者をからかうことは厭わない」と宣言した。その後、彼 が単なる冗談だと言ったことは、野火のように広まった。この話はルソーの支持者を激怒させた。ブフレス夫人はウォルポールに憤りをあらわにし、ウォルポー ルは悔恨の情をにじませた72,73。

パリでは、ヒュームは百科全書派の研究者によく出入りし、ルソーに対して警告を発していた。過敏で疑り深いルソーは、迫害されていると感じた。6ヶ月のイ ギリス滞在の後、二人の哲学者は完全に決裂し、それぞれが公の文章で自分の行動を正当化した。ヴォルテールを筆頭とするルソーの敵は歓喜し、ヒュームに運 命を託すよう促していたルソーの友人たちは、この出来事に落胆した。


1794年、ルソーの未亡人テレーズ・ルヴァスール74が国民会議に提出した『告白』のいわゆる「パリ」写本の最初のページ。
1766年3月22日から1767年5月1日までのイギリス滞在中、彼はリチャード・ダヴェンポートの家に滞在した。ダヴェンポートは、スタフォード シャーのウートン・ホールにある彼の所有地をジュネーヴ市民に提供していた。そこで『告白』の最初の章を書いた75。著作の中でディドロやフリードリヒ・ メルキオール・グリムをどのように扱っているかは、彼のパラノイアを証明している61。


1782年版『孤独の預言者』(Les Rêveries du promeneur solitaire)。
1767年5月、ルソーは、議会による非難の脅威にさらされながらも、テレーズの母親の旧姓であるジャン=ジョゼフ・ルヌーという偽名でフランスに戻った 76。1年間、ルソーはオワーズ県ジソール近郊のトリイ城にコンティ公爵の庇護を受けた。この滞在はルソーにとって特に苦痛であり、ルソーを訪ねてきた忠 実なデュペイローを含む友人たちを疑うようになった77。

1768年6月14日、ルソーはトリイを離れ、ドーフィネ県のグルノーブル周辺をしばらく放浪した。テレーズは8月29日にブルゴワンで彼と合流し、初め て彼女を妻として町長に紹介した78。彼は彼女の姓を取り戻し、モーベックのモンカン農場に移った79。1770年4月10日にドーフィネを離れることを 決め、リヨンに数週間滞在し、6月24日にパリに到着した。

パリでは楽譜をコピーして生き延びた。彼は、個人のサロンで『告白』の冒頭部分の朗読会を企画し、無言で恥ずかしがる聴衆を前にして、剥き出しにされた魂 に向き合った80。かつての友人たちは暴露されることを恐れ、デピネ夫人は当時警察中将だったアントワーヌ・ド・サルティーヌにこの朗読会を禁止させた。

当時彼が執筆した『ポーランドの政治に関する考察』(Considérations sur le gouvernement de Pologne)では、ロシアのポーランド解体政策を非難していた。当時のフランス啓蒙思想家の多くはカトリーヌ2世を賞賛していたため、この立場は彼の 周縁性を高めた。ルソーは『告白』の執筆を続け、『対話』(Rousseau juge de Jean-Jacques81)の執筆に取りかかった。さらに迫害を受けることなくそれらを出版することができなかった彼は、ノートルダム寺院の祭壇に原 稿を飾ろうとしたが、閉ざされた門に阻まれて届かなかった。絶望の淵に立たされた彼は、自分の立場を正当化するために、通行人に切符を配るまでになった 82。

この時期、彼は薬草研究家83でもあり、マレシェルブと共通の活動をしていた。彼は娘マデロンのために植物学講座『Lettres sur la botanique』をドレセール夫人のために書いた84。未完の作品『Les Rêveries du promeneur solitaire』は、晩年の2年間、1776年から1778年にかけて書かれた。これらの最後の作品は、彼の死後まで出版されることはなかった。この 頃、彼はオペラ作曲家のグルックとも交流があった。
Décès

Les dernières paroles de J.-J. Rousseau, gravure de Jean-Michel Moreau (1783).
En 1778, le marquis René-Louis de Girardin lui offre l'hospitalité, dans un pavillon de son domaine du château d'Ermenonville, près de Paris ; c'est là que l'écrivain philosophe meurt subitement le 2 juillet 1778 après une longue balade85, de ce qui semble avoir été un accident vasculaire cérébral. Certains ont avancé l'hypothèse d'un suicide, créant une controverse sur les circonstances de la mort du philosophe86.

Cénotaphe entouré d'arbres, dont le bas-relief représente une femme allaitant son enfant et lisant l'Émile.
Vue du tombeau de Rousseau dans l'île des Peupliers. Gravure par Godefroy, dessin de Gaudat, 1781.
Le lendemain de sa mort, le sculpteur Jean-Antoine Houdon moule son masque mortuaire. Le 4 juillet, le marquis de Girardin fait inhumer le corps dans un cercueil de plomb85 dans l'île des Peupliers de la propriété. La tombe érigée à la hâte par le marquis de Girardin est remplacée en 1780 par le monument funéraire actuel dessiné par Hubert Robert, exécuté par J.-P. Lesueur : un sarcophage sculpté, sur ses quatre côtés, de bas-reliefs représentant une femme donnant le sein et lisant l'Émile, ainsi que plusieurs allégories de la liberté, de la musique, de l'éloquence, de la nature et de la vérité87. Sur le fronton, un cartouche d'où pend une guirlande de palmes porte la devise de Rousseau « vitam impendere vero » (« consacrer sa vie à la vérité »). La face nord porte l'épitaphe « ici repose l'homme de la Nature et de la Vérité ». Le philosophe est rapidement l'objet d'un culte, et sa tombe est assidûment visitée88.




J.-J.ルソーの最期の言葉、ジャン=ミシェル・モローによるエングレーヴィング(1783年)。
1778年、ルネ=ルイ・ド・ジラルダン侯爵は、パリ近郊のエルムノンヴィル城に所有する東屋でのもてなしをルソーに申し出た。哲学者である作家はそこ で、長い散歩の後、1778年7月2日に脳卒中と思われる病気で急死した。自殺説もあり、哲学者の死因をめぐって論争が巻き起こっている86。

木々に囲まれた慰霊碑の浮き彫りには、母乳を与えながら『エミール』を読む女性の姿が描かれている。
イル・デ・ピュプリエにあるルソーの墓の眺め。ゴデフロワのエングレーヴィング、ゴーダのデッサン、1781年。
ルソーの死の翌日、彫刻家ジャン=アントワーヌ・ウードンがデスマスクを制作した。7月4日、ジラルダン侯爵は遺体を鉛の棺85に納め、領地のイル・デ・ ピュプリエに埋葬した。ジラルダン侯爵が急遽建立した墓は、1780年にユベール・ロベールが設計し、J.-P.レスールが製作した現在の墓碑に建て替え られた。石棺の四面には、乳を与え、エミールを読む女性の浮き彫りや、自由、音楽、雄弁、自然、真実の寓意が彫られている87。ペディメントには、ルソー のモットー 「vitam impendere vero」(「真理に人生を捧げよ」)が書かれた椰子の花輪が吊るされたカルトゥーシュがある。北側には「ここに自然と真理の人が眠る」という墓碑銘が刻 まれている。哲学者はたちまち崇拝の対象となり、彼の墓は頻繁に訪れるようになった88。

Son itinéraire intellectuel

Portait de David Hume conçu par Allan Ramsay pour former un diptyque avec celui de Rousseau (1766). Rousseau se plaignait de la dissymétrie de traitement entre les deux portraits89.

