はじめによんでね

植民地状況における心理学

Psychology in Colonian/Post-colonical Situation, or the End of Psy-Anthro.:心理人類学の発展と終焉

Poster for the concert of the LAST John Coltrane Septet, 1967

池田光穂

植民地状況における心理学

・マノーニ『植民地化の心理学』 (1950)[O.Mannoni, Psychologie de la colonisation, Paris, 1950](cap.2, La sitiation coloniale et le racisme)

「人種間対立は第一次的あるいは自然発生 的な現象ではない」「人種主義は事態の動きに伴って漸次形成される」。バランディエ(1983)の パラフレーズによると「人種主義は植民地民族がその依存から解放されるようにみえる時しか「姿を現さず」、葛藤も明確な形にはならない」(バランディエ, 1983:52)。

préface

  Les vies multiples d’un livre intempestif

  Accueilli lors de sa parution, en 1950, par une véritable levée de boucliers, aussi bien de la part des marxistes ortho‑ doxes que des principaux tenants de la Négritude – Alioune Diop, Aimé Césaire, mais aussi Frantz Fanon, qui l’a contesté vigoureusement dans Peau noire, masques blancs, tout en lui reconnaissant un rôle d’éclaireur. –, Psychologie de la colonisation aura été décidément un livre intempestif. Non seu‑ lement parce qu’il représentait à l’époque la toute première tentative de description de l’économie libidinale inconsciente propre au monde colonial – monde que l’auteur connais‑ sait intimement –, mais aussi dans la mesure où il laissait entendre que la relation coloniale ne saurait disparaître d’un coup, même après l’émancipation des peuples colonisés. Autrement dit, bien que rédigé à la fin des années 1940, à une époque où les décolonisations n’étaient qu’amorcées, il adoptait déjà une perspective postcoloniale, laissant entendre que les effets de l’expérience coloniale s’inscriraient dans la longue durée, aussi bien pour les anciens colonisés que pour les anciens colonisateurs. Cela ne pouvait que dérouter ceux qui constituaient le front anticolonial. Pour autant, en dépit du trouble qu’il suscita chez ces derniers, il ne manqua pas de produire a posteriori des effets notables, en particulier après la fin de la guerre d’Algérie et dans le monde anglophone. Tâchons donc de fournir quelques éléments sur la trajec‑ toire étonnante de ce texte, qui aura connu, en l’espace d’un demi-siècle, trois versions chez trois éditeurs différents : Psychologie de la colonisation (Seuil, 1950), Prospero et Caliban (Éditions universitaires, 1984) et Le Racisme revisité.

  Madagascar, 1947 (Denoël, 1997). Les fluctuations mêmes de son titre montrent la diffi‑ culté d’inscrire cet essai dans une catégorie stable : s’agit-il d’un ouvrage qui s’insère dans la lignée de l’ethnographie coloniale, voire de la psychologie des peuples, d’avant la Seconde Guerre mondiale ? Faut-il le considérer comme une analyse de la relation dialectique maître-serviteur, ce que laisse entendre le titre Prospero et Caliban, emprunté à La Tempête de Shakespeare et qui fut également choisi pour sa traduction anglaise ? Ou encore, ne faut-il pas le lire comme portant sur la question du racisme colonial et sur la grande révolte de Madagascar en 1947, comme le laisse entendre le titre choisi par Maud Mannoni pour son édition posthume de 1997 ?

  En fait, Psychologie de la colonisation est toutes ces choses à la fois, et davantage, comme on va le voir dans cette courte préface à sa quatrième édition, pour laquelle on a choisi de revenir au titre original. Qui était donc Octave Mannoni ? Quelle fut sa trajectoire intellectuelle et subjective, avant qu’il devienne, à partir des années 1960, une voix reconnue de la psychanalyse française, notamment pour ses écrits sur le théâtre et pour un petit texte analytique destiné à laisser une trace durable dans l’histoire de la psychanalyse, « Je sais bien, mais quand même… » (1964), dont on a récemment établi le lien théorique, resté longtemps inaperçu, avec Psychologie de la colonisation1 ? Né en 1899, Mannoni fait ses études supérieures à Stras‑ bourg, où il fréquente notamment les cours de Maurice Halbwachs. . Il part en 1925 pour la Martinique, où il est professeur de lettres et philosophie au lycée Schoelcher de Fort-de-France. Dès cette époque il fait preuve d’intérêt pour le monde « interracial », participant à la fondation de la revue Lucioles, avec entre autres le poète Gilbert Gratiant, l’un des tout premiers à publier des vers en créole. Pen‑ dant longtemps, ses intérêts vont en effet plus à la littérature qu’à la philosophie. Après une courte période à La Réunion, il arrive à Madagascar en octobre 1931, au lycée Gallieni d’Antananarivo, où il enseignera dix-sept ans. Nul doute que l’expérience de la guerre a ébranlé ses rares certitudes, comme on le constate à la lecture de son journal intime, publié à titre posthume.

