か ならず読んでください

我が友、シーシュポスへの頌歌

Anthem for my fellow Sisyphus!

池田光穂

我が同胞、シジフォスへの頌歌


(α)クソッタレ!と岩をせっせと押し上 げるシジフォスに美学を感じる人と、

(β)とぼとぼと麓(ふもと)まで歩いて 降りる間に思索できる愉しみを得たシジフォスに深い共感を抱く人と、

(γ)麓にたどりついた時やれやれという この虚無感がいいという人もいる。


そして、シジフォスの生き様を「恐怖」と 感じる人以外の、これらの3つの彼の生き様の諸相に興味をもつ人たちは、その共通事項として、すべてシジフォスが愛すべき存在として知っているはずなの だ。


テ クスト

Le mythe de Sisyphe. Essai sur l’absurde. (1942)

Les dieux avaient condamné Sisyphe à rouler sans cesse un rocher jusqu'au sommet d'une montagne d'où la pierre retombait par son pro-pre poids. Ils avaient pensé avec quelque raison qu'il n'est pas de puni-tion plus terrible que le travail inutile et sans espoir.

Si l'on en croit Homère, Sisyphe était le plus sage et le plus pru-dent des mortels. Selon une autre tradition cependant, il inclinait au métier de brigand. Je n'y vois pas de contradiction. Les opinions dif-fèrent sur les motifs qui lui valurent d'être le travailleur inutile des enfers. On lui reproche d'abord quelque légèreté avec les dieux. Il livra leurs secrets. Egine, fille d'Asope, fut enlevée par Jupiter. Le père s'étonna de cette disparition et s'en plaignit à Sisyphe. Lui, qui avait connaissance de l'enlèvement, offrit à Asope de l'en instruire, à la condition qu'il donnerait de l'eau à la citadelle de Corinthe. Aux foudres célestes, il préféra la bénédiction de [164] l'eau. Il en fut pu-ni dans les enfers. Homère nous raconte aussi que Sisyphe avait en-chainé la Mort. Pluton ne put supporter le spectacle de son empire dé-sert et silencieux. Il dépêcha le dieu de la guerre qui délivra la Mort des mains de son vainqueur.

On dit encore que Sisyphe étant près de mourir voulut imprudem-ment éprouver l'amour de sa femme. Il lui ordonna de jeter son corps sans sépulture au milieu de la place publique. Sisyphe se retrouva dans les enfers. Et là, irrité d'une obéissance si contraire à l'amour humain, il obtint de Pluton la permission de retourner sur la terre pour châtier sa femme. Mais quand il eut de nouveau revu le visage de ce monde, goûté l'eau et le soleil, les pierres chaudes et la mer, il ne voulut plus retourner dans l'ombre infernale. Les rappels, les colères et les aver-tissements n'y firent rien. Bien des années encore, il vécut devant la courbe du golfe, la mer éclatante et les sourires de la terre. Il fallut un arrêt des dieux. Mercure vint saisir l'audacieux au collet et l'ôtant à ses joies, le ramena de force aux enfers où son rocher était tout prêt.

On a compris déjà que Sisyphe est le héros absurde. Il l'est autant par ses passions que par son tourment. Son mépris des dieux, sa haine de la mort et sa passion pour la vie, lui ont valu ce supplice indicible où tout l'être s'emploie à ne rien achever. C'est le prix qu'il faut payer pour les passions de cette terre. On ne nous dit [165] rien sur Sisyphe aux enfers. Les mythes sont faits pour que l'imagination les anime. Pour celui-ci on voit seulement tout l'effort d'un corps tendu pour soulever l'énorme pierre, la rouler et l'aider à gravir une pente cent fois recommencée ; on voit le visage crispé, la joue collée contre la pierre, le secours d'une épaule qui reçoit la masse couverte de glaise, d'un pied qui la cale, la reprise à bout de bras, la sûreté tout humaine de deux mains pleines de terre. Tout au bout de ce long effort mesuré par l'espace sans ciel et le temps sans profondeur, le but est atteint. Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d'où il faudra la remonter vers les sommets. Il redes-cend dans la plaine.