La grande sensibilité de Rousseau marque profondément son œuvre et explique, en partie, les brouilles qui ont jalonné sa vie. David Hume disait de lui90 : « Toute sa vie il n'a fait que ressentir, et à cet égard, sa sensibilité atteint des sommets allant au-delà de ce que j'ai vu par ailleurs ; cela lui donne un sentiment plus aigu de la souffrance que du plaisir. Il est comme un homme qui aurait été dépouillé non seulement de ses vêtements, mais de sa peau, et s'est retrouvé dans cet état pour combattre avec les éléments grossiers et tumultueux »trad 1. Bertrand Russell ajoutait90 : « C'est le résumé le plus sympathique de son caractère qui soit à peu près compatible avec la vérité »trad 2.

La philosophie de Rousseau dans son contexte

Rousseau n'a pas suivi de cours de philosophie. Autodidacte, ce sont ses lectures, notamment celle de ses immédiats prédécesseurs : Descartes, Locke, Malebranche, Leibniz, la Logique de Port-Royal et les jusnaturalistes91,92, qui lui ont permis de devenir philosophe. Dès la première œuvre qui le rend célèbre, le Discours sur les sciences et les arts, Rousseau se revendique comme n'étant pas un philosophe de profession et exprime sa méfiance envers certains de ceux qui se disent philosophes. Il écrit à ce propos :

« Il y aura dans tous les temps des hommes faits pour être subjugués par les opinions de leur siècle, de leur pays, de leur société : tel fait aujourd'hui l'esprit fort et le philosophe, qui, par la même raison, n'eût été qu'un fanatique du temps de la Ligue. Il ne faut point écrire pour de tels lecteurs, quand on veut vivre au-delà de son siècle93. »

Trois aspects de la pensée de Rousseau sont particulièrement à relever94 :

tout d'abord, Rousseau est le premier grand critique de la pensée politique et philosophique telle qu'elle se déploie à partir de la fin du xviie siècle. À l'encontre de Bacon, Descartes, Locke, Newton, il soutient que ce qu'ils nomment « progrès » est d'abord un déclin de la vertu et du bonheur, que les systèmes politiques et sociaux de Hobbes et Locke fondés sur l'interdépendance économique et sur l'intérêt conduisent à l'inégalité, à l'égoïsme et à la société bourgeoise (un terme qu'il est un des premiers à employer)94 ;
ensuite, si Rousseau est un critique de la théorie politique et philosophique de son temps, sa critique vient de l'intérieur. Il ne veut revenir ni à Aristote, ni à l'ancien républicanisme ni à la moralité chrétienne car, s'il accepte bien des préceptes des traditions individualistes et empiristes de son temps, il en tire des conclusions différentes en se posant des questions différentes. Par exemple : est-ce que l'état de guerre de tous contre tous est premier ou est-ce qu'il ne s'agit que d'un accident de l'histoire ? Est-ce que la nature humaine ne peut pas être modelée pour arriver à un État démocratique95 ?
enfin, Rousseau est le premier à penser que la démocratie est la seule forme légitime d'État94.

Jean Bodin, une des sources d'inspiration de Rousseau.
Dans ses écrits politiques, Rousseau se place dans la continuité de Bodin qu'il interprète à l'aide de « la théorie philosophique et juridique du droit naturel moderne »96. Pour lui, Grotius et Pufendorf ainsi que Locke ont commis l'erreur de penser que les passions étaient naturelles97 alors qu'elles ne sont que les produits de l'histoire. Pour Rousseau, la nécessaire satisfaction des besoins primaires (nourriture, abri, etc.) qui imprègne si fortement l'histoire des hommes, tend à les isoler. Elle ne les rapproche pas, comme chez Pufendorf, pas plus qu'elle n'attise leur discorde comme chez Hobbes98.

Prenant position contre Grotius et Hobbes selon qui la liberté peut s'aliéner parce que la vie est première, Rousseau soutient dans Du contrat social, que la liberté est inaliénable car vie et liberté sont synonymes99. De même, alors que chez Hobbes, le peuple est constitué grâce à la terreur qu'exerce sur lui le pouvoir, chez Rousseau, le peuple se constitue grâce à un pacte social qui fonde son unité politique100. À la différence de ce que pensent Locke, Spinoza ou Hobbes, pour Rousseau, une fois le pacte passé, l'être humain perd tout droit naturel101. Il s'oppose sur ce point, à l'école du droit naturel de Pufendorf, Grotius, Burlamaqui, Jean Barbeyrac, qui conçoivent « le droit politique, en tant que droit des sociétés civiles ». Ce que cherche Rousseau, ce n'est pas le droit des sociétés civiles, mais le droit de l'État102.


彼の知的な旅

デイヴィッド・ヒュームの肖像画は、アラン・ラムジーによって、ルソーの肖像画(1766年)と2枚組になるようにデザインされた。ルソーは、2つの肖像画の扱いが非対称であることに苦言を呈した89。

ルソーの感受性の強さは、彼の作品に深い傷跡を残し、彼の生涯を特徴づける諍いの一因となった。デイヴィッド・ヒュームは彼について次のように述べている 90。「生涯、彼は感じることしかしてこなかった。この点で、彼の感受性は、私が他で見たどんなものよりも高みに達している。彼は、衣服だけでなく皮膚ま でも剥ぎ取られ、その状態で荒々しく騒々しい要素と戦うことになった人間のようだ」1。バートランド・ラッセルは次のように付け加えている90:「これ は、ルソーの性格に関する最も同情的な要約であり、少しでも真実と一致するものである。

文脈におけるルソーの哲学

ルソーは哲学の講義を受けていない。独学で学んだルソーが哲学者になることができたのは、読書、とりわけ、デカルト、ロック、マレブランシュ、ライプニッ ツ、ポルト・ロワイヤルの論理学、自然主義者たち91,92といった直前の先人たちの読書のおかげであった。ルソーは、彼を有名にした最初の著作『諸科学 と諸芸術に関する論考』(Discours sur les sciences et les arts)から、自分は職業的な哲学者ではないと主張し、哲学者を自称する一部の人々に対する不信感を表明していた。それに関連して、彼はこう書いてい る:

「いつの時代にも、その世紀、その国、その社会の意見に服従させられる人間がいるものである。自分の世紀を超えて生きたいと思うとき、そのような読者のために書くべきでない93"。

ルソーの思想で特に注目すべき点は3つある94 :

第一に、ルソーは17世紀末以降に発展した政治思想と哲学思想の最初の主要な批判者であった。ベーコン、デカルト、ロック、ニュートンに対抗して、彼らが 「進歩」と呼ぶものは主として徳と幸福の衰退であり、経済的相互依存と利権に基づくホッブズとロックの政治社会制度は不平等、利己主義、ブルジョア社会 (ルソーはこの言葉を最初に使った一人である)をもたらすと主張した94 ;
第二に、ルソーは当時の政治理論や哲学理論を批判していたが、その批判は内面的なものであった。彼はアリストテレスや古代の共和主義、キリスト教道徳に回 帰することを望まなかった。なぜなら、彼は当時の個人主義や経験主義の伝統の戒律の多くを受け入れながらも、異なる問いを立てることによって、それらから 異なる結論を導き出したからである。例えば、万人の万人に対する戦争状態はもともとあったものなのか、それとも歴史の偶然にすぎないのか。人間の本性は民 主的な国家を生み出すように形成することはできないのか95?
最後に、ルソーは民主主義が唯一の正当な国家形態であると最初に考えた94。

ジャン・ボダン、ルソーのインスピレーションの源のひとつ。
ルソーは政治的著作において、「近代自然法の哲学的・法学的理論」を用いて解釈したボダンの足跡をたどっている96。ルソーにとって、グロティウスやプー フェンドルフ、そしてロックは、情念が自然なものであると考えるという過ちを犯したが97、実際には情念は歴史の産物に過ぎなかった。ルソーにとって、人 間の歴史に強く浸透している主要な欲求(食物、住居など)の必要な充足は、人間を孤立させる傾向がある。それは、プーフェンドルフのように人々の距離を縮 めるものでも、ホッブズのように不和を助長するものでもない98。

グロティウスやホッブズに対抗して、ルソーは『社会契約論』の中で、生命が第一義的なものであるために自由が疎外されうるとし、生命と自由は同義であるた めに自由は不可侵であると主張している99。同様に、ホッブズでは人民は権力が人民に対して行使する恐怖によって構成されるのに対し、ルソーでは人民は政 治的団結を基礎づける社会的協定によって構成される100。ロック、スピノザ、ホッブズとは異なり、ルソーにとって、いったん盟約が結ばれると、人間はす べての自然権を失う101。この点で、彼はプーフェンドルフ、グロティウス、ブルラマキ、ジャン・バルベラックの自然法学派と対立していた。彼らは「政治 法は市民社会の法である」と考えていた。ルソーが求めているのは、市民社会の法ではなく、国家の法である102。

L'« illumination de Vincennes », les deux premiers discours et les Lumières
L'illumination de Vincennes et le Discours sur les sciences et les arts
Article détaillé : Discours sur les sciences et les arts.
En 1749, lors d'une visite à Diderot, alors emprisonné à Vincennes, Rousseau lit dans le Mercure de France94 que l'Académie de Dijon a lancé un concours sur la question suivante : « Le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer ou à corrompre les mœurs103 ? » Cette lecture provoque chez lui ce qu'on nomme usuellement l'« illumination de Vincennes »104, événement qui va profondément changer le cours de sa vie : « Tout d'un coup, écrit-il, je me sens l'esprit ébloui de mille lumières ; des foules d'idées s'y présentèrent à la fois avec une force et une confusion qui me jeta dans un trouble inexprimable »103.

Page de grand titre de l'édition originale.
Discours sur les sciences et les arts.
Dans le texte qu'il écrit pour ce concours105, Rousseau s'oppose à Montesquieu, Voltaire et Hume qui voient la modernité et le perfectionnement des arts et des sciences comme extrêmement positifs106. Le citoyen de Genève fait débuter le rétablissement des arts « à la chute du trône de Constantin », c'est-à-dire à la chute de l'Empire byzantin, « qui porta dans l'Italie les débris de l'ancienne Grèce »107. Rousseau, influencé par la pensée des classiques anciens, tels Tite-Live, Tacite ou Plutarque, « dresse un réquisitoire contre la société moderne et l'artifice »108. Ses modèles parmi les Anciens sont Sparte et la République romaine, du temps où elle était « le temple de la vertu » avant de devenir, sous l'Empire, « le théâtre du crime, l'opprobre des nations et le jouet des barbares »109. L'anti-modèle est constitué par la Cité d'Athènes au siècle de Périclès qu'il trouve trop mercantile, trop portée sur la littérature et les arts, toutes choses qui, selon lui, poussent à la corruption des mœurs109.

La pensée de Rousseau s'articule autour de trois axes : la distinction entre les sciences et arts utiles et ceux qu'il estime inutiles, l'importance accordée au génie, l'opposition au luxe qui corrompt la vertu. Concernant le premier point, Rousseau donne aux arts et aux sciences une origine peu flatteuse : « L'astronomie est née de la superstition ; l'éloquence, de l'ambition, de la haine, de la flatterie, du mensonge ; toutes, et la morale même, de l'orgueil humain. Les Sciences et les arts doivent donc leur naissance à nos vices »110. Toutefois, il distingue les sciences et arts utiles, ceux qui portent sur les choses et qui ont trait aux métiers, au travail manuel des hommes (au xviiie siècle, en France, le travail manuel est méprisé) d'avec les sciences et arts abstraits seulement motivés par la recherche du succès mondain111. L'important, chez Rousseau, c'est la vertu, « science sublime des âmes simples » dont les principes sont « gravés dans tous les cœurs » et dont on apprend les lois en écoutant « la voix de sa conscience dans le silence des passions »112.

En concordance avec sa conception du lien entre art ou science et vertu, Rousseau distingue entre le génie, qui ne se laisse pas corrompre par le monde, et le mondain. S'adressant à Voltaire, il écrit : « dites-nous, célèbre Arouet, combien vous avez sacrifié de beautés mâles et fortes à votre fausse délicatesse, et combien l'esprit de la galanterie si fertile en petites choses vous en a coûté de grandes »113. De façon générale, il estime que les génies (Bacon, Descartes, Newton) ont su se focaliser sur l'essentiel et ont contribué à l'amélioration de l'entendement humain : « c'est à ce petit nombre qu'il appartient d'élever des monuments à la gloire de l'esprit humain »114.