  . Madagascar est alors occupée par les Anglais dans le but d’y contrer les vichystes, un épisode qui va avoir de lourdes conséquences « psychologiques » sur la population malgache, car il va compromettre l’image même du colonisateur. Au moment de sa rencontre avec Lacan, en novembre 1945, lors d’un congé extraordinaire accordé aux fonctionnaires expatriés, Mannoni a donc une première vie derrière lui : un quart de siècle passé dans le monde colonial ; une passion pour la philosophie (surtout la phénoménologie et l’existentialisme) ; un fort penchant pour la littérature (en particulier la poésie) ; ainsi qu’un vif intérêt pour l’ethnographie et la botanique. Le rapprochement intellectuel avec la psychanalyse est donc déjà en cours, dans cette période de crise, à la fois subjective (Mannoni entend quitter Madagascar et se séparer de sa première femme, ren‑ contrée dans ses jeunes années), politique (l’Empire colonial français apparaissant sur la voie d’un déclin inéluctable) et morale (éloignement de la philosophie). À ce moment-là, la rencontre avec Lacan et le début d’une analyse avec celui-ci jouent le rôle d’une véritable renaissance subjective, qui semble lui donner des ailes. À son retour à Madagascar, en février 1946, Mannoni, qui entre-temps s’est rapproché du PCF et de la CGT locale, est nommé directeur du service d’information de la colonie, ce qui revient essentiellement à diriger la Revue de Madagascar, organe culturel de la Grande Île. Expérience de courte durée : il est débarqué de son poste à peine six mois plus tard1 . Cette éviction, dont les raisons ne sont pas claires, referme définitivement, à ses yeux, sa longue parenthèse malgache, tout en l’encourageant à en tirer une sorte de bilan général, à la fois personnel et impersonnel, dans son projet d’« avancer dans le domaine obscur et imprécis de la psychologie interraciale », projet formulé dès février 1946 dans son journal . Psychologie de la colonisation en sera le fruit, élaboré donc entre 1946 et l’été 1947, lorsque Mannoni rentre définitivement en France et commence à mettre en forme son manuscrit.

  . C’est au moment même où Mannoni est plongé dans la rédaction de son livre qu’un événement imprévu surgit : une révolte sans précédent de la petite paysannerie malgache de la côte ouest, la « révolte des sagaies », fera trembler l’ordre colonial avant que l’armée reprenne le contrôle grâce à l’intervention de troupes sénégalaises et au prix de plusieurs dizaines de milliers de morts1 . L’irruption de ce vaste soulèvement, qui n’était pas le fait des milieux indé‑ pendantistes urbains, mais venait de groupes sociaux subal‑ ternes peu intégrés au système colonial, va entrer en ligne de compte dans les analyses de Mannoni, dont ce premier livre revêt finalement un triple caractère : une tentative inédite d’appliquer la psychanalyse à une saisie de la « situation coloniale », entendant par là une relation intersubjective, et non pas un rapport unilatéral de domination ; une lecture psycho-anthropologique de la subjectivité du colonisateur, et non pas une psychologie du peuple colonisé, comme le voulait toute une tradition de matrice coloniale ; et enfin, une analyse de conjoncture, celle de la grande révolte de 1947, qui fonctionne comme lieu de véridiction ultime des analyses précédentes.

  Il faudrait pouvoir déplier en détail ces points, en insis‑ tant par exemple sur le syntagme « situation coloniale », qui se trouve au centre de la perspective mannonienne, où le monde colonial est envisagé comme une scène, presque au sens théâtral, où chacun des protagonistes se retrouve à jouer un rôle – celui du maître inébranlable, en ce qui concerne le colonisateur, et celui de l’enfant efféminé et primitif, en ce qui concerne le colonisé –, si ce n’est que maints indices, pour ne pas dire maints symptômes, ne cessent de signaler qu’une telle répartition des rôles est largement fantasmatique, et fondée sur un « malentendu réciproque » qui rend la situation coloniale extrêmement précaire, du point de vue psychologique, même lorsqu’elle semble matériellement bien assise.