C'est pendant ce retour, cette pause, que Sisyphe m'intéresse. Un visage qui peine si près des pierres est déjà pierre lui-même ! Je vois cet homme redescendre d'un pas lourd mais égal vers le tourment dont il ne connaîtra pas la fin. Cette heure qui est comme une respiration et qui revient aussi sûrement que son malheur, cette heure est celle de la conscience. À chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s'en-fonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son des-tin. Il est plus fort que son rocher.

Si ce mythe est tragique, c'est que son héros est conscient. Où se-rait en effet sa peine, si à chaque pas l'espoir de réussir le soutenait ? [166] L'ouvrier d'aujourd'hui travaille, tous les jours de sa vie, aux mêmes tâches et ce destin n'est pas moins absurde. Mais il n'est tra-gique qu'aux rares moments où il devient conscient. Sisyphe, prolétai-re des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l'étendue de sa mi-sérable condition : c'est à elle qu'il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n'est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris.

Si la descente ainsi se fait certains jours dans la douleur, elle peut se faire aussi dans la joie. Ce mot n'est pas de trop. J'imagine encore Sisyphe revenant vers son rocher, et la douleur était au début. Quand les images de la terre tiennent trop fort au souvenir, quand l'appel du bonheur se fait trop pressant, il arrive que la tristesse se lève au coeur de l'homme : c'est la victoire du rocher, c'est le rocher lui-même. L'immense détresse est trop lourde à porter. Ce sont nos nuits de Gethsémani. Mais les vérités écrasantes périssent d'être re-connues. Ainsi, Oedipe obéit d'abord au destin sans le savoir. A partir du moment où il sait, sa tragédie commence. Mais dans le même ins-tant, aveugle et désespéré, il reconnaît que le seul lien qui le rattache au monde, c'est la main fraîche d'une jeune fille. Une parole démesu-rée retentit alors : « Malgré [167] tant d'épreuves, mon âge avancé et la grandeur de mon âme me font juger que tout est bien. » L'Oedipe de Sophocle, comme le Kirilov de Dostoïevsky, donne ainsi la formule de la victoire absurde. La sagesse antique rejoint l'héroïsme moderne.

On ne découvre pas l'absurde sans être tenté, d'écrire quelque ma-nuel du bonheur.. « Eh ! quoi, par des voies si étroites... ? » Mais il n'y a qu'un monde. Le bonheur et l'absurde sont deux fils de la même ter-re. Ils sont inséparables. L'erreur serait de dire que le bonheur naît forcément de la découverte absurde. Il arrive aussi bien que le senti-ment de l'absurde naisse du bonheur. « Je juge que tout est bien », dit Oedipe, et cette parole est sacrée. Elle retentit dans l'univers fa-rouche et limité de l'homme. Elle enseigne que tout n'est pas, n'a pas été épuisé. Elle chasse de ce monde un dieu qui y était entré avec l'in-satisfaction et le goût des douleurs inutiles. Elle fait du destin une affaire d'homme, qui doit être réglée entre les hommes.

Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appar-tient. Son rocher est sa chose. De même, l'homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles. Dans l'univers soudain rendu à son silence, les mille petites voix émerveillées de la terre s'élèvent. Appels inconscients et secrets, invitations de tous les visages, ils sont l'envers nécessaire et le prix de la victoire. Il n'y a pas de soleil sans ombre, [168] et il faut connaître la nuit. L'homme absurde dit oui et son effort n'aura plus de cesse. S'il y a un destin personnel, il n'y a point de destinée supérieure ou du moins il n'en est qu'une dont il juge qu'elle est fatale et méprisable. Pour le reste, il se sait le maître de ses jours. À cet instant subtil où l'homme se retour-ne sur sa vie, Sisyphe, revenant vers son rocher, contemple cette suite d'actions sans lien qui devient son destin, créé par lui, uni sous le re-gard de sa mémoire, et bientôt scellé par sa mort. Ainsi, persuadé de l'origine tout humaine de tout ce qui est humain, aveugle qui désire voir et qui sait que la nuit n'a pas de fin, il est toujours en marche. Le rocher roule encore.