Rousseau voit une antinomie entre le luxe, qu'il associe au commerce et à l'argent, et la vertu : « Les anciens politiques parlaient sans cesse de mœurs et de vertu ; les nôtres ne parlent que de commerce et d'argent »115. Pour Rousseau, le luxe conduit au développement des inégalités et à la dépravation des mœurs. Sur ce point, il est en opposition avec le courant majeur de son siècle représenté par des gens comme Mandeville ou Voltaire qui, dans le Mondain, plaide en faveur du superflu, ou encore par les physiocrates ou par David Hume qui voit dans le luxe un aiguillon à l'activité économique116. Le citoyen de Genève, conscient de cette opposition, note :

« Que le luxe soit un signe certain des richesses ; qu'il serve même à les multiplier : que faudra-t-il conclure de ce paradoxe si digne d'être né de nos jours ; et que deviendra la vertu, quand il faudra s'enrichir à quelque prix que ce soit115 ? »

Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes

Article détaillé : Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.
Un Hottentot vêtu d'un pagne indique un bateau à un groupe de bourgeois hollandais qui semblent vouloir le retenir.
« Il retourne chez les égaux », illustration du Discours par Jean-Michel Moreau (1778).

En 1755, Rousseau publie le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes117. Pour Jean Starobinski, Rousseau dans cet ouvrage « recompose une « genèse » philosophique où ne manquent ni le jardin d'Éden, ni la faute, ni la confusion des langues version laïcisée, « démythifiée » de l'histoire des origines, mais qui, en supplantant l'Écriture, la répète dans un autre langage »118.

Rousseau imagine ce qu'aurait pu être l'humanité quand l'Homme était bon : c'est l'état de nature qui n'a peut-être jamais existé. C'est ce qu'on nomme une histoire conjecturale fondée sur une conjecture c'est-à-dire sur une hypothèse118. À partir de cette base, il explique comment l'Homme naturellement bon est devenu mauvais. Selon lui la Chute n'est pas due à Dieu (il le suppose bon), ni à la nature de l'Homme, mais au processus historique lui-même, et aux institutions politiques et économiques qui ont émergé au cours de ce processus119. Chez Rousseau, le mal désigne à la fois les tourments de l'esprit qui préoccupaient tant les stoïciens mais également ce que les Modernes nomment l'aliénation, c'est-à-dire l'extrême attention que les Hommes portent au regard des autres. Attention qui les détourne de leur moi profond, de leur nature120.

Rousseau termine son discours en définissant, d'une part, sa vision de l'égalité où l'inégalité des conditions doit être proportionnée à l'inégalité des talents, et en constatant, d'autre part, que l'Homme ne peut pas revenir en arrière, que l'état de nature est définitivement perdu121.
ヴァンセンヌの照明」、最初の2つの言説と啓蒙主義
ヴァンセンヌの照明」と「科学と芸術に関する講話
詳細記事:『科学と芸術に関する談話』(Discours sur les sciences et les arts.
1749年、当時ヴァンセンヌに収監されていたディドロを訪ねていたルソーは、『メルキュール・ド・フランス』94で、ディジョンのアカデミーが「科学と 芸術の再興は道徳の浄化に貢献したか、それとも堕落に貢献したか103」という問題でコンクールを始めたことを知った。突然、私の心は千の光に眩惑され、 さまざまな考えが一度に押し寄せてきて、言葉にできないほどの混乱に陥った」と書いている103。

初版のタイトルページ。
Discours sur les sciences et les arts.
このコンクールのために書いた文章105の中で、ルソーは、近代化と学芸の向上をきわめて肯定的にとらえていたモンテスキュー、ヴォルテール、ヒュームと 対立している106。ジュネーブの市民は、芸術の再興の始まりを「コンスタンティヌスの王位陥落」、すなわち「イタリアに古代ギリシアの残骸をもたらし た」ビザンチン帝国の崩壊とした107。ルソーは、ティトゥス・リヴィウス、タキトゥス、プルタークといった古代の古典の思想に影響を受け、「近代社会と 作為を告発した」108。彼の古代人のモデルはスパルタとローマ共和国である。ローマ共和国は「美徳の神殿」であったが、帝政期には「犯罪の劇場、国家の 恥辱、野蛮人の遊び相手」となった109。その反モデルはペリクレスの時代のアテネで、アテネはあまりにも商業的で、文学や芸術に集中しすぎており、その すべてが道徳の堕落につながっているとルソーは考えた109。

ルソーの考え方は、有益な科学や芸術と無益なものとの区別、天才の重要性、美徳を堕落させる贅沢への反対という3つの点を中心に展開された。天文学は迷信 から生まれ、雄弁は野心、憎悪、お世辞、嘘から生まれ、それらすべて、そして道徳そのものが人間の高慢から生まれた。したがって、科学と芸術は人間の悪徳 から生まれたものである」110。しかし、彼は有用な科学や芸術、つまり物を扱い、商売や人間の肉体労働(18世紀のフランスでは肉体労働は軽蔑されてい た)に関係するものと、世俗的な成功の追求のみを動機とする抽象的な科学や芸術とを区別した111。ルソーにとって重要なのは徳であり、「単純な魂の崇高 な科学」であり、その原理は「すべての心に刻まれている」ものであり、その法則は「情念の沈黙の中で良心の声」に耳を傾けることによって学ぶことができる 112。

ルソーは、芸術や科学と徳との結びつきについての彼の考え方に沿って、世俗に堕落することを許さない天才と俗人とを区別している。ヴォルテールに向かっ て、彼はこう書いている。「有名なアルーエよ、君がその偽りの繊細さのために、どれだけの男性的で強い美を犠牲にしたのか、また、小さなことでは豊饒な胆 力の精神が、大きなことではどれだけの犠牲を払ったのか教えてくれ」113。一般的に言えば、天才たち(ベーコン、デカルト、ニュートン)は本質的なこと に集中することができ、人間理解の向上に貢献したと彼は感じていた。

ルソーは、商業や金銭を連想させる贅沢と美徳の間にアンチノミーを見出している。「古代の政治家たちはしきりに道徳や美徳について語ったが、われわれの政 治家たちは商業や金銭についてしか語らない」115。ルソーにとって、贅沢は不平等と道徳の堕落をもたらすものであった。この点で、彼はマンデヴィルや ヴォルテールのような、『モンダン』において奢侈を肯定的に論じた人々や、奢侈を経済活動の刺激と見なしたフィジオクラートやデイヴィッド・ヒュームのよ うな人々に代表される、同世紀の大きな潮流と対立していた116。ジュネーブ市民は、このような対立を意識して、こう記している:

「贅沢は富の確かなしるしであり、富を増大させるのに役立つものでさえある。現代に生まれるにふさわしいこのパラドックスから何を結論づけるべきか。

人間の不平等の起源に関する講話
詳細記事:『人間の不平等の起源と基礎に関する談話』。

ふんどし姿のホッテントットが、彼を引き留めようとしているように見えるオランダのブルジョワたちにボートを指し示す。
ジャン=ミシェル・モローによる『談話』の挿絵(1778年)。