  Il faudrait examiner en détail comment Mannoni reprend la catégorie analytique de « complexe d’infériorité », élabo‑ rée par un disciple dissident de Freud, Alfred Adler, pour l’appliquer au fonctionnement inconscient du colonisateur, au lieu de l’utiliser pour épingler le colonisé. Il faudrait enfin prendre au sérieux la troisième partie du livre, où Mannoni s’efforce d’imaginer une voie originale pour la décolonisation de Madagascar, qui ne passerait pas par le transfert massif de souveraineté de l’État colonial à l’État postcolonial, mais s’efforcerait de construire un transfert multiple, diffracté, basé sur la réactualisation des fokon’olona, les communautés villageoises, selon un modèle qui n’est pas sans faire son‑ ger à l’idéal gandhien d’une Nation rurale. Il faudrait enfin considérer la section finale du livre, où Descartes rejoint Robinson Crusoé en tant qu’idéal-type philosophique de l’Homo colonicus.

  Mais une telle tâche dépasse le cadre de cette courte pré‑ face, en conclusion de laquelle on identifiera néanmoins trois raisons essentielles pour (re)lire Psychologie de la colonisation : tout d’abord, parce qu’il s’inscrit d’emblée au-delà de l’horizon des décolonisations politiques, ce livre joue un rôle fondateur dans le champ de la pensée postcoloniale ; ensuite, parce qu’il mobilise pour la première fois la psychanalyse pour une saisie critique de la condition (post)coloniale, il joue un rôle moteur pour la prise de parole de Fanon, première voix freudo-marxiste issue du monde colonial ; enfin, en associant anthropologie, sociologie, histoire, philosophie et psychanalyse, il anticipe la construction d’un paradigme cri‑ tique plus large, devenu davantage intelligible aujourd’hui, à l’heure où la pensée critique postcoloniale s’abreuve à toutes ces sources.


  L’heure est donc venue de rendre au premier livre d’Octave Mannoni la place qui est la sienne, celle d’un classique postcolonial, dont la réédition ne peut qu’enrichir et donner une profondeur historique aux débats actuels. Livio Boni À Paris, janvier 2022
序文

不朽の名著の数奇な人生

1950年に出版された『植民地化の心理学』は、正統派のマルクス主義者だけでなく、『ネグリチュード』の主唱者であるアリウヌ・ディオップ、エメ・セ ゼール、さらには『黒い肌、白い仮面』で激しく異議を唱えたフランツ・ファノンからも、まさに大反響をもって迎えられた。-植民地化の心理学』は、時期尚 早の本だった。当時、植民地世界特有の無意識的なリビドナル・エコノミー--著者はこの世界を熟知していた--を記述する最初の試みであったからというだ けでなく、植民地関係が、被植民地の人々の解放後も、一度に消滅することはありえないことを示唆していたからである。言い換えれば、本書は1940年代 末、脱植民地化が始まったばかりの時期に書かれたにもかかわらず、すでにポストコロニアルの視点を取り入れており、旧植民地化された人々にとっても旧植民 地化した人々にとっても、植民地体験の影響は長期にわたることを示唆していたのである。これは、反植民地戦線を形成する人々を混乱させるに違いなかった。 しかし、それが彼らを混乱させたにもかかわらず、特にアルジェリア戦争終結後、英語圏において、事後的に注目すべき効果を生み出さなかったわけではない。 そこで、半世紀の間に3つの異なる出版社から3つの版が出版されたこのテキストの驚くべき軌跡について、少し考察してみよう: 植民地化の心理学』(Seuil、1950年)、『プロスペロとカリバン』(Éditions universitaires、1984年)、『人種差別の再検討』(Le Racisme revisité)である。

マダガスカル、1947年』(Denoël、1997年)である。第二次世界大戦前の植民地民族誌の伝統に則った作品なのか、あるいは民族の心理学なの か。シェイクスピアの『テンペスト』から借用し、英訳版にも選ばれた『Prospero et Caliban』というタイトルが示唆するように、主従弁証法の分析と見るべきなのか。それとも、モード・マンノーニが1997年に出版した遺稿集のタイ トルが示唆するように、植民地人種差別と1947年のマダガスカルにおける大反乱の問題を扱っていると読むべきなのだろうか?