Je laisse Sisyphe au bas de, la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni futile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les som-mets suffit à remplir un coeur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heu-reux.
シジフォスの神話 不条理についてのエッセイ(1942年)

神々はシジフォスに、山の頂上まで延々と玉石を転がし続け、そこから自重で石が落ちるように宣告した。神々は、無意味で絶望的な仕事ほど恐ろしい罰はない と考えたのだ。

ホメロスによれば、シジフォスは人間の中で最も賢く、思慮深かった。しかし、別の伝承によれば、彼は強盗になる傾向があった。私はここに矛盾はないと思 う。なぜ彼が冥界の役立たずとなったかについては、意見が分かれるところである。まず第一に、彼は神々に対して軽率な振る舞いをしたと非難された。彼は神 々の秘密を漏らした。イソップの娘エギナはユピテルに誘拐された。父親は彼女の失踪に驚き、シジフォスに訴えた。誘拐のことを知っていたシジフォスは、コ リントの城塞に水を与えることを条件に、イソップにそのことを話すと申し出た。シジフォスは天の雷の代わりに、水の祝福 [164] を好んだ。彼は冥界で気絶させられた。ホメロスはまた、シジフォスが死を鎖でつないだとも語っている。冥王星は、荒れ果て沈黙した自分の帝国を見るに忍び なかった。彼は戦いの神を派遣し、征服者の手から死を救い出した。

また、シジフォスが死を目前にしたとき、無謀にも妻の愛を試そうとしたとも言われている。そして、埋葬されていない自分の死体を広場の真ん中に投げ捨てる よう妻に命じた。シジフォスは気がつくと冥界にいた。そしてそこで、人間の愛にあまりにも反する服従に怒り、妻を罰するために地上に戻る許可を冥王星から 得た。しかし、いったんこの世の顔を再び見て、水と太陽、暖かい石と海を味わうと、彼はもはや地獄の影に戻ろうとはしなかった。督促や癇癪や警告は何の役 にも立たなかった。それから何年もの間、彼は湾のカーブ、明るい海、土地の笑顔とともに暮らした。神々は彼を止めなければならなかった。マーキュリーが やってきて、この大胆な男の襟首をつかみ、喜びから遠ざけ、岩が用意されている冥界に強制的に連れ戻した。

シジフォスが不条理な英雄であることはすでに理解した。彼は苦悩と同様に情熱においても不条理である。神々を軽蔑し、死を憎み、生に情熱を燃やしたがゆえ に、言いようのない苦悩を味わうことになった。これが、この世の情熱の代償なのだ。冥界のシジフォスについては何も語られていない。神話は想像力を喚起す るために作られる。緊張した顔、石に押しつけられた頬、粘土で覆われた塊を受け止める肩の力、石にくさびを打ち込む足の力、腕の長さでの再開、両手いっぱ いの土の人間的な安心感。空のない空間と深さのない時間で測られるこの長い努力の果てに、ゴールに到達する。そしてシジフォスは、石が下界のほうへあっと いう間に転がり落ちるのを見届ける。彼は平原に戻る。

シジフォスが私に興味を抱かせるのは、この帰還の間、この休止の間である。石のすぐそばでもがく顔は、すでに石そのものだ!私には、この男が決して終わる ことのない苦悩へと下っていくのが見える。呼吸のように、不幸と同じように確実に戻ってくるこの時間、この時間こそが良心の時間なのだ。山頂を離れ、神々 の隠れ家に向かって徐々に沈んでいくこの瞬間、彼はそのデスチンよりも優れている。彼は岩よりも強い。