1755年、ルソーは『人間相互の不平等の起源と基礎に関する論考』(Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes117)を出版した。ジャン・スタロビンスキーによれば、ルソーはこの著作の中で、「エデンの園も罪悪感も言語の混乱も欠落していない哲学的 『創世記』を再構築している--世俗化され、『非神話化』された起源の物語のバージョンであるが、聖書に取って代わることによって、異なる言語でそれを繰 り返している」118。

ルソーは、人間が善良であったとき、人類がどのようなものであったかを想像する。これはいわゆる推測史であり、推測、すなわち仮説に基づいている118。 これに基づいて、彼は、本来善であった人間がなぜ悪になったのかを説明する。彼によれば、堕落は神(彼は神が善であると仮定している)や人間の本性に起因 するものではなく、歴史的過程そのものと、その過程で生まれた政治的・経済的制度に起因するものである119。ルソーにとって悪とは、ストア学派を夢中に させた精神の苦悩と、現代人が疎外と呼ぶもの、つまり人間が他人の視線に極度に注意を払うことの両方を指す。この注意が、最も深い自己、つまり自分の本質 120から目をそらすのである。

ルソーは、一方では、条件の不平等は才能の不平等に比例しなければならないという平等のビジョンを定義し、他方では、人間は時計の針を戻すことはできない、自然の状態は決定的に失われてしまったと指摘し、演説を終える121。
Changement de vie (1756-1759)

Page d'un livre en latin du seizième siècle comportant une lettrine.
Moralia, 1531

Durant cette période, Rousseau ressent la nécessité de changer de vie et de suivre le précepte qu'il fait figurer désormais dans de nombreux textes « vitam impedere vero (consacrer sa vie à la vérité) »122. Tout d'abord, il change de tenue. « Je quittais la dorure et les bas blancs ; je pris une perruque ronde ; je posais l'épée ; je vendis ma montre en me disant avec une joie incroyable : Grâce au ciel, je n'aurai plus besoin de savoir l'heure qu'il est »123,124. Par ailleurs, il quitte la ville pour s'installer à la campagne, d'abord à l'Ermitage en forêt de Montmorency, puis dans la maison du Petit Mont-Louis. Enfin, il refuse les places et les rentes qu'on lui offre. Pour rester libre, il gagne sa vie en exerçant le métier de copiste de musique. Il rompt, également, le lien fort qui existait entre lui et Diderot depuis 1742125.

Pour Jean Starobinski, la pauvreté ostentatoire de Rousseau a une double visée. C'est d'abord une « démonstration de vertu à la manière stoïcienne ou cynique » destinée à alerter les consciences, à accuser l'inégalité sociale alors très forte. Par ailleurs, elle est une manifestation de la fidélité de Rousseau à son origine sociale126. Toujours selon cet auteur, Rousseau a eu le génie de se conformer à un principe très à la Plutarque, qu'il énonce ainsi dans une lettre adressée à son père alors qu'il n'a que dix-neuf ans : « J'estime mieux une obscure liberté qu'un esclavage brillant »127,126.
人生の転機(1756-1759年)

16世紀のラテン語の本のページ、イニシャルがある。
『モラリア』1531年

この時期、ルソーは自分の生活を変える必要性を感じ、以後、多くの著作に登場する「vitam impedere vero(真理に人生を捧げよ)」という戒律に従った122。まず、彼は服を変えた。「剣を捨て、時計を売り払い、信じられないような喜びをかみしめた。 最後に、彼は提示された地位と年金を拒否した。自由でいるために、彼は楽譜のコピーで生計を立てた。1742125年以来続いていたディドロとの強い絆も 断ち切った。

ジャン・スタロビンスキーにとって、ルソーの仰々しい貧乏には二つの目的があった。第一に、それは「ストア派あるいはキニコス派的な美徳の誇示」であり、 人々の良心に警鐘を鳴らし、当時の社会的不平等の高さを告発することを意図していた。それはまた、ルソーの社会的出自への忠誠心を示すものでもあった 126。同じ著者によれば、ルソーは非常にプルターク的な原則を堅持する天才であり、それは彼がまだ19歳のときに父親に宛てた手紙の中で次のように表現 している。
Le Contrat social et l'Émile
Les ouvrages Du contrat social128 et Émile ou De l'éducation129 sont tous deux parus en 1762. Ils sont presque immédiatement condamnés. En France, la condamnation émane à la fois du Parlement (Ancien Régime) et de la faculté de théologie. À Genève, elle est l'œuvre du Petit Conseil. Ces condamnations auront des conséquences lourdes pour Rousseau dans la mesure où elles le contraignent à une vie d'errance. Si la Révolution française contribue à faire du Contrat social son œuvre la plus estimée en France, la tradition allemande lui préfère le Second Discours et l'Émile130.

Du contrat social
Article détaillé : Du contrat social.

Un homme indique la maxime gravée sur une colonne. Le peuple acclame, deux puissants désapprouvent.
« Force n'est pas droit », gravure sur cuivre pour l'édition Didot-Bozarian du Contrat (1801).

Au départ, Rousseau veut écrire un livre intitulé Institutions politiques. Puis, il abandonne ce projet parce qu'il l'estime déjà traité par Montesquieu. Il entreprend alors d'écrire un livre tourné vers la nature des choses et qui soit par là à même de fonder le droit politique96. Comparant le livre de Montesquieu et le sien, il écrit dans Émile, « l'illustre Montesquieu … se contenta de traiter du droit positif des gouvernements établis ; et rien au monde n'est plus différent que ces deux études »131. Le Contrat social vise en effet à fonder à la fois le droit politique et l'État. Selon Mairet, ce qui donne à cet ouvrage son statut unique c'est qu'à la manière de Platon, il « établit d'emblée la liaison de la vérité et de la liberté »132.

La notion de Contrat social ne doit pas s'entendre comme désignant un contrat formel entre individus mais comme l'expression de l'idée selon laquelle, « le pouvoir légitime pour gouverner n'est pas directement fondé sur un titre divin ou sur un droit naturel à gouverner, mais doit être ratifié (« autorisé ») par le consentement des gouvernés »133.

Dans Du contrat social Rousseau cherche à répondre à ce qu'il pense être la question fondamentale de la politique à savoir : comment réconcilier la liberté des citoyens avec l'autorité de l'État fondée sur la notion de souveraineté qu'il reprend à Bodin134. Pour Gérard Mairet, la nouveauté radicale du Contrat social vient de ce qu'il affirme à la fois que le peuple est souverain et que la république est une démocratie135. Dans cet ouvrage, Rousseau veut absolument éviter que les êtres humains soient soumis à l'arbitraire des chefs, c'est pourquoi, comme il l'indique dans une lettre du 26 juillet 1767 adressée à Mirabeau, son but est de « trouver une forme de gouvernement qui mette la loi au-dessus des hommes »136. Rousseau veut allier idéalisme politique et réalisme anthropologique. Il écrit à ce propos : « Je veux chercher si, dans l'ordre civil, il peut y avoir quelque règle d'administration légitime et sûre, en prenant les hommes tels qu'ils sont et les lois telles qu'elles peuvent être. Je tâcherai d'allier toujours, dans cette recherche, ce que le droit permet avec ce que l'intérêt prescrit, afin que la justice et l'utilité ne se trouvent point divisées »137.