実際、『植民地支配の心理学』は、これらすべてを一度に、そしてそれ以上に扱っているのである。では、オクターヴ・マンノーニとは何者だったのか。彼が 1960年代以降、フランスの精神分析界でその名を知られるようになるまでには、どのような知的・主観的軌跡をたどってきたのだろうか。特に、演劇に関す る著作と、精神分析史に名を残すことになった短い分析テキスト『よく分かっているが、それでも...』(Je sais bien, mais quand même.) (1964)との理論的なつながりは、長い間気づかれることがなかったが、最近、植民地化心理学(Psychologie de la colonisation)1によって確立された。マンノーニは1899年に生まれ、ストラスブールの大学に進学し、モーリス・ハルブワックスに師事し た。1925年にマルティニークに移り、フォール・ド・フランスのリセ・ショエルシェで文学と哲学を教えた。この頃から「異人種」の世界に興味を示し、詩 人ジルベール・グラティアンらと雑誌『ルシオール』の創刊に携わる。長い間、彼の関心は哲学よりも文学にあった。レユニオンに短期間滞在した後、1931 年10月にマダガスカルに到着し、アンタナナリボのリセ・ガリエニで17年間教鞭をとった。死後に出版された彼の日記からもわかるように、戦争体験が彼の 数少ない確信を揺るがしたことは間違いない。

. マダガスカルはその後、ヴィシー主義者に対抗するためにイギリスに占領されたが、このエピソードは、植民地支配者のイメージそのものを損ない、マダガスカ ルの人々に深刻な「心理的」影響を与えることになった。植民地世界で過ごした四半世紀、哲学(特に現象学と実存主義)への情熱、文学(特に詩)への強い傾 倒、民族学と植物学への強い関心。精神分析との知的な和解は、主観的(マンノーニはマダガスカルを去り、若い頃に出会った最初の妻と別れるつもりだっ た)、政治的(フランスの植民地帝国は必然的な衰退の道を歩んでいるように見えた)、道徳的(哲学からの距離)な危機の時期に、すでに進行していた。この とき、ラカンとの出会いと彼との分析の開始は、彼に翼を与えるかのような、真の主観的再生として作用した。1946年2月、マダガスカルに戻ったマンノー ニは、その間にPCFや地元のCGTと親しくなり、植民地の情報サービス局長に任命された。それは、実質的にグランド・イルの文化機関である『マダガスカ ル』誌の運営を意味した。その理由は定かではないが、この解雇によって、彼の目には長いマダガスカルでの括弧書きがきっぱりと閉じられ、同時に、「異人種 間心理学という曖昧で不正確な分野で進歩を遂げる」というプロジェクトの一環として、個人的、非個人的なバランスシートのようなものを作成するように促さ れた。Psychologie de la colonisation(植民地化の心理学)』はこのプロジェクトの成果であり、1946年から1947年の夏にかけて執筆された。

. 西海岸のマダガスカルの小農民による前代未聞の反乱「サガイの反乱」は、セネガル軍の介入によって軍が支配権を回復する前に植民地秩序を揺るがし、数万人 の死者を出した1。この大規模な蜂起は、都市の独立運動の結果ではなく、植民地体制にほとんど統合されていないサブ・インターンの社会集団から発生したも ので、マンノーニの分析に一役買うことになる: 植民地的状況」の把握に精神分析を適用するという前例のない試み、この試みによって彼は、一方的な支配関係ではなく、相互主観的な関係を意味した。

例えば、マンノニアンの視点の中心にある「植民地的状況」という構文にこだわって、これらの点を詳しく説明する必要があろう。この構文では、植民地的世界 は、ほとんど演劇的な意味での舞台として想定され、主人公たちはそれぞれ、ある役割を演じることになる、 しかし、このような役割分担はほとんど空想的なものであり、植民地支配が物質的にはうまくいっているように見えても、心理学的には植民地支配の状況をきわ めて不安定なものにしている「相互の誤解」に基づくものであるという事実を、多くの手がかりが、多くの症状とは言わないまでも、絶えず指摘している。

マンノーニが、フロイトの弟子であるアルフレッド・アドラーによって開発された「劣等コンプレックス」という分析カテゴリーを、被植民者を特定するために 使うのではなく、植民地支配者の無意識的な機能にどのように適用しているのか、詳しく検証する必要がある。それは、植民地国家からポストコロニアル国家へ の大規模な主権移譲を伴うものではなく、農村国家というガンジーの理想とは似ても似つかないモデルに従って、フォコンオロナ(村落共同体)の更新に基づ く、多重的で回折した移譲を構築しようとするものである。最後に、デカルトがホモ・コロニクスの哲学的理想としてロビンソン・クルーソーに加わる、本書の 最終章を考えてみよう。