この神話が悲劇的であるとすれば、それは主人公に意識があるからである。成功への希望が彼を一歩一歩支えていたとしたら、彼の苦しみに何の意味があろう か。[166] 現代の労働者は毎日同じ仕事に従事しており、その運命もまた不条理である。しかし、それが悲劇的であるのは、それが意識化されるまれな瞬間だけである。神 々のプロレタリアであり、無力で反抗的なシジフォスは、自分の半 惨めな境遇の全容を知っている。彼の苦悩となるはずだった千里眼は、彼の勝利を完成させる。軽蔑に打ち勝たない運命などない。

下降が時に苦痛であるなら、それは喜びでもある。この言葉は強すぎない。私はシジフォスが岩に戻る姿を今でも想像することができる。大地のイメージがあま りにも強く記憶に残るとき、幸福の呼び声があまりにも強くなるとき、人の心には時に悲しみが湧き上がる。それは岩の勝利であり、岩そのものなのだ。これが 私たちのゲッセマネの夜である。しかし、砕け散るような真実は、再認識されたときに消え去る。だからオイディプスはまず、それを知らずに運命に従う。それ を知った瞬間から、彼の悲劇は始まる。しかし同時に、盲目で絶望的なオイディプスは、自分と世界を結びつけているのは少女のみずみずしい手だけだと気づ く。そして彼は、「[167]これほど多くの苦難にもかかわらず、私の高齢と魂の偉大さが、すべてがうまくいっていると信じさせてくれる」と、とんでもな いことを言うのである。ソフォクレスの『オイディプス』は、ドストエフスキーの『キリロフ』のように、こうして不条理な勝利の方程式を示す。古代の知恵と 現代のヒロイズムの出会い。

不条理を発見するには、幸福のマニュアルを書きたくなるものだ。「こんな狭い道を通って?しかし、世界はひとつしかない。幸福と不条理は同じ糸で結ばれて いる。切り離すことはできない。幸福は不条理を発見することによって必然的に生まれるというのは間違いだ。幸福は不条理を感じることによっても生まれる。 「オイディプスは言う。この言葉は人間の限られた空虚な宇宙に響く。この言葉は、人間の限られた空虚な宇宙に響き渡る。満足せず、無意味な苦痛を味わいな がらこの世に入り込んだ神をこの世から追い出す。運命は人間同士の問題であり、人間同士で決着をつけるべきものなのだ。

これがシジフォスの静かな喜びである。彼の運命は彼のものである。彼の岩は彼のものなのだ。同じように、不条理な人間は、自分の苦悩を考えるとき、すべて の偶像を沈黙させる。突如として静まり返った宇宙では、大地からの千の小さな驚嘆の声が立ち上がる。無意識のうちに密かに呼びかける声、あらゆる顔からの 誘い、それらは必要な裏返しであり、勝利の代償である。影のない太陽はなく [168] 、夜を知らなければならない。不条理な人間はイエスと言い、その努力は決して止むことはない。個人的な運命があるとすれば、それ以上の運命は存在しない か、少なくとも彼が致命的で卑劣だと考えるものしか存在しない。それ以外は、自分が自分の日々の主人であることを知っている。人間が自分の人生を振り返る その微妙な瞬間に、岩に戻ったシジフォスは、自分の運命となる一連のつながりのない行為を熟考する。こうして、人間的なものの起源はすべて人間的なもので あることを確信した盲人は、見ることを望み、夜に終わりがないことを知りながら、なおも行進を続ける。岩は転がり続けている。

私はシジフォスを山の麓に置き去りにする!あなたはいつも自分の重荷を見つける。しかし、シジフォスは神々を否定し、岩を持ち上げるより高い忠誠を教え る。彼もまた、すべてはうまくいくと信じている。今や主を失ったこの宇宙は、彼にとって不毛でも無益でもない。この石の一粒一粒が、この夜に満ちた山の鉱 物の一片一片が、それだけで世界を形成している。頂上を目指す闘いそのものが、人の心を満たすのに十分なのだ。シジフォスの幸せを想像しなければならな い。



リ ンク

文 献

その他の情報

Sisyphus. 1660-65. Antonio Zanchi. Italian 1631-1722. oil /canvas.

Copyleft, CC, Mitzub'ixi Quq Chi'j, 1996-2099