Le Contrat social comporte quatre livres. Les deux premiers sont consacrés à la théorie de la souveraineté et les deux derniers à la théorie du gouvernement138.

Émile, ou De l’éducation
Article détaillé : Émile ou De l'éducation.

Dans une chambre un homme et une femme regardent des enfants jouer au pied d'un lit.
« Voilà la règle de la nature. Pourquoi la contrariez-vous ? ». Illustration pour l'Émile de Jean-Michel Moreau (1777).
Cet ouvrage commencé en 1758 et publié en 1762 en même temps que le Contrat social est à la fois un des plus importants traités d'éducation et un des plus influentsn 5. L'ouvrage s'inscrit dans la lignée de La République de Platon et des Aventures de Télémaque de Fénelon, qui mêlent politique et éducation (Rousseau cite particulièrement le dialogue de Platon, le présentant comme un ouvrage d'éducation qu'on aurait eu tort de juger selon le titre). Peu de choses disposent Rousseau à écrire un ouvrage sur l'éducation. S'il a été précepteur des enfants de Mably (le frère de Condillac et de l'Abbé de Mably), l'expérience semble n'avoir pas été très concluante. Par ailleurs, comme Voltaire ne manquera pas de le faire savoir, Rousseau a abandonné ses cinq enfants, nés entre 1746-1747 et 1751-1752, à l'hospice des enfants trouvés139, bien qu'il incite à être parent (les femmes à faire des enfants et les pères à s'occuper de l'éducation de leurs enfants)

Du haut d'une colline un homme fait admirer à un autre le paysage de la vallée du Pô au soleil levant.
« La nature étalait à nos yeux toute sa magnificence ». Émile et le vicaire savoyard, Jean-Michel Moreau (1777).
L'ouvrage repose sur la conception fondamentale de Rousseau selon laquelle l'Homme est né bon mais la société l'a corrompu. Ainsi pose-t-il comme « maxime incontestable que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits : il n'y a point de perversité originelle dans le cœur humain. Il ne s'y trouve pas un seul vice dont on ne puisse dire comment et par où il y est entré »140,139. Rousseau divise l'éducation des êtres humains en cinq phases correspondant aux cinq livres de l'Émile. Le livre I traite des nouveau-nés, le livre II des enfants de 2 à 10/12 ans, le livre III des 12 à 15/16 ans, le livre IV de la puberté dominée par des conflits entre raison et passions, tout en abordant aussi des questions de métaphysique ou de religion dans une section connue sous le titre de La Profession de foi du vicaire savoyard et qui a été publiée à part. Enfin le livre V traite du jeune adulte au moment où il s'initie à la politique et prend une compagne141.

En lien avec sa conception de la personne humaine, l'éducation doit d'abord être négative c'est-à-dire qu'on ne doit pas commencer par instruire car par là on risque de pervertir la nature humaine : « La première éducation doit donc être purement négative. Elle consiste, non point à enseigner la vertu ni la vérité, mais à garantir le cœur du vice et l’esprit de l’erreur »142. Il reproche justement à John Locke, dans ses Pensées sur l'éducation (1693), de vouloir trop tôt considérer l'enfant comme un être raisonnable143 et de vouloir utiliser l'éducation pour transformer l'enfant en homme, plutôt que de laisser l'enfant être un enfant, en attendant qu'il grandisse et devienne adulte de manière naturelle144. Pour Rousseau, c'est seulement au moment de la puberté que l'éducation doit donner une formation morale et permettre à l'adolescent d'intégrer le monde social.


社会契約』と『エミール
社会契約』128と『エミール』129はともに1762年に出版された。それらはほとんど即座に非難された。フランスでは、議会(アンシャン・レジーム) と神学部の両方から非難された。ジュネーヴでは、プチ・コンセイユからのものであった。これらの非難はルソーに深刻な結果をもたらし、放浪生活を余儀なく された。フランス革命の影響もあって、フランスでは『社会契約論』が最も高く評価されたが、ドイツの伝統は『第二講話』と『エミール』を好んだ130。

社会契約論
詳細記事:「社会契約論」

ある男が柱に刻まれた格言を指差す。民衆は歓声を上げるが、2人の権力者が反対する。
「Force n'est pas droit"、ディドー・ボザリアン版『契約』(1801年)のための銅版画。

当初、ルソーは『政治制度』という本を書こうとしていた。しかし、すでにモンテスキューによって扱われていると感じたため、この計画は断念した。そして、 政治法の基礎となるような、物事の本質についての本を書こうとしたのである96。モンテスキューの著書と自分の著書とを比較して、彼は『エミール』の中 で、「著名なモンテスキューは......既成政府の正法を扱うことで満足していた。社会契約』の目的は、政治法と国家の両方を創設することである。マイ レによれば、この著作に独自の地位を与えているのは、プラトン流に言えば、「真理と自由との結びつきを最初から確立している」ことである132。

社会契約という概念は、個人間の形式的な契約を指すものとして理解されるべきではなく、「統治する正当な権力は、神の称号や自然的な統治権に直接基づくも のではなく、被統治者の同意によって批准(「承認」)されなければならない」という考えを表現したものとして理解されるべきである133。

ルソーは『社会契約』において、政治の根本的な問題であると考えるもの、すなわち、ボダンから学んだ主権の概念に基づいて、市民の自由と国家の権威をいか に調和させるかという問題に答えようとしている134。ジェラール・メレにとって、『社会契約論』の根本的な新しさは、人民が主権者であることと、共和制 が民主主義であることの両方を主張している点にある135。1767年7月26日付のミラボー宛書簡にあるように、ルソーはこの著作の中で、人間が支配者 の恣意にさらされるのを防ごうと決意しており、その目的は「人間よりも法を優先させる政治形態を見出す」ことであると述べている136。ルソーは政治的理 想主義と人間学的現実主義を結びつけたいと考えていた。この点に関して、彼は次のように書いている。「私は、市民秩序において、人間をありのままに、法を ありのままにとらえ、合法的で信頼できる統治規則が存在しうるかどうかを見極めたい。この探求において、私は常に、法が許容するものと利害が規定するもの とを結合させ、正義と効用とが分断されないようにしなければならない」137。

社会契約』は4冊の本から成る。最初の2冊は主権論に、最後の2冊は政府論に充てられている138。

エミール、あるいは教育について
詳細記事:『エミール、あるいは教育について』(Émile ou De l'éducation.)