しかし、そのような作業はこの短い序文の範囲を超えている。にもかかわらず、この序文は、『植民地化の心理学』を(再)読む3つの本質的な理由で結ばれて いる: 第一に、政治的な脱植民地化の地平を即座に超えているため、本書はポストコロニアル思想の分野で創始的な役割を果たしている。第二に、(ポスト)植民地状 態を批判的に把握するために初めて精神分析を動員しているため、植民地世界から生まれた最初のフロイト=マルクス主義的な声であるファノンの発言において 牽引的な役割を果たしている; 最後に、人類学、社会学、歴史学、哲学、精神分析学をまとめることで、ポストコロニアル批評思想がこれらすべての情報源を利用するようになった今日、より 理解しやすくなった広範な批評パラダイムの構築を先取りしている。


今こそ、オクターヴ・マンノーニの処女作をポストコロニアルの古典として復刊させるべき時である。2022年1月、パリにて
https://excerpts.numilog.com/books/9782021506938.pdf


Octave Mannoni, smoking his pipe at 80 years old.

Dominique-Octave Mannoni, né le 29 août 1899 à Lamotte-Beuvron et mort le 30 juillet 1989 à Boulogne-Billancourt1, est un ethnologue, philosophe et psychanalyste français.

Biographie

Né dans une famille d'origine corse, Octave Mannoni naît à Lamotte-Beuvron, où son père dirige la colonie pénitentiaire de Saint-Maurice2. Il fait ses études secondaires au lycée d’Orléans, puis est élève au lycée Lakanal. Il interrompt ses études quand il est mobilisé en 1918 durant la Première Guerre mondiale3. Il se marie une première fois et a deux filles. Il reprend des études de philosophie à l'université de Strasbourg après la guerre4 et obtient un diplôme d'études supérieures intitulé Mémoire sur l'intelligence et la raison dans le système de Plotin en 19235. Il est professeur au lycée d'Altkirch (1924), puis au lycée Schoelcher à la Martinique (1925-1928), où il est l'un des animateurs, avec Gilbert Gratiant et Raymond Burgard, de la revue Lucioles5 dont le premier numéro paraît en 1927. Il enseigne ensuite au lycée Leconte-de-Lisle de Saint-Denis de la Réunion (1928-1931). Il est bi-admissible à l'agrégation de philosophie3 et séjourne à Madagascar de 1931 à 1945, comme professeur de littérature et de philosophie au lycée Gallieni de Tananarive4. Il est ensuite fonctionnaire, directeur du service d'information de l'île et très brièvement responsable de la Revue de Madagascar3. Il prend position pour l'indépendance de Madagascar, ce qui lui vaut d'être démis de ses fonctions fin 1947, et il rentre à Paris en janvier 19486.

À Madagascar, il écrit de la poésie, mène des activités de botaniste et découvre des variétés de Kalanchoe5, et parcourt l'île avec le botaniste Pierre Boiteau3. Il réalise également des reportages photographiques3.

À Paris, il reprend une analyse avec Jacques Lacan commencée en 19466 et devient psychanalyste7. Il se remarie en 1948 avec Maud Mannoni, qui est analyste d'enfants8. Ils ont un fils3. À la suite de la dissolution de l'École freudienne de Paris, en 1980, il participe avec Maud Mannoni et Patrick Guyomard, à la création du Centre de formation et de recherches psychanalytiques (CFRP) en 19826.
ドミニク=オクターヴ・マンノニは、1899年8月29日にラモット= ブブロンで生まれ、1989年7月30日にブローニュ=ビヤンクールで没した1。

略歴

オクターヴ・マンノーニはコルシカ出身のラモット=ブブロンの家庭に生まれ、父はサン=モーリス流刑地を経営していた2。オルレアンのリセで中等教育を受 けた後、ラカナルのリセで学ぶ。第一次世界大戦中の1918年に徴兵され、学業を中断した3。彼は初めて結婚し、2人の娘をもうけた。戦後、ストラスブー ル大学4で哲学の勉強を再開し、19235年に『Mémoire sur l'intelligence et la raison dans le système de Plotin』というタイトルの大学院修了証書を取得した。アルトキルヒのリセ(1924年)で教鞭を執った後、マルティニークのリセ・ショエルシェ (1925-1928年)で教鞭を執り、ジルベール・グラティアンとレイモン・ブルガードとともに、1927年に創刊された雑誌『Lucioles』5を 創刊した。その後、サン・ドニ・ド・ラ・レユニオンのリセ・ルコント・ド・リスルで教鞭をとる(1928-1931年)。1931年から1945年までマ ダガスカルに滞在し、タナナリブのリセ・ガリエニで文学と哲学を教えた4。その後、公務員となり、マダガスカル島の情報サービスのディレクターを務め、ご く短期間だが『Revue de Madagascar』誌の編集長も務めた3。マダガスカルの独立を支持する立場をとったため、1947年末に解任され、19486年1月にパリに戻っ た。

マダガスカルでは詩を書き、植物学者として働いてカランコエの品種を発見し5、植物学者のピエール・ボワトー3とともに島を旅した。また、写真による報告 書も作成した3。

パリでは、1946年からジャック・ラカンのもとで分析を再開し7、精神分析医となった。1948年、児童分析家のモード・マンノーニと再婚した8。二人 の間には息子3が生まれた。1980年にパリ・フロイト派が解散した後、モード・マンノーニ、パトリック・ギョマールとともに1982年に精神分析セン ター(CFRP)の設立に参加した6。
Activités éditoriales

Dans son livre Prospero et Caliban. Psychologie de la colonisation écrit en 1948 et publié en 1950, il propose des réflexions sur deux héros shakespeariens, Caliban et Prospero, en lien avec la révolte de mars 1947 organisée par le Mouvement démocratique de la rénovation malgache9. Cet ouvrage est critiqué par Aimé Césaire dans Discours sur le colonialisme en 1950 et par Frantz Fanon qui publie Peau noire, masques blancs en 19523. Ceux-ci critiquent l'idée d'une « prédisposition » du colonisé à la soumission coloniale qui ferait pendant à « une prédisposition culturelle de l’Européen à la domination »3. Octave Mannoni revient sur ce livre, dans un article intitulé « The Decolonisation of Myself », publié dans la revue Race, en 1966, alors que les colonies françaises ont accédé à l'indépendance10.

Il collabore à la revue Esprit et aux Temps modernes, et contribue par une série d'articles intitulée « Ébauche d’une psychologie coloniale », en 1947-1948, à la revue Psyché de Maryse Choisy7.

En 1951, il publie « Lettres personnelles à monsieur le Directeur », sur son analyse avec Lacan. Il écrit en 1963 l'article « Je sais bien, mais quand même », réédité dans Clefs pour l'imaginaire, à l'occasion de son échec à la titularisation à la Société française de psychanalyse11. Cet article indique « précisément comment une croyance peut survivre au démenti de l'expérience »12. Son article « L'Analyse originelle » (1967) évoque Fliess comme analyste de Freud6. Il publie également un ouvrage sur Freud en 1968.
編集活動

著書『プロスペローとカリバン』(Prospero et Caliban. 1948年に執筆され、1950年に出版された『植民地化の心理学』(Psychologie de la colonisation)では、1947年3月にマルガッシュ改革運動(Mouvement démocratique de la rénovation malgache)9によって組織された反乱に関連して、シェイクスピアの2人の英雄、カリバンとプロスペロについて考察している。この作品は、1950 年にエメ・セゼールが『Discours sur le colonialisme(植民地主義についての論考)』で、また1952年にフランツ・ファノンが『Peau noire, masques blancs(黒い肌、黒い仮面)』を出版して批判した23。両者とも、植民地的服従に対する被植民者の「素質」という考え方を批判し、それは「支配に対 するヨーロッパ人の文化的素質」と対をなすものであった3。オクターヴ・マンノーニは、フランスの植民地が独立を達成した1966年に『人種』誌に掲載さ れた「自分自身の脱植民地化」と題する論文で、この本を再検討している10。

1947年から1948年にかけては、マリーズ・ショワジーが発行する雑誌『Psyché』に「植民地心理学(Ébauche d'une psychologie coloniale)」と題する一連の記事を寄稿している7。