寝室で男女がベッドの足元で遊ぶ子供たちを見ている。
「これは自然のルールだ。なぜそれに逆らうのか?ジャン=ミシェル・モローによる『エミール』の挿絵(1777年)。
1758年に着手され、1762年に『社会契約論』と同時に出版されたこの著作は、教育に関する最も重要な論説のひとつであると同時に、最も影響力のある 著作のひとつでもある5。この著作は、プラトンの『共和国』やフェネロンの『テレマキウスの冒険』に続くもので、政治と教育を結びつけている(ルソーは特 にプラトンの対話を引き合いに出し、タイトルで判断すべきではない教育著作として紹介している)。ルソーが教育に関する著作を書く理由はほとんどなかっ た。彼はMably(コンディヤックの弟でMably修道院長)の子供たちの家庭教師をしていたが、その経験はあまり決定的なものではなかったようだ。さ らに、ヴォルテールが必ず指摘したように、ルソーは、1746年から1747年と1751年から1752年の間に生まれた5人の子供を、拾われた子供のた めのホスピスに捨てた139。

ある男が丘の上から、朝日に照らされたポー渓谷の風景を別の男に見せる。
「自然は私たちの目の前でその壮大さをすべて見せてくれた」。Émile et le vicaire savoyard』ジャン=ミシェル・モロー(1777年)。
この作品は、人間は生まれながらに善良であるが、社会が彼を堕落させたというルソーの基本的な考えに基づいている。そのため彼は、「自然の最初の動きはつ ねにまっすぐであることは疑いようのない格言である。人間の心には、どのようにして、またどのような手段で入り込んだのか、言うことのできない悪徳は一つ もない」140,139。ルソーは人間の教育を、『エミール』の五書に対応する五つの段階に分けている。第一書では新生児を、第二書では2歳から10歳 /12歳の子供を、第三書では12歳から15歳/16歳の子供を、第四書では思春期を扱っている。思春期は理性と情熱の葛藤に支配されるが、同時に『サ ヴォワヤール司祭の信仰告白』(La Profession de foi du vicaire savoyard)として知られる部分で形而上学と宗教の問題も扱っている。最後に、第5巻では、政治に入門し、伴侶を得るまでの青年を扱っている 141。

彼の人間観に沿えば、教育はまず否定的でなければならない。つまり、人間の本性を曲げる危険があるため、教えることから始めてはならない。それは美徳や真 理を教えることではなく、心を悪徳から守り、心を誤りから守ることである」142。ルソーは『教育についての考察』(1693年)の中で、ジョン・ロック があまりに早い時期から子どもを合理的な存在とみなそうとし143、子どもを子どものままにしておいて、自然な形で成長して大人になるのを待つのではな く、教育によって子どもを人間に変えようとしたことを批判した144。ルソーにとって、教育が道徳的訓練を提供し、青年が社会的世界に溶け込めるようにす べきなのは思春期になってからであった。

Rousseau et la religion
Articles détaillés : Lettres écrites de la montagne, La Profession de foi du vicaire savoyard et Lettre à Christophe de Beaumont.

Deux hommes assis, deux femmes debout, l'une en pleurs, l'autre en prières, regardent une mourante dans son lit.
« Ô grand Être! », gravure de Daniel Chodowiecki pour Julie ou la nouvelle Héloïse (1782).
Trois groupes de textes sont à prendre en compte pour comprendre le rapport de Rousseau à la religion :

les écrits « théoriques », ou « dogmatiques », comme la Lettre à Voltaire sur la Providence, le livre IV de l'Émile intitulé Profession de foi du vicaire savoyard, ajouté in extremis à l'ouvrage, peu avant l'impression ; le 8e et dernier chapitre du Contrat social, lui aussi ajouté au dernier moment à la fin du livre (ce chapitre 8 est le plus long de l'ensemble de l'ouvrage) ; enfin, Julie ou la nouvelle Héloïse. On remarquera que ces trois derniers ouvrages ont été publiés à la même période (1762-1763) ;
les écrits de justification ou de polémique : la Lettre à Christophe de Beaumont145, les Lettres écrites de la montagne146 et les Dialogues (Rousseau juge de Jean-Jacques) ;
la correspondance privée, notamment les lettres à Paul Moultou et la lettre à Franquières de 1769n 6.
La foi chrétienne de Rousseau est une sorte de déisme rationaliste, héritée de Bernard Lamy et de Nicolas Malebranchen 7 : il y a un dieu parce que la nature et l'univers sont ordonnés. Rousseau n'est pas matérialiste (voir la Lettre à Franquières), mais il n'est ni un protestant orthodoxe, ni un catholique romain. Pourtant, il se dit « croyant », y compris dans sa lettre du 14 février 1769 à Paul Moultou, lequel semble désireux de renoncer à sa foi, et qu'il exhorte à ne pas « suivre la mode »n 8.

En particulier, Rousseau ne croit pas au péché originel, une doctrine qui incrimine la nature humaine et qu'il a longuement combattue. Il parle avec ironie de ce péché « pour lequel nous sommes punis très justement des fautes que nous n’avons pas commises » (Mémoire à M. de Mably)147. S'il rejette cette doctrine, c'est pour des raisons théologiques, car il voit dans les implications de ce dogme une conception dure et inhumaine, qui « obscurcit beaucoup la justice et la bonté de l'Être suprême » ; mais c'est aussi parce que, se sentant bon, il ne peut concevoir d'être affecté par une tare secrète148. Cette position l'amènera à forger la fiction d'un « état de nature », extra-moral et extra-historique, pour écarter tous les faits de l'histoire149.


ルソーと宗教
詳細記事 山上の手紙」、「サヴォヤール司祭の職業」、「クリストフ・ド・ボーモンへの手紙」。

座っている2人の男性と立っている2人の女性。1人は泣き、もう1人は祈りながら、ベッドで死にゆく女性を見ている。
「偉大なる存在よ」、ダニエル・ショドヴィエツキによる『ジュリー・オゥ・ラ・ヌーヴェル・エロイーズ』(1782年)のためのエングレーヴィング。
ルソーと宗教の関係を理解するためには、3つのテキスト群を考慮に入れる必要がある:

理論的」あるいは「教義的」な著作、例えば、『摂理に関するヴォルテールへの手紙』、『エミール』第4巻の『サヴォワヤール司祭の信仰告白』 (Profession de foi du vicaire savoyard)、『社会契約』第8章(Contrat social)の最終章(この第8章は全著作の中で最も長い)、最後に『ジュリーあるいは新しいヘロワーズ』(Julie ou la nouvelle Héloïse)である。これら最後の3作品は同時期(1762-1763)に出版された;
正当化または極論的著作:『クリストフ・ド・ボーモンへの手紙』145、『山上の手紙』146、『対話』(ルソーはジャン=ジャックを裁いた);
私信、特にポール・ムルトゥへの手紙と1769年6月のフランキエールへの手紙。
ルソーのキリスト教信仰は、ベルナール・ラミーやニコラ・マレブランシェン7から受け継いだ一種の合理主義的神論である。ルソーは唯物論者ではなかったが (フランキエールへの手紙を参照)、正統的なプロテスタントでもローマ・カトリックでもなかった。しかし、1769年2月14日付のポール・ムルトゥー宛 の手紙では、信仰を捨てようとしているように見えたポール・ムルトゥーに「流行を追わないように」と呼びかけるなど、「信仰者」であることを主張している n 8。

特にルソーは原罪を信じていなかった。この教義は人間の本性を罪に問うもので、ルソーは長い間この教義と闘ってきた。彼はこの罪について、「私たちが犯し てもいない過ちのために、非常に正当に罰せられる」(Mémoire à M. de Mably)147と皮肉たっぷりに語っている。彼がこの教義を否定するとすれば、それは神学的な理由によるものである。なぜなら、彼はこの教義の含意 に、「至高神の正義と善を大いに曖昧にする」過酷で非人間的な観念を見るからである。このような立場から、彼は歴史の事実をすべて否定するために、超道徳 的で超歴史的な「自然状態」というフィクションを作り上げた149。

Rousseau vu par lui-même
Articles détaillés : Les Confessions (Rousseau), Rousseau juge de Jean-Jacques et Les Rêveries du promeneur solitaire.

Un homme tenant un livre et un chien, assis devant une cabane en pierres au toit de chaume. Derrière, des sapins.
La « cabane du philosophe », fabrique du Désert (partie nord-ouest du parc d'Ermenonville), où Jean-Jacques Rousseau passait de longues heures lors de son séjour en 1778. Gravure de Motte, vers 1810.

En guise d'autobiographie, Rousseau a écrit trois ouvrages : Les Confessions, Rousseau juge de Jean-Jacques, et les Rêveries du promeneur solitaire, ouvrage qu'il n'achèvera pas.

La rédaction des Confessions s'échelonne de 1763 ou 1764 à 1770. Si Rousseau présente dans cet ouvrage ses fautes passées, tel l'épisode du ruban volé150, les Confessions sont moins des confessions au sens d'augustinien, qu'une sorte d'autoportrait à la Montaigne. L'objet du livre « est de faire connaître exactement mon intérieur dans toutes les situations de ma vie. C'est l'histoire de mon âme que j'ai promise »151,152.

Il écrit Rousseau juge de Jean-Jacques durant la période allant de 1772 à 1776. L'ouvrage paraît partiellement en 1780 et suscite un certain malaise car Rousseau y dénonce un complot qui serait mené contre lui par Grimm, Voltaire, D'Alembert et David Hume153. Dans cet écrit, Rousseau dialogue avec Jean-Jacques qui représente le Rousseau tel que le voient ses ennemis et un troisième personnage appelé « le Français » qui représente l'opinion publique, c'est-à-dire quelqu'un qui n'a ni rencontré Rousseau, ni lu ses livres. C'est ce personnage qu'il veut convaincre154.

Les Rêveries du promeneur solitaire sont écrites entre 1776 et 1778, jusqu'à la mort de Rousseau. Si dans ce livre, la vie est « constituée en objet philosophique »155, des contradictions sont visibles entre son projet politique qui vise à intégrer le citoyen dans la vie politique et l'inclination profonde de Rousseau. Il écrit « […] Je n'ai jamais été vraiment propre à la société civile où tout est gêne, obligation, devoir, et […] mon naturel indépendant me rendit toujours incapable des assujettissements nécessaires à qui veut vivre avec les hommes »156,157.

Le statut de ces textes pose un problème. Pour Alexis Philonenko, la philosophie de Rousseau « face à l'obstacle a reflué vers une théorie de l'existence individuelle ». Au contraire, pour Géraldine Lepan, ces œuvres « peuvent être lues comme le complément nécessaire du « triste et grand système » issu de l'Illumination de Vincennes »158. L'objectif serait toujours le même : « dévoiler le moi sous les déformations sociales »159.
ルソー自身から見たルソー
詳細記事 告白』(ルソー)、『ルソー・ジュジュ・ドゥ・ジャン=ジャック』、『孤独な約束』(Les Rêveries du promeneur solitaire)。

茅葺きの石造りの小屋の前に、本と犬を抱えた男が座っている。背後にはモミの木。
デゼール工場(エルメノンヴィル公園の北西部)にある「哲学者の小屋」で、ジャン=ジャック・ルソーが1778年の滞在中に長時間過ごした場所である。モットによる1810年頃の版画。

ルソーは自伝として、『告白』、『ルソー・ジュジュ・ド・ジャン=ジャック』、『孤独な夢想家の後悔』という3つの作品を書いた。

告白』は1763年か1764年から1770年の間に書かれた。ルソーはこの作品で、盗まれたリボン150にまつわるエピソードなど、自分の過去の過ちを 披露しているが、『告白』はアウグスティヌス的な意味での告白というよりは、モンテーニュ的な自画像のようなものである。この本の目的は、「私の人生のあ らゆる状況において、私の内面にあるものを正確に知らせることである。それは、私が約束した私の魂の物語である」151,152。

彼は1772年から1776年にかけて『ルソー・ジュジュ・ド・ジャン=ジャック』を執筆した。この著作は1780年に一部出版され、ルソーがグリム、 ヴォルテール、ダランベール、デイヴィッド・ヒュームの陰謀を告発したことで、ある種の不安を引き起こした153。その中でルソーは、敵から見たルソーを 象徴するジャン=ジャックと、世論を代表する「フランス人」と呼ばれる第三の人物、つまりルソーに会ったこともなければ彼の著作を読んだこともない人物と 対話する。ルソーが説得したいのはこの人物である154。

Les Rêveries du promeneur solitaire』は、ルソーが亡くなるまでの1776年から1778年にかけて書かれた。この本では、人生は「哲学的対象として構成」されている 155 が、市民を政治生活に統合することを目指す彼の政治的プロジェクトと、ルソーの心の奥底にある傾向との間には矛盾が見られる。彼は「......私は、す べてが障害であり、義務であり、義務であるような市民社会には決して向いていない。

これらのテキストの位置づけが問題となる。アレクシス・フィロネンコにとって、ルソーの哲学は「障害に直面し、個人の存在論に後退した」。一方、ジェラル ディーヌ・ルパンにとっては、これらの著作は「『ヴァンセンヌの照明』から生まれた『悲しく偉大な体系』を補完するために必要なものとして読むことができ る」158。その目的は常に同じである。「社会的変形の下にある自己を明らかにすること」159である。
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau
続きは「ルソーにおける人間の本性と推測の歴史」へ

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