1951年には、ラカンとの分析について書いた『Lettres personalnelles à monsieur le Directeur』を出版した。1963年、彼は『Clefs pour l'imaginaire』に再録された論文 「Je sais bien, mais quand même」(「私はよく知っているが、それでもなお」)を書き、フランス精神分析協会での任期を得ることができなかった11。この論文は、「信念が経験の 否定にいかに耐えうるか」を正確に示している12。彼の論文 「L'Analyse originelle」(1967)は、フロイトの分析者6としてフリエスに言及している。1968年にはフロイトに関する本も出版している。
Publications
Psychologie de la colonisation, Seuil, 1950, rééd. 2022 ; réédité sous le titre Prospero et Caliban, Éditions Universitaires, 1984, et Le racisme revisité, Denoël, 1997. (ISBN 2-207-24587-X)13.
Lettres personnelles à Monsieur le Directeur, Seuil, 1951, réédité sous le titre La machine, Tchou, 1977, puis Lettres personnelles, fiction lacanienne d'une analyse, Denoël, 1990. (ISBN 2-207-23686-2)
The Decolonization of Myself (1966)
Freud, Seuil, coll. « Écrivains de toujours », 1968 (ISBN 2-02-000082-2)
Clefs pour l'imaginaire ou l'Autre Scène, Seuil, 1969 (ISBN 2-02-008909-2)
Fictions freudiennes, Seuil, 1978. (ISBN 2-02-004811-6)
Un commencement qui n'en finit pas : Transfert, interprétation, théorie, Seuil, 1980 (ISBN 2020054361)
Ça n'empêche pas d'exister, Seuil, 1982 (ISBN 2020062739)
Un si vif étonnement, Seuil, 1988. (ISBN 2-02-010251-X)

出版物
Psychologie de la colonisation, Seuil, 1950, republished 2022; Prospero et Caliban, Éditions Universitaires, 1984, Le racisme revisité, Denoël, 1997 (ISBN 2-207-24587-X)13.
Lettres personnelles à Monsieur le Directeur, Seuil, 1951, 再出版:La machine, Tchou, 1977, その後、Lettres personnelles, fiction lacanienne d'une analyse, Denoël, 1990 (ISBN 2-207-23686-2).
私自身の脱植民地化』(1966年)
Freud, Seuil, Écrivains de toujours シリーズ, 1968 (ISBN 2-02-000082-2)
Crefs pour l'imaginaire ou l'Autre Scène, Seuil, 1969 (ISBN 2-02-008909-2)
フィクション・フロディエンヌ, Seuil, 1978. (ISBN 2-02-004811-6)
Un commencement qui n'en finit pas : Transfert, interprétation, théorie, Seuil, 1980 (ISBN 2020054361).
『薔薇のない世界』、Seuil、1982年(ISBN 2020062739)
Un si vif étonnement, Seuil, 1988 (ISBN 2-02-010251-X)
https://ci.nii.ac.jp/author/DA01385716
https://fr.wikipedia.org/wiki/Octave_Mannoni

In his now classic volume Prospero and Caliban, Octave Mannoni gives his firsthand account of a 1948 revolt in Madagascar that led to one of the bloodiest episodes of colonial repression on the African continent. It is in Prospero and Caliban that Mannoni constructs the notion of the "dependency complex," for which his book has since been remembered and widely discussed in both psychoanalytical and anthropological writing. Prospero and Caliban was one of the first books to challenge traditional approaches to the study of native American societies by Western colonizers and anthropologists; and Mannoni is recognized today for his close association with and influence on the French psychoanalyst Lacan. Noted anthropologist Maurice Bloch has written a powerful and critical new foreword to the English translation, which allows the reader to view Mannoni's unique work in its historical and intellectual context.
オクターヴ・マノンは、現在では古典となった著書『プロスペローとカリ バン』で、1948年にマダガスカルで起きた反乱について、アフリカ大陸における植民地支配の最も血なまぐさいエピソードのひとつとなった事件について、 直接的な証言を残している。マノンは『プロスペローとカリバン』で「依存複合」という概念を構築し、それ以来、この著書は精神分析や人類学の分野で広く議 論され、記憶されている。『プロスペローとカリバン』は、西洋の植民地主義者や人類学者によるアメリカ先住民社会研究の伝統的なアプローチに異議を唱えた 最初の書籍のひとつであり、マンノーニは、フランスの精神分析家ラカンとの密接な関係と彼への影響により、今日では広く知られている。著名な人類学者モー リス・ブロックは、英語版の序文に力強く批判的な文章を書き下ろし、マンノーニのユニークな作品を歴史的・知的文脈の中で読者が理解できるようにしてい る。
https://ci.nii.ac.jp/ncid/BA12613805


【池田光穂コメント】

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マンノーニ(マノーニ)の植民地心理学 は、彼のそのリベラルな態度とは裏腹に、コロニアリズム・イデオロギーの変形と してしばしばその標的 となる(例:フランツ・ファノン

マノーニ批判は、エメ・セゼール 『植民地主義論』(1955; 1997:153-157)も、参照。

・アングロ=サクソン系人類学者による “植民地における精神病理学的調査”

彼らの関心は、植民地状況における「不適 応」に関心があった。「R・ファースは西アフリカの英語圏の研究計画を立てた時、神経症と精神病の 研究枠をもうけた。彼は、工場に送り込まれる農民に作用する精神的な動揺や海岸の町に住む子供に起こるヒステリーその他の精神現象に言及して、その必要を 認めさせた」(バランディエ,1983:55)

 文化変容に対する植民地の人たちの「再 適応」(再順応)については、A.Irving Hallowell, Sociological aspects of acculturation, in "The Science of Man in the World Crisis, Ralph Linton ed., Columbia University Press,1945.参照

・人類学者のポジション

脱植民地化(→従属から自立・自己決定) のプロセスのなかで、「伝統的な社会と文化の「説明」を独占する だけの人類学は、原住民の初めての 反対者(現地の植民地解放論者 ——引用者)と対決せざるをえなくなる」(バランディエ 1983:56)。

「「古典的」人類学者によってつくられた 社会学のイメージと、活動家(例えばF・ファノン——引用者)が描くイメージの間にある亀裂を示し ている。」バランディエはこの状況に対して、「伝統的な社会をよりダイナミックに、またその社会に影響を及ぼす局面をさらに考慮に入れつつ分析を」行うこ との重要性を述べている。(バランディエ,1983:57)

★フランツ・ファノンによるマノーニ批判

「『黒 い肌、白い仮面』の第4 章は「被植民者のいわゆる依存コンプレックス」と題されている: 植民地化の心理学』である。マンノニ(マノーニ)は、植民地化されたマラガ人は劣等コンプレックスに苦しみ、それがさらに依存コンプレックスにつながると いう説を展開している。ファノンは、この劣等コンプレックスが植民地化された人々に生まれつき備わっているという含意を批判し、人間の態度の影響を主張す る。彼はこのコンプレックスを植民地での相互作用の影響と見ている: 「被植民者の劣等感は、ヨーロッパ人の優越感と相関している。劣等感を作り出しているのは人種差別主義者なのだ」と書いている。マンノーニはさらに、マラ ガ人の主体性や自立のための行動を選択する能力を考慮していないと批判している。」(→フラン ツ・オマー・ファノン

《用語解説》——脱植民地化とは?

  • Decolonization, by Wikipedia
  • "Decolonization (US) or decolonisation (UK) is the undoing of colonialism, where a nation establishes and maintains its domination over dependent territories. The Oxford English Dictionary defines decolonization as "the withdrawal from its colonies of a colonial power; the acquisition of political or economic independence by such colonies."[1] The term refers particularly to the dismantlement, in the years after World War II, of the colonial empires established prior to World War I throughout the world. However, decolonization not only refers to the complete "removal of the domination of non-indigenous forces" within the geographical space and different institutions of the colonized, but it also refers to the "decolonizing of the mind" from the colonizer's ideas that made the colonized seem inferior.[2]"

  • 1. "Inquiring Minds: Studying Decolonization." The Library of Congress Blog. July 29, 2013. Retrieved 2014-08-01.
  • 2. Hack, Karl (2008). International Encyclopedia of the Social Sciences. Detroit: Macmillan Reference USA. pp. 255–257.
  • リンク

  • 仲松弥秀の「愛と信頼の村落」はどこにいったのか?▶︎▶︎︎▶︎▶︎︎▶︎▶︎︎▶︎▶︎︎▶︎▶︎
  • 【文献】

    「植民地「状況」なる概念」(第一章), G・バランディエ『黒アフリカ社会の研究』(井上兼行訳)紀伊國屋書店,pp.21- 62,1983(原著1963)

  • ■ 理人類学
  • ■ 帝国と医療
  • ■ 行動科学の歴史
  • Octave Mannoni 文献リスト(→外字がうまく表示されない場合はこちらへ

  • Psychologie de la colonisation, Seuil, 1950, réédité sous le titre Prospero et Caliban, Éditions Universitaires, 1984, et Le racisme revisité, Denoël, 1997. ISBN 2-207-24587-X
  • Lettres personnelles à Monsieur le Directeur, Seuil, 1951, réédité sous le titre La machine, Tchou, 1977, puis Lettres personnelles, fiction lacanienne d'une analyse, Denoël, 1990. ISBN 2-207-23686-2
  • Freud dans la collection Écrivains de toujours, Seuil, 1968. ISBN 2-02-000082-2
  • Clefs pour l'imaginaire ou l'Autre Scène, Seuil, 1969. ISBN 2-02-008909-2
  • Fictions freudiennes, Seuil, 1978. ISBN 2-02-004811-6
  • Un commencement qui n'en finit pas, 1980

  • Copyleft, CC, Mitzub'ixi Quq Chi'j, 1996-